jeudi 14 décembre 2017

Clifford D. Simak - Goblin Reservation

Il a de nombreux Post en arrière, j'avais mis cette image dans une série d'illustrations qui je trouvais reflétaient bien l'ambiance dont on aimerai se rapprocher dans notre univers de jeu.




Je suis tombé sur un article me faisant découvrir qu'il s'agit de l'illustration d'un Roman de l’écrivain américain Clifford Donald Simak :


La Réserve des lutins




Le livre est un mélange de science-fiction et de fantaisie, avec un fantôme, des léprechauns, des trolls, des banshees, un dragon, un tigre sabertooth cybernétique, un néandertalien, Shakespeare, des extraterrestres, des voyages dans le temps et des choses étranges. Il a été nominé pour un Hugo Award en 1969.

L’univers de ce livre est loin de s’arrêter à du fantastique, comme pourrait le faire croire son titre. Au contraire, il fait fi des règles de genres pour créer son propre cocktail : la science-fiction fantastique.

Nous embarquons donc ici aux côtés de Maxwell, professeur à l’Université, spécialisé dans le Surnaturel et pour être plus précis dans les Petits-Hommes. Maxwell nous revient d’un voyage intergalactique à la recherche de traces de dragons sur une planète lointaine. Et son retour est loin d’être attendu. Va débuter une enquête digne d’un petit polar sympathique avec les amis du héros : Oop, un homme préhistorique ramené du passé par le Temps, branche universitaire étudiant le passé et rapportant des objets et personnalités de notre histoire (comme par exemple Shakespeare, si si je vous jure !); Fantôme, un… fantôme; et une charmante jeune femme accompagnée d’un fauve robotique. Et c’est cette bande de joyeux lurons qui va mener l’enquête et découvrir pourquoi le retour de Maxwell sur notre bonne vieille planète terre et si surprenant et inattendu !

Ce simple résumé doit vous faire froncer les sourcils et peut-être même vous faire dresser les cheveux sur la tête. Parce que qui aurait cru lire un jour un bouquin où l’on rencontre des fées, des lutins, des fantômes et des voyages dans l’espace ? Surtout deux styles aussi fournis que la SF et le fantastique, la littérature est un art très codifié, et il est rare de voir plusieurs genres aussi riches se mélanger dans un même roman. Imaginez les pauvres libraires ! Sur quelle étagère ranger Simak ? SF ou bien Fantastique, aux côtés d’Asimov ou bien de Tolkien ?

Mais pourquoi ne pas mélanger ? Pourquoi ne voit-on pas des bouquins transgresser davantage ces codes et mixer des univers tout à fait différents dans une même histoire ? Parce que c’est, un exercice très difficile. En prenant l’exemple de La Réserve des Lutins, il faut savoir maîtriser à la perfection la structure de son roman, faire s’emboiter les deux univers sans que l’un prenne le dessus sur l’autre, et il faut garder une cohérence entre les deux. Parce que le danger principal, c’est de perdre son lecteur. Imaginez un livre qui mélangerait Star-Wars et le Seigneur des Anneaux. Les deux univers sont beaucoup, beaucoup trop riches et complexes pour qu’un auteur, aussi doué soit-il, puisse faire comprendre au lecteur son histoire. Il faut donc de la méthode et avoir passé son enfance à jouer aux lego pour réussir cette synthèse.

Évidemment, le roman de Simak ne va pas aussi loin que l’univers de Dune par exemple, il est beaucoup moins complexe, mais malgré tout il reste intéressant, surprenant et riche. En fait, on se rend assez vite compte que rien est laissé au hasard. La présence de chaque créature, aussi farfelue soit-elle, est justifiée sans pour autant nous noyer sous des lignes et des lignes d’explications.

Autre particularité de La Réserve des Lutins, c’est le ton du livre. Il commence avec une certaine légèreté, on se retrouve au milieu d’une histoire sympathique, originale, entre extraterrestres et lutins. Mais au fur et à mesure de sa progression, la narration aborde des thématiques sérieuses, philosophiques, comme par exemple l’origine de l’Homme, sa place sur Terre et les ravages qu’il a causé aux autres espèces vivantes. Et cette transition, d’un petit pub aux allures british, à une discussion avec un lutin fort âgé dans les profondeur d’une forêt est loin d’être abrupte. Au contraire, elle se fait dans la finesse.

En fait, ce qui ressort de ce livre, c’est la maîtrise presque parfaite qu’à l’auteur de son histoire. Mélanger deux thèmes aussi importants que la SF et le Fantastique ce n’est pas donné à tout le monde, ou plutôt tout le monde ne peut pas le faire aussi bien.

Enfin, ce qui est plaisant c’est de se rendre compte que l’auteur s’amuse. Ramener Shakespeare du passé pour lui faire faire une conférence, c’est à mon avis un petit plaisir personnel. Qui ne rêverait pas d’écouter parler Victor par exemple ? Le plaisir qu’a pris l’auteur à écrire son roman, à faire se rencontrer des lutins et des extraterrestres, combiner deux mondes et les faire interagir en harmonie, et finalement se dire : Why not ?

Si vous souhaitez découvrir un univers étrange et pourtant connu (pour les amateurs de SF et Fantasy). Si les bizarreries ne vous rebutent pas et que vous avez toujours rêvé de voir des trolls s’en prendre à un vaisseau spatial, n’hésitez pas un instant et allez rechercher sur les étagères de votre librairie Clifford D. Simak ! De la Fantasy, de la SF, de l'humour, le genre de cocktail qu'on aime bien de part chez nous.

Ci-dessous différentes couvertures de différentes éditions avec cette touche Sci-Fi particulière des années 60, 70 voire 80 que j'affectionne. Bien plus inspirantes que la couverture de l'édition française visible plus haut...








L’écrivain américain Clifford Donald Simak est né en 1904 dans le Wisconsin, à Milville, et est mort en 1988 à Minneapolis. Après de brèves études à l’université du Wisconsin et avoir enseigné pendant trois ans, il se tourne vers le journalisme. Il travaille alors pour plusieurs journaux du Middle West puis entre en 1940 au Minneapolis Star où il fera l’essentiel de sa carrière comme rédacteur en chef et en tenant une chronique scientifique, et ce jusqu’en 1977.




Même si sa première nouvelle est publiée en 1931 dans le pulp Wonder Stories, sa carrière en science-fiction démarre véritablement quand il publie en 1944 dans Astounding Science-Fiction, que dirige John W. Campbell, une nouvelle, City, la première d’une série qui deviendra Demain les chiens (1952), considéré comme son chef-d’oeuvre et pour lequel il reçut l’International Fantasy Award. Ce fils d’un ouvrier agricole d’origine tchèque et d’une fille de fermier, lui qui a passé sa jeunesse à la campagne exprime dans ses écrits son goût des valeurs simples et rustiques d’un passé révolu - “Je pense souvent que bien que mon enfance se soit déroulée durant les deux premières décennies du siècle, je vivais en fait dans une espèce de prolongement de l’époque des pionniers”-, son intérêt pour l’humanisme et l’Autre quel qu’il soit ne dément pas au fil de ses oeuvres. On notera la phrase de Demètre Ioakimidis à ce sujet : “Le message qu’il nous adresse, à travers ses récits, est un réquisitoire contre l’égocentrisme et l’anthropocentrisme sous toutes leurs formes”. On retiendra aussi parmi ses écrits Dans le torrent des siècles (Time and again, 1951) et l’autre œuvre maîtresse de l’auteur, Au carrefour des étoiles (parue en 1963 à l’origine dans le magazine Galaxy SF où publie désormais Simak et alors intitulée Here Gather the Stars, puis en librairie sous le titre Way Station) pour lequel il reçut le prix Hugo en 1964. Bien moins connu que pour sa participation à la science-fiction, l’auteur nous laisse quelques oeuvres de fantasy intéressantes desquelles émergent La Réserve des Lutins (The Goblin Reservation, 1968), Le Pèlerinage Enchanté (The Enchanted Pilgrimage, 1975) et La Confrérie du Talisman (The Fellowship of the Talisman, 1978).

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