En France, son œuvre a été partiellement traduite dans les années 1980 et publiée aux éditions Néo, qui ont publié plusieurs recueils de ses nouvelles. Ces recueils sont aujourd’hui introuvables, et leur absence aurait pu causer l’oubli total de Clark Ashton Smith en France.
Les éditions Mnémos ont toutefois décidé de rafraîchir la mémoire du public, et ont commencé à retraduire et republier l’intégrale de l’œuvre d’Ashton Smith en regroupant les différents récits en fonction des mondes auxquels ils appartiennent.
Le premier volume de cette intégrale, c’est Zothique, et c’est de ce recueil que je vais vous parler aujourd’hui. Depuis Avril 2019, il est également disponible au format poche dans la collection Hélios des Indés de l’Imaginaire.
Les éditions Mnémos ont toutefois décidé de rafraîchir la mémoire du public, et ont commencé à retraduire et republier l’intégrale de l’œuvre d’Ashton Smith en regroupant les différents récits en fonction des mondes auxquels ils appartiennent.
Le premier volume de cette intégrale, c’est Zothique, et c’est de ce recueil que je vais vous parler aujourd’hui. Depuis Avril 2019, il est également disponible au format poche dans la collection Hélios des Indés de l’Imaginaire.
« Zothique est le nom d’un continent. Un monde mythique de sortilèges, de prodiges, d’incongruités, de maléfices et de terreurs innombrables. Dans cet univers, l’amour et la mort ont les couleurs de l’illusion, et les hallucinations sont toujours moins effrayantes que la réalité. Dans les villes et villages, dans les forêts et les campagnes, les morts, les momies, les squelettes ne laissent aux vivants aucun répit et, sans cesse, les assaillent et les poursuivent. Si les contes de ce recueil dépaysent totalement, ils n’en restent pas moins l’exacte expression de nos terreurs les plus profondes.
Zothique dépeint les destins des habitants du dernier continent de la Terre, lorsque celle-ci est à son agonie… et met en scène l’une des fantasy les plus envoûtantes et splendides que la littérature ait produite. »
Zothique est présenté comme « le dernier continent » par son auteur. Il est doté de plusieurs pays ou provinces (le Yoros, le Xylac, le Tasuun, le Cincor…) qui cohabitent et entretiennent des relations commerciales, ce que l’on peut voir dans le fait que les « vins du Yoros » soit mentionnés dans plusieurs nouvelles du recueil. Tous ces pays possèdent des capitales ou des grandes villes (« Faraad », « Unmaos », « Miraab »…) dans lesquelles les récits se déroulent assez souvent. L’auteur indique la plupart du temps les origines et la position géographique de ses personnages lorsqu’il les présente et qu’il raconte leurs voyages. Les villes de « Zul-Bha-Sair », de « Miraab » et de « Faraad » sont par exemple mentionnées dans plusieurs nouvelles en tant que lieu de l’action ou point de passage des personnages. Cela permet de donner une grande cohérence au monde de Zothique, dans lequel le lecteur peut parfaitement se retrouver. À ce titre, la carte du monde donnée au début du recueil est un excellent moyen de se représenter encore mieux les voyages que les personnages effectuent dans certaines nouvelles, « Xeethra » et « Les nécromants de Naat » notamment.
Zothique dépeint les destins des habitants du dernier continent de la Terre, lorsque celle-ci est à son agonie… et met en scène l’une des fantasy les plus envoûtantes et splendides que la littérature ait produite. »
Zothique est présenté comme « le dernier continent » par son auteur. Il est doté de plusieurs pays ou provinces (le Yoros, le Xylac, le Tasuun, le Cincor…) qui cohabitent et entretiennent des relations commerciales, ce que l’on peut voir dans le fait que les « vins du Yoros » soit mentionnés dans plusieurs nouvelles du recueil. Tous ces pays possèdent des capitales ou des grandes villes (« Faraad », « Unmaos », « Miraab »…) dans lesquelles les récits se déroulent assez souvent. L’auteur indique la plupart du temps les origines et la position géographique de ses personnages lorsqu’il les présente et qu’il raconte leurs voyages. Les villes de « Zul-Bha-Sair », de « Miraab » et de « Faraad » sont par exemple mentionnées dans plusieurs nouvelles en tant que lieu de l’action ou point de passage des personnages. Cela permet de donner une grande cohérence au monde de Zothique, dans lequel le lecteur peut parfaitement se retrouver. À ce titre, la carte du monde donnée au début du recueil est un excellent moyen de se représenter encore mieux les voyages que les personnages effectuent dans certaines nouvelles, « Xeethra » et « Les nécromants de Naat » notamment.
On trouve dans le monde de Zothique beaucoup d’éléments qui rattachent le recueil au genre de la Fantasy : de la magie, qui est souvent noire, avec les personnages de nécromants et de sorcières (« L’Empire des Nécromants », « Les Nécromants de Naat », « Le Dieu nécrophage », « la mort d’Ilalotha »…), des dieux comme Thasaïdon (« Le Sombre Eidolon », « Xeethra ») , Vergama (« Le dernier hiéroglyphe ») ou Mordiggian (« Le Dieu nécrophage »), des guerriers comme Yanur et Grotara ou encore Zobal et Cushara, respectivement issus des nouvelles « Le Tisseur dans la Tombe » et « L’Abbé noir de Puthuum », des rois, des empereurs, des ruines que l’on peut observer dans « Morthylla » ou dans « Le Tisseur dans la tombe » et des déserts (entre autres). On peut remarquer que les noms des lieux et des personnages sonnent relativement orientaux, ce qui semble concorder avec le décor de Zothique mis en avant dans certaines des descriptions du recueil. Cette proximité avec l’Orient peut nous permettre de rapprocher Zothique des Milles et une nuits, que Clark Ashton Smith aurait lu enfant d’après la préface du recueil. On peut également rapprocher les récits se déroulant dans le monde de Zothique du gothique, et surtout du romantisme noir de par ses thématiques et son esthétique souvent macabre, avec l’omniprésence de la mort et du tragique. Pour rappel, le romantisme noir est un courant littéraire qui est lié au gothique et qui s’intéresse à « la mélancolie, la folie, le crime, les atmosphères macabres et angoissantes, marquées par la présence de fantômes, de vampires, de créatures surnaturelles… ». Tous ces thèmes sont exploités dans Zothique. Encore une fois, ce lien de parenté n’est pas anodin, puisque Clark Ashton Smith a beaucoup lu Edgar Allan Poe, figure emblématique de ce courant. Ces thématiques et cette esthétique permettent de donner une vision cohérente de Zothique, en plus de créer une mythologie complète autour de ce continent avec les dieux et les lieux comme les îles de Naat et de Sotar.
Zothique est donc un recueil qui descend littérairement d’un certain courant du romantisme et des Milles et une nuits. Mais ne vous laissez pas attendrir, car les récits de Clark Ashton Smith n’ont rien des contes de fées.
Avant de continuer, il va nous falloir convenir d’une définition de la tragédie, parce que j’imagine que nous serons d’accord sur la définition de la mort. La tragédie est donc, d’après le dictionnaire Larousse en ligne, « Pièce de théâtre dont le sujet est le plus souvent emprunté à un mythe ou à l’histoire, mettant en scène des personnages illustres et représentant une action destinée à provoquer la pitié ou la terreur, par le spectacle des passions humaines et des catastrophes qui en sont la fatale conséquence. ». Les récits de Zothique appartiennent au genre de la nouvelle, mais semblent répondre à cette définition. Je vais vous expliquer pourquoi.
Tout d’abord, et vous le verrez lorsque vous lirez le recueil, les fins heureuses sont extrêmement rares dans les nouvelles de Zothique, et dépendent de votre définition de « fin heureuse ». Personnellement, j’en ai compté seulement 4 sur les 17 nouvelles du récit, ce qui signifie que les autres récits se terminent mal, voire très mal, avec beaucoup de morts violentes et décrites de manière souvent crue par l’auteur.
La mort fait sentir sa présence dans le recueil à travers la magie noire et qui sert souvent les personnages qui ont les pires desseins, les nécromants et les sorcières en tête, dans les « Nécromants de Naat », « L’Empire des Nécromants » « Le Jardin d’Adompha », « Le sombre Eidolon », « Les charmes d’Ulua » où les personnages dotés de pouvoirs magiques accomplissent bien des méfaits qui les mènent finalement à leur perte. Les démons et autres créatures surnaturelles telles que les « lamies », les « incubes » ou encore le mystérieux « Tisseur » ne sont pas en reste et malmènent violemment les personnages des récits. Dans Zothique, le surnaturel et la magie servent avant tout à mettre les personnages qui les utilisent ou les personnages que l’on suit en péril dans des scénarios qui ont souvent des conséquences fatales.
Zothique met également en scène des êtres qui s’apparentent à des dieux ou qui sont considérés comme tels par les personnages, comme Thasaïdon, « le dieu des sept enfers », présent ou mentionné dans plusieurs nouvelles (« Xeethra », « Le sombre Eidolon », « Le Jardin d’Adompha »), Vergama qui apparaît dans « Le Dernier hiéroglyphe », est considéré comme « le plus secret des dieux » ou « le plus énigmatique des démons », possède des « pouvoirs presque infinis », ou encore Mordiggian, dieu de la ville de « Zul-Bha-Sair » dans « Le Dieu nécrophage » qui se nourrit des morts que ses prêtres apportent dans son temple. On peut également ajouter « Nioth Korghaï », la créature décrite dans « Le Fruit de la Tombe » à ces êtres considérés comme divins, à la différence qu’il se rapproche d’une créature issu du panthéon lovecraftien de par la sonorité de son nom, mais aussi parce qu’il vient « d’un monde inconnu » sur « une comète à la crinière de feu » et que son apparence est proche de certaines créatures de Lovecraft, avec « une tête de seiche » et des bras tentaculaires. Les créatures divines que je viens de citer jouent souvent un rôle très important dans les récits où elles apparaissent, mais ne sont jamais là pour aider les personnages, qu’elles malmènent et manipulent très violemment. Les dieux de Zothique sont donc malfaisants.
On peut ajouter que Clark Ashton Smith possède un certain sens du drame, qu’il distille dans ses nouvelles. Dans Zothique, le destin fait souvent mal les choses. En effet, les relations amoureuses entre les personnages tournent très mal et n’aboutissent que très peu dans les nouvelles qui en mettent en scène, avec par exemple « Le Dieu nécrophage », « La Mort d’Ilalotha », « « Les Nécromants de Naat », « L’Île des Tortionnaires » ou encore « Morthylla », qui mettent en scène des amours impossibles ou des relations très malmenées par le destin. Et par destin, j’entends diverses mésaventures liées à la magie noire ou des créatures surnaturelles.
Zothique est donc un recueil qui descend littérairement d’un certain courant du romantisme et des Milles et une nuits. Mais ne vous laissez pas attendrir, car les récits de Clark Ashton Smith n’ont rien des contes de fées.
Avant de continuer, il va nous falloir convenir d’une définition de la tragédie, parce que j’imagine que nous serons d’accord sur la définition de la mort. La tragédie est donc, d’après le dictionnaire Larousse en ligne, « Pièce de théâtre dont le sujet est le plus souvent emprunté à un mythe ou à l’histoire, mettant en scène des personnages illustres et représentant une action destinée à provoquer la pitié ou la terreur, par le spectacle des passions humaines et des catastrophes qui en sont la fatale conséquence. ». Les récits de Zothique appartiennent au genre de la nouvelle, mais semblent répondre à cette définition. Je vais vous expliquer pourquoi.
Tout d’abord, et vous le verrez lorsque vous lirez le recueil, les fins heureuses sont extrêmement rares dans les nouvelles de Zothique, et dépendent de votre définition de « fin heureuse ». Personnellement, j’en ai compté seulement 4 sur les 17 nouvelles du récit, ce qui signifie que les autres récits se terminent mal, voire très mal, avec beaucoup de morts violentes et décrites de manière souvent crue par l’auteur.
La mort fait sentir sa présence dans le recueil à travers la magie noire et qui sert souvent les personnages qui ont les pires desseins, les nécromants et les sorcières en tête, dans les « Nécromants de Naat », « L’Empire des Nécromants » « Le Jardin d’Adompha », « Le sombre Eidolon », « Les charmes d’Ulua » où les personnages dotés de pouvoirs magiques accomplissent bien des méfaits qui les mènent finalement à leur perte. Les démons et autres créatures surnaturelles telles que les « lamies », les « incubes » ou encore le mystérieux « Tisseur » ne sont pas en reste et malmènent violemment les personnages des récits. Dans Zothique, le surnaturel et la magie servent avant tout à mettre les personnages qui les utilisent ou les personnages que l’on suit en péril dans des scénarios qui ont souvent des conséquences fatales.
Zothique met également en scène des êtres qui s’apparentent à des dieux ou qui sont considérés comme tels par les personnages, comme Thasaïdon, « le dieu des sept enfers », présent ou mentionné dans plusieurs nouvelles (« Xeethra », « Le sombre Eidolon », « Le Jardin d’Adompha »), Vergama qui apparaît dans « Le Dernier hiéroglyphe », est considéré comme « le plus secret des dieux » ou « le plus énigmatique des démons », possède des « pouvoirs presque infinis », ou encore Mordiggian, dieu de la ville de « Zul-Bha-Sair » dans « Le Dieu nécrophage » qui se nourrit des morts que ses prêtres apportent dans son temple. On peut également ajouter « Nioth Korghaï », la créature décrite dans « Le Fruit de la Tombe » à ces êtres considérés comme divins, à la différence qu’il se rapproche d’une créature issu du panthéon lovecraftien de par la sonorité de son nom, mais aussi parce qu’il vient « d’un monde inconnu » sur « une comète à la crinière de feu » et que son apparence est proche de certaines créatures de Lovecraft, avec « une tête de seiche » et des bras tentaculaires. Les créatures divines que je viens de citer jouent souvent un rôle très important dans les récits où elles apparaissent, mais ne sont jamais là pour aider les personnages, qu’elles malmènent et manipulent très violemment. Les dieux de Zothique sont donc malfaisants.
On peut ajouter que Clark Ashton Smith possède un certain sens du drame, qu’il distille dans ses nouvelles. Dans Zothique, le destin fait souvent mal les choses. En effet, les relations amoureuses entre les personnages tournent très mal et n’aboutissent que très peu dans les nouvelles qui en mettent en scène, avec par exemple « Le Dieu nécrophage », « La Mort d’Ilalotha », « « Les Nécromants de Naat », « L’Île des Tortionnaires » ou encore « Morthylla », qui mettent en scène des amours impossibles ou des relations très malmenées par le destin. Et par destin, j’entends diverses mésaventures liées à la magie noire ou des créatures surnaturelles.
Je conclurai cette partie en évoquant le motif de l’île, très présent au sein de Zothique en tant que recueil et en tant que monde. Dans Zothique, les îles qui environnent le continent (Uccastrog, Sotar, Naat, l’Île des crabes…) sont souvent une source de grand danger pour ceux qui s’y aventurent, notamment dans « L’Île des Tortionnaires », « Les Nécromants de Naat », ou même « Le Voyage du roi Euvoran ». Certains personnages du recueil proviennent des îles de « Sotar » et de « Naat », comme les nécromants Abnon-Tha (« Le Dieu nécrophage »), Mnatmuor et Sodosma (« L’Empire des nécromants). Ces personnages sont souvent négatifs, ce qui accentue le côté dangereux de ces îles.
Zothique est donc un recueil qui porte beaucoup de marques de la tragédie. Tragédie qui est magnifiquement mise en valeur par le style de Clark Ashton Smith et la manière dont il est traduit.
Zothique est un excellent moyen de redécouvrir Clark Ashton Smith, avec son ambiance gothique, orientale, et complètement dépaysante. Lorsque vous le lirez, vous partirez à la rencontre de personnages et de créatures souvent monstrueuses, de déserts, de ruines… mais vous ferez surtout connaissance avec un auteur bien trop oublié aujourd’hui.
Zothique est donc un recueil qui porte beaucoup de marques de la tragédie. Tragédie qui est magnifiquement mise en valeur par le style de Clark Ashton Smith et la manière dont il est traduit.
Zothique est un excellent moyen de redécouvrir Clark Ashton Smith, avec son ambiance gothique, orientale, et complètement dépaysante. Lorsque vous le lirez, vous partirez à la rencontre de personnages et de créatures souvent monstrueuses, de déserts, de ruines… mais vous ferez surtout connaissance avec un auteur bien trop oublié aujourd’hui.
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