Synopsis :
Le Loc Nar, quintessence du mal, sous la forme d’un diamant vert, sert de lien entre plusieurs histoires fantastiques, pleines de femmes nues, de violence et de hard rock…
A l’origine, Métal Hurlant était un magazine de bande dessinée créé dans les années 70 par Dionnet, Moebius et Druillet. Les Américains l’ont adapté à leur sauce et au vu du succès, il fut question de faire un dessin animé pour adultes reprenant des récits de la version U.S. En effet, pour une question de droits, les histoires françaises n’ont pas pu être reprises en animation, on remarquera pourtant, dans l’épisode Taarna, des idées issues directement de la bédé Harzakc, du dessinateur de génie Moebius (non crédité!), comme l’oiseau monture de l’héroïne. Le film a été fait dans l’urgence, la création des différentes histoires répartie entre plusieurs studios d’animation, ce qui explique leur inégalité quant aux qualités graphiques. Par souci de vitesse, autant que pour donner un caractère réaliste à certaines séquences, les techniciens et animateurs recoururent au Rotoscope (ancêtre des capteurs, c’est une méthode consistant à dessiner par dessus les images filmées d’une personne en mouvement). Ainsi, la mythique guerrière Taarna a verticalement existé en la personne du top model Carole Desbiens! Ce qui rend ce long-métrage datant de 1981 fascinant, c’est l’utilisation ingénieuse de multiples techniques précédant l’essor extraordinaire des possibilités de l’informatique. Des objets grandeur nature, comme une Corvette, des modèles réduits, comme un avion B-17, ou des paysages désertiques ont été filmés et intégrés aux dessins. Une caméra multiplane de cinq mètres a été utilisée pour donner de la profondeur de champ à des scènes aériennes qui conservent, malgré leur caractère un peu daté et maladroit, un charme poétique certain. La musique apporte beaucoup au film, que ce soit le score lyrique et envoûtant d’Elmer Bernstein, ou les morceaux de rock de groupes typiquement ancrés dans les années 70-80, tels que Black Sabbath, Blue Oyster Cult, Devo, Cheap Trick, Riggs, et les Français de Trust. C’est d’ailleurs la bande originale qui a retardé pendant des années la commercialisation en vidéo du film, pour une question de droits à obtenir.
Le Loc Nar n’est en fait qu’un prétexte pour relier entre elles des histoires assez disparates. Sept histoires sont reliées par la sphère lumineuse verte, incarnation du mal absolu, son pouvoir terrifiant et dévastateur sert de fil conducteur dans un esprit inspiré de l'univers de Lovecraft, et toutes ne sont pas d'un niveau égal en qualité. Au tout début du projet, le lien consistait en un manège présenté par le personnage Grimaldi à sa fille. Chaque élément du manège représentait un objet miniature en rapport avec une des séquences à suivre: un taxi, un avion, un oiseau. Harry Canyon est une classique intrigue policière, avec un taxi driver qui vient au secours d’une belle en détresse. Les décors futuristes de New-York font penser à Blade Runner un an avant que ce dernier ne sorte! Den est tiré de la bande dessinée du roi de l’aérographe Richard Corben, qui a l’habitude de dessiner des personnages masculins hypertrophiés, dont la morphologie a tendance à changer d’une planche à l’autre. Il dessine aussi des femmes pulpeuses et dénudées qu’il vaut mieux regarder que décrire. On est en plein Heroic Fantasy et l’adaptation en dessin animé pousse l’histoire vers la comédie beaucoup plus que la bd, cela est d’autant plus vrai que Den a la voix du comique décédé John Candy. Captain Sternn adapte une histoire de Berni Wrightson, le co-créateur de l’excellente BD Swamp Thing. On assiste au procès du capitaine Sternn (rebaptisé Sade, dans la V.F), un personnage qui ressemble physiquement à Superman, mais qui collectionne tous les vices humainement possibles, et a la voix d’Eugene Levy, le père de Jason Biggs dans la série des American Pie.
B-17 est tiré d’une histoire du scénariste d’Alien, Dan O’ Bannon. C’est l’un des passages les plus réussis du long-métrage. Les membres décédés d’un avion de guerre se transforment en zombies sous l’effet du Loc Nar, alors que dans la BD originelle, il s’agissait d’une invasion de gremlins sanguinaires n’ayant rien à envier à celui de la série La Quatrième Dimension. So beautiful and so dangerous narre l’expédition d’extra-terrestres sniffeurs de coke sur la terre, où ils enlèvent deux humains, dont une superbe secrétaire. On est surtout surpris de la liberté de ton des auteurs, sachant qu’il paraît aujourd’hui difficile de rire des drogues aussi aisément. Taarna raconte l’aventure d’une guerrière, dernière de sa race, qui aspire à venger les siens. Il y a une scène d’anthologie, le bain de Taarna et son habillement pour aller au combat, mais si l’on pouvait critiquer les autres épisodes du film comme ne répondant qu’à des fantasmes masculins (il n’y a aucune femme dans les concepteurs du film, ceci explique cela), Taarna nous montre une héroïne sans faiblesse, dont la détermination est de fer. C’est le pendant féminin de Clint Eastwood, et le récit doit beaucoup au western, dont la vengeance est l’un des principaux ressorts. Le seul bémol est la scène de duel final, l’animation très ralentie plombant intégralement l’action.
Il existe une scène qui a dû être coupée pour réduire le film. Neverwhere Land devait se situer entre Captain Sternn et B-17, on voyait le Loc Nar tomber sur une planète (la Terre?) pour la corrompre, à partir de la préhistoire jusqu’à la seconde guerre mondiale. Le ton grave tranchait totalement avec l’esprit déconneur du reste des séquences, étayé en cela par la musique sinistre de Krzysztof Penderecki.
Le film pourra surprendre les moins de 30 ans aujourd'hui, car le ton est très inspiré des années 70, l'animation qui était novatrice et bien foutue en 1981, semblera d'une qualité discutable (même si pour moi elle est correcte), mais il faut évidemment se replacer dans le contexte, dans cet esprit totalement débridé adopté par les concepteurs et les dessinateurs qui se sont lâchés dans le gore, le sanglant et l'érotisme affirmé en mode gros nichons et filles libérées.
Le film pourra surprendre les moins de 30 ans aujourd'hui, car le ton est très inspiré des années 70, l'animation qui était novatrice et bien foutue en 1981, semblera d'une qualité discutable (même si pour moi elle est correcte), mais il faut évidemment se replacer dans le contexte, dans cet esprit totalement débridé adopté par les concepteurs et les dessinateurs qui se sont lâchés dans le gore, le sanglant et l'érotisme affirmé en mode gros nichons et filles libérées.
Le film est d'origine canadienne, mais les plus grands artistes américains y ont participé, de Richard Corben à Berni Wrightson qui figurent parmi les plus grands dessinateurs underground américains, dont certains récits sont adaptés ici et réalisés par plusieurs équipes d'animateurs s'occupant chacune d'un segment.
Ce film a imposé un style et un visuel uniques, basés sur une violence du dessin, un érotisme aguicheur et une agressivité dans les couleurs, le tout se traduisant par la musique. Une œuvre culte et délirante qui plaira plutôt aux fans d'un certain style de dessin et de musique.
Ce film a imposé un style et un visuel uniques, basés sur une violence du dessin, un érotisme aguicheur et une agressivité dans les couleurs, le tout se traduisant par la musique. Une œuvre culte et délirante qui plaira plutôt aux fans d'un certain style de dessin et de musique.
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