jeudi 31 janvier 2019

Concept drawings by Ray Harryhausen

Concept drawings by Ray Harryhausen for THE SEVENTH VOYAGE OF SINBAD (1958) , CLASH OF THE TITANS (1981), the unrealized WAR OF THE WORLDS (1949), and more from the SINBAD trilogy.









Spécialiste américain des effets spéciaux, Ray Harryhausen fut l’un des premiers à tourner des séquences image par image. La technique qu’il mit au point, baptisée Dynamation par la suite, donnait l’impression que les acteurs interagissaient avec des maquettes animées (souvent de taille réduite) : elle apporta un réalisme sans précédent à des films tels que Jason and the Argonauts (1963, Jason et les Argonautes) de Don Chaffey et Clash of the Titans (1981, Le Choc des Titans) de Desmond Davis, récompensé à de nombreuses reprises.




La technique consiste à intégrer des objets animés image par image (comme une figurine articulée) dans des prises de vue réelles ; elle relève ainsi du domaine de l’animation dit de la stop-motion. Pour ce faire, les éléments insérés sont filmés sur une projection dont une partie du cadre est masquée. Cette partie tronquée fait l’objet d’un ajout ultérieur en premier plan, ce qui permet de réaliser une séquence filmée avec un cadre complet. La particularité du procédé de dynamation réside en ce qu’il nécessite l’emploi de multiples plans de caméras, et de projecteurs adaptés au cadre et à l’objet de l’animation. Si cette technique peut aujourd’hui prêter à sourire par son aspect artisanal et bricoleur, elle n’en représente pas moins une avancée décisive pour l’histoire du cinéma. Quand bien même le trucage par occultation partielle du cadre était déjà connu du temps de Méliès (1861-1938), quand bien même la stop-motion était déjà présente sur des métrages anciens comme King Kong (1933) ou le Monde Perdu (1925), il convient de prendre la mesure du perfectionnement auquel les poussa Harryhausen. Celui-ci mit en scène des créatures d’une complexité d’animation effroyable, voire de nombreuses créatures au sein d’un même plan fixe, ce qui relevait alors de la virtuosité. Et ce n’est pas tout ! Non content de réaliser ces pléthores de prodiges plastiques, l’ambitieux démiurge voulut les faire interagir avec des acteurs ! Compte tenu des contraintes inhérentes au procédé évoqué ci-dessus, on devine les trésors de patience et d’ingéniosité dont firent preuve les équipes techniques et les acteurs lors des tournages. En effet, des séquences d’anthologie, comme celles de l’hydre ou de l’armée des squelettes dans Jason et les Argonautes (1963) exigèrent des chorégraphies millimétrées, confinant par leur performance à la perfection robotique de la part des comédiens et des cascadeurs.




Imaginez le sentiment de magie et d’immersion, l’engouement que suscitèrent ces séquences d’une nature inouïe auprès du public de l’époque ; séquences vouées à devenir iconiques. Ce sentiment fut renforcé progressivement par l’emploi de la couleur (avec le Septième Voyage de Sinbad en 1958, premier exemple de dynamation colorisée), la sélection de cadres naturels grandioses (comme la péninsule ibérique, plus accessible lorsque les associés déménagent à Londres dans les années 1950), ainsi que la prestigieuse collaboration de Bernard Hermann, compositeur fétiche d’Alfred Hitchcock. On comprend alors le succès de ces œuvres sur le moment, mais aussi leur portée mémorielle. De surcroît, Harryhausen, non content de chapeauter tous les aspects de la conception, des dessins du storyboard à l’articulation image par image, se diversifia également par les univers qu’il aborda. Du film de monstre classique (Le Monstre Vient de la Mer, 1955) au conte enfantin (Les Voyages de Gulliver, 1960) en passant par la science-fiction (Les Premiers Hommes dans la Lune, 1964) et de manière fondatrice, la fantasy (Le Voyage Fantastique de Sinbad, 1974), il sut faire feu de tout bois. Aussi, alors que l’omniprésente et omnipotente CGI a pu contribuer à un certain désenchantement vis-à-vis du domaine de l’imaginaire, aujourd’hui largement influencé par le cinéma d’action, il peut s’avérer agréable de se ressourcer auprès d’œuvres pionnières en la matière, plus contemplatives et immersives.



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