dimanche 24 juin 2018

La nuit des sauriens - Ptôse



Ptôse est un groupe de musique électronique minimale français, originaire de Niort, actif dans les années 1980 (de 1979 à 1987), dans l'underground cassette français, avant d'être édité en album à l'étranger et en France.
Le groupe a été présent sur plusieurs compilations internationales emblématiques du mouvement DIY, comme le double 33 tours Three Minute Symphony (1984), la double cassette Film Noir - American Style (Ding Dong, 1984), Voices Notes & Noise (33 t, Recommended, 1984), ou bien Terra Incognita I (33 tours, Auxilio De Cientos, 1985).
Il a bénéficié d'une redécouverte et de rééditions (notamment chez Vinyl On Demand) dans les années 2000, avec l'intérêt pour les productions anciennes d'électronique minimale.


Les frères Jarlan, célèbres inconnus

L’histoire commence comme une blague. Pendant les vacances de Noël 80, les frères Lionel et Benoît Jarlan enregistrent pour s’amuser dans la maison familiale de la rue Chabaudy, une désopilante chanson de leur cru : Boule (viens ici) ! inspirée par la série BD Boule et Bill. Ils bricolent la chose avec ce qui leur tombe sous la main – des instruments, des jouets – puis repiquent les sons et trafiquent leurs voix sur deux magnétophones à cassette. C’est un cadeau idéal à offrir à quelques copains pour les fêtes. Encouragés par ceux-ci, ils se choisissent un nom et envoient une cassette à leurs idoles, les Residents, un combo californien culte. Depuis le milieu des années 70, les Residents pratiquent une musique conceptuelle et subversive qui désarticule les poncifs du rock, cultivant la non-personnalité (on ne connaîtra jamais leurs visages) et les circuits auto-organisés, en marge de toute démarche commerciale habituelle. Avec un goût prononcé pour la provocation, ils intitulent leurs albums « The Third Reich’n Roll » ou « The Commercial Album » (une suite de quarante morceaux d’une minute !). Les Residents apprécient Ptôse et le font savoir ; la machine PPP (pour Ptôse Productions Présente, avec un globe planétaire pour logo !) est en marche.


L'époque des K7 qui font le tour du monde


Conditionnement médical pour la cassette AGn°4


Né d’une démarche d’abord intellectuelle, le duo adopte dès le départ une approche humoristique un peu grinçante que leur nom ne révèle pas : Ptôse : nom féminin (venant du grec ptôsis : chute) indiquant une descente ou une position anormalement basse d’un organe, due au relâchement des muscles ou des ligaments qui le maintiennent. Le principe est assez simple : enregistrer et diffuser des cassettes tirées à 100 ou 200 exemplaires et trouver sa place dans un réseau de labels indépendants confidentiels mais très actifs. Les premiers boîtiers ne contiennent que des compositions du duo Jarlan, puis révèlent un(e) certain(e) Ericka Irganon dont le nom figure régulièrement en filigrane des albums de Ptôse sans que l’on arrive jamais vraiment à savoir s’il s’agit d’un véritable musicien, d’un personnage inventé ou d’un pseudo de plus pour l’un des deux frères. Toujours la culture du masque… En tout cas, les musiques proposées par Ptôse et Ericka Irganon sont très « cousines ». Le réseau de complicités s’étoffe. Les tirages de K7 augmentent et les emballages sont de plus en plus sophistiqués, à l’image du goût des frères Jarlan pour le second degré et le bricolage : « Moxisylyte N. » est tiré à 500 exemplaires et présenté dans un emballage carton type boite de médicaments ; la cassette de « Poisson soluble » est glissée dans un sachet plastique comme celui dans lequel on vous vend un poisson rouge… De telles initiatives ne passent pas inaperçues et PPP trouve vite sa place dans un réseau d’associations entrées en résistance avec le show bizness et spécialisées dans la production de musiques improbables. En même temps que Ptôse se retrouve sur des compilations produites aux quatre coins de l’hexagone et à l’étranger, PPP commence à diffuser ses propres cassettes collectives sous le titre générique d’Assemblées Générales. Cinq compilations sont ainsi produites sur lesquelles on peut trouver, entre un groupe japonais et un artiste allemand, des titres de quelques groupes régionaux aussi inclassables qu’eux : Des Traces (un trio de Poitiers au croisement des musiques de Magma et de King Crimson), Stabat Stabble (un duo sombre de Châtellerault), La Chorale (une formation originale de Poitiers)… Il existe même une K7 que je rêve d’écouter un jour offrant 22 versions différentes de leur morceau fétiche Boule (viens ici) !, enregistrées par 22 groupes de toutes nationalités.


Un gros travail sur le son

Côté musique, Ptôse donne dans le minimalisme sautillant. Les lignes mélodiques sont simples et répétées en boucle sur des rythmiques basiques, voire tribales, jouées par des boites à rythme et des synthétiseurs. Sur ce tapis sont ajoutées des voix « naturellement trafiquées » scandant farouchement des textes dérisoires, des sonorités acoustiques (beaucoup de xylophone par exemple) et des lignes de guitares souvent saturées. En complément de leurs influences avouées (Nino Rota et les chansons d’enfants), les deux uniques reprises de leur répertoire (Tom Tom Club et les Residents) jalonnent idéalement leur territoire musical. Loin d’être des virtuoses, les musiciens de Ptôse tirent parti de leur « incompétence » pour emmener l’auditeur ailleurs, avec la volonté de le surprendre et le déranger. A côté des nombreuses cassettes et participations à des compilations (plus d’une vingtaine en moins de cinq ans !), Ptôse publie trois superbes albums qui n’ont pas pris une ride vingt ans plus tard : « Ignobles limaces », « The Swoop » et « Face de crabe », le premier réalisé par les Rémois de Ayaa en 84, les deux autres publiés en Hollande en 84 et 86 et quasiment jamais diffusés ici. A cette époque le duo est devenu trio, Pascal Elineau (rebaptisé ZZe) ayant rejoint les frères Jarlan. Tous ces disques sont enregistrés au studio de Hurlevents, près de Poitiers, avec une participation très active d’Alain Auxemery qui, outre la prise de son, assure un énorme travail sur la recherche de nouvelles sonorités.


Les hommes invisibles

Toujours sous influence, le trio se produit en public habillé de longues blouses blanches de laborantins, le visage entouré de gaze et de bandelettes, à la manière des hommes invisibles et des momies. Les trois discrets sont en fait beaucoup plus à l’aise avec la vidéo qui leur permet de prendre de la distance pour fignoler leurs visuels. Celle d’Ecrasons la vermine ! les voit transformés en explorateurs fous et passe à plusieurs reprises sur la Six, alors chaîne musicale. Le groupe joue peu sur scène, mais la connivence musicale évidente avec les choix de programmation des visionnaires de l’association poitevine L’Oreille est Hardie, leur permet d’accéder à quelques scènes emblématiques des musiques inclassables comme les Musiques de Traverses à Reims. Ils arrivent même à jouer une ou deux fois à Niort !

Dans les dossiers de Land of Estebor - Images en vrac de la semaine...

Tous les jours, j'enregistre un tas d'images que je trouve cool afin d'illustrer mon Blog. J'en utilise beaucoup mais il y en a des tonnes qui passent à la trappe. J'ai décidé de faire tous les dimanches un post avec une sélection en vrac de ces images car j'ai malgré tout envie de les voir sur mon Blog. Cela fait un moment que j'ai fait le choix de ne plus consacrer celui-ci uniquement aux jeux de rôle et aux figurines, mais de le rendre bien plus large. C'est donc un gros mélange de geekeries diverses et variées mais qui ont toutes été choisies car elles incarnent des choses qui alimentent mon imaginaire ludique et ma culture Pop...















































vendredi 22 juin 2018

Barbarians Of Lemuria - Carte en Couleur et autres téléchargements...

J'avais déjà écrit un article sur Barbarians of Lemuria, un très bon jeux dans un style d'univers qui fait parti des bases de ma culture de l'imaginaire :  la Sword and Sorcery.

Ce sous-genre quasiment ancestral de la fantasy met en scène un guerrier ou une guerrière qui doit se battre contre un mage noir/sorcier malfaisant/nécromant, et ce, en général grâce à un artefact magique chèrement payé, obtenu au péril de sa vie. Le tout saupoudré d'une sulfureuse histoire d'amour, bien entendu !

Ce genre est trop souvent confondu en l'Heroic Fantasy et je vous explique plus bas les différences entre ces deux sous-genres.

La plus vieille fantasy du monde... ou presque

Lorsque l'on regarde l'histoire de la Fantasy, on se rend compte que les premiers récits estampillés Fantasy sont des récits de sword and sorcery. Bien entendu, je ne fais pas allusion ici aux romans et nouvelles considérés comme les précurseurs de la Fantasy, mais bien ceux qui sont qualifiés comme tels. Ainsi, exit tous les James M. Barrie, L. Frank Baum et autres Lewis Carroll. Les premières histoires que nous considérons actuellement comme de la Fantasy sont parues dans le très célèbre pulp Weird Tales et sont considérées aujourd'hui comme de la Sword and Sorcery. Ce magazine, fondé en 1923 aux États-Unis, a vu la naissance de certains des plus grands classiques de la littérature fantasy actuelle. Parmi les plus grands noms publiés par ce pulp, on peut citer : Clark Ashton Smith, Robert E. Howard ou encore Fritz Leiber. Dans la catégorie fantastique, on peut aussi y trouver H. P. Lovecraft et August Derleth, entre autres.
Du beau monde, donc !

Un genre qui n'a pas plu à tout le monde

Les caractéristiques du genre

Il est intéressant de noter que, même si les premières publications datent des années 1920-30, la première apparition de l'expression Sword and Sorcery a eu lieu en 1961 dans un courrier que Michael Moorcock (le papa d'Elric) adressait au magazine Amra. En outre, la première définition du genre ne s'est faite qu'en 1976 dans l'essai Literary Swordsmen and Sorcerers de Lyon Sprague de Camp et dit ceci :
« C'est le terme par lequel les aficionados qualifient affectueusement cette de école de fiction fantastique dans laquelle les héros sont plus héroïques, les vilains tout à fait infâmes et où l'action prend totalement le pas sur le commentaire social ou sur l'introspection psychologique. En un mot, la Sword and Sorcery est une littérature de pur divertissement. »
Les universitaires Marshall B. Thymm, Robert H. Boyer et Kenneth J. Zahorski définissent de manière plus explicite les différentes caractéristiques du genre :
  1. le héros est un-e barbare charismatique ;
  2. l'accent est mis sur l'action ;
  3. le style est simple, prosaïque, familier ;
  4. la violence y est gratuite et sensationnelle ;
  5. il y a un réel manque de substance thématique.
Maintenant que nous avons tous ces éléments en main, on peut en tirer les ingrédients qui font la Sword and Sorcery :
  1. Le héros est un combattant sans foi ni loi ;
  2. La magie y est toujours mauvaise ;
  3. Les thèmes sont récurrents et sans originalité ;
  4. L'accent est mis sur l'action au détriment de la psychologie ;
  5. Les personnages sont caricaturaux et n'évoluent pas ou peu ;
  6. Il y a toujours une histoire d'amour (cf la belle princesse à sauver) ;
  7. Le style est simple, prosaïque, familier ;
  8. La violence y est gratuite et sensationnelle ;
  9. La loi du plus fort prime toujours.

La polémique

Avec les définitions précédentes, vous aurez compris que le genre n'était pas très apprécié. Mais, en 1978, Hans Joachim Alpers va plus loin et dénonce la complaisance du genre envers la violence : on y opprime et on y tue des êtres humains, et ce n'est pas seulement le faits des "méchants", les héros y prennent également largement leur part. Alpers souligne également l'idéologie douteuse qui est à l'oeuvre : celle du pouvoir de l'homme sur l'homme, le droit du plus fort comme principe premier de l'organisation sociale, l'accent porté sur la supériorité de certains peuples.

Sword and sorcery vs heroic fantasy

En réalité, les différences entre ces deux genres sont nombreuses, mais subtiles.
Suite au tollé de différents auteurs durant les années 70, le genre de la Sword and Sorcery a évolué pour donner quelque chose de plus "politiquement correct" :
  1. Les héros se sont assagis pour devenir des personnes respectables, de vrais valeureux guerriers ;
  2. L'accent a été plus mis sur la psychologie des personnages et un peu moins sur l'action ;
  3. Les personnages évoluent pour devenir meilleurs (pour devenir des héros) ;
  4. Les thèmes abordés s'enrichissent et se complexifient ;
  5. On voit apparaître certaines métaphores de la société ;
  6. La magie n'est plus systématiquement mauvaise ;
  7. La loi du plus courageux/intelligent/rusé a remplacé la loi du plus fort.
En revanche, il s'agit toujours de l'histoire d'un guerrier/d'une guerrière qui doit sauver le monde et qui tombe amoureux/-se.
L'Heroic Fantasy se rapproche davantage du récit initiatique que l'on peut croiser dans les mythes et que Joseph Campbell a expliqué et analysé dans son essai Le Héros aux mille et un visages. Ce sous-genre défend des valeurs telles que le courage, la justice, l'honnêteté,... telles que celles que l'on peut retrouver dans la chevalerie, finalement.

Alors que la Sword and Sorcery est beaucoup plus brutale et favorise juste les faits exceptionnels au détriments du reste.




(Source Wikipédia) : La distinction entre heroic fantasy (« merveilleux héroïque ») et sword and sorcery (« épée et sorcellerie ») ne fait pas consensus. L'auteur Fritz Leiber utilisait ce dernier terme pour distinguer les aventures de héros musclés, amoraux et violents contre le surnaturel (sword and sorcery, à l'image du Conan de Robert E. Howard), contre des champions vertueux défendant le Bien contre le Mal (à l'image de Aragorn de J. R. R. Tolkien et des récits du Moyen Âge, tel Le Morte d'Arthur de Thomas Malory). Une certaine distinction peut se tenir entre heroic fantasy et sword and sorcery. La sword and sorcery est plus brutale que l’heroic fantasy et la magie y est toujours maléfique alors que dans l’heroic fantasy, la magie peut être détenue par le héros ou être détenue par un de ses alliés temporaires.

La sword and sorcery des premiers temps croise souvent la dark fantasy et la science fantasy. En effet, l'univers de sword and sorcery est souvent très sombre et on y croise des héros amoraux comme en dark fantasy. L’heroic fantasy et la science fantasy sont surtout mêlés dans les œuvres de Burroughs ou de Brackett.




Tout ça pour vous dire que je viens de découvrir qu'un supplément pour Barbarians of Lemuria était sorti (je ne sais pas quand je viens de le découvrir), il s'appelle Chroniques Lémuriennes et je compte bien l'ajouter à ma (très) longue liste de choses que j'aimerai bien acheter un jour mais qui n'en fini jamais de s'allonger. En attendant il y a quelques ressources gratuites à télécharger sur cette page et surtout une très jolie carte en couleur de la Lémurie disponible ici.