samedi 14 septembre 2019

Créatures et Monstres du monde, légendes d'autres cultures - 12 - Kurokamikiri ou Kamikiri

Dans le folklore japonais, Kurokamikiri (黒髪切) ou simplement Kamikiri (髪切) est un yōkai taquin qui a une obsession pour les cheveux de couleur noire. Il se présente sous la forme d'une grosse boule de poils vaguement humanoïde.

Kurokamikiri n'est pas un yōkai très méchant et cela se ressent dans son apparence plutôt inoffensive. Légèrement plus grand qu'un humain de taille normale, il est doté d'un pelage de poils noirs denses et drus répartis sur tout le corps. Il est de forme plutôt humanoïde : assez imposant, il possède deux jambes et deux bras et malgré sa carrure, il est très agile de ses mouvements. Lorsqu'il se glisse derrière ses « victimes » pour couper leurs cheveux, son apparence sombre lui permet de se tapir dans l'ombre afin de ne pas être remarqué. Sa tête est toute ronde et très simple : elle se compose de deux petits yeux grand ouverts et d'une bouche béante où l'on peut voir une jolie dentition bien blanche. Il utilise une paire de griffes très bien aiguisées pour couper les cheveux des jeunes femmes sur lesquelles il a jeté son dévolu.




Son allure et les mouvements qu'il fait lorsqu'il se déplace rappellent un peu celles d'un ours noir ou d'un gorille mais certaines représentations le montrent aussi comme une sorte de monstre-insecte bien plus petit. Dans cette version de Kurokamikiri, bien moins populaire cela dit, le yōkai ressemble à un animal composite qui emprunte des caractéristiques aussi bien à l'insecte qu'au reptile. Il est doté non plus d'un pelage mais d'une peau écailleuse et d'un grand bec. C'est avec ses mains, deux pinces extrêmement tranchantes, qu'il coupe les cheveux de ses victimes.

Cette version est visible dans le Hyakkai Zukan (百怪図巻, littéralement « rouleaux de dessins de cent yōkai ») de l'artiste Sawaki Suushi. Terminée en 1737, cette œuvre qui aura une grande influence sur l'imagerie des yōkai se compose de plusieurs parchemins présentant les différents monstres du folklore japonais, de Yuki Onna au Kitsune en passant par Nurarihyon, considéré comme le maître des yōkai.

Shigeru Mizuki est l'un des premiers artistes contemporains à avoir donné une représentation précise et définitive de Kurokamikiri – il lui consacre d'ailleurs un article dans son ouvrage À l'intérieur des yōkai –, mais avant lui, d'autres avaient évoqué ce monstre à travers des estampes. En 1868 par exemple, c'est le peintre Utagawa Yoshifuji qui donna l'une de premières représentations de Kurokamikiri durant l'époque d'Edo. Mizuki s'en inspirera largement des années plus tard pour donner sa propre version.




Davantage espiègle et cachottier que véritablement dangereux, Kurokamikiri est ce que l'on pourrait appeler un yōkai farceur, qui se plaît à jouer des tours aux humains – au même titre que Betobeto-san par exemple, qui se contente de suivre les marcheurs sur les sentiers mal éclairés et qui s'amuse à disparaître dès que le bruit de ses pas attire l'attention de sa victime. Kurokamikiri ne se nourrit pas de la frayeur des hommes mais de leurs cheveux. Dans le Japon d'antan, lorsque la mode était aux longues chevelures noires que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, Kurokamikiri se faufilait derrière eux pour leur dérober quelques mèches plus ou moins épaisses. Si les attaques de ce yōkai n'attentaient pas à la vie des victimes, celles-ci n'en demeuraient pas moins choquées lorsqu'elles découvraient que leurs beaux cheveux avaient été coupés sans même qu'elles s'en aperçoivent. Car celui que l'on nomme le « coupeur de cheveux » est un être imposant mais doté d'une grande ruse et d'une adresse sans pareille.

À l'époque d'Edo (1603 – 1868), la légende voulait que les attaques de Kurokamikiri soient considérées comme un avertissement. On dit que le monstre poilu s'en prenait en effet aux jeunes gens sur le point de se marier avec un yōkai. En effet, il n'est pas rare que les yōkai prennent la forme d'un humain afin de mieux tromper leur proie : les kitsune notamment, sont particulièrement friands de ce mode opératoire.

Une légende datée de 1874 raconte qu'un soir vers 21h, une servante du nom de Gin avait quitté la résidence de son maître pour aller utiliser les toilettes, situées à l'extérieur, dans l'arrière-cour. Lorsqu'elle ressentit un frisson la parcourir, il était déjà trop tard : ses cheveux, qu'elle avait patiemment noués en une queue de cheval à la base de sa tête, avaient été coupés dans leur intégralité par Kurokamikiri ! (Sources diverses)

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