Résumé :
Adam Osidis et ses compagnons mosaks escortent le Roi Fange à travers les étendues désolées de Zhal pour le livrer à la seule force capable de défaire l’emprise du tyran sur les hommes qu’il a manipulés. Seulement, Adam et les Mosaks doivent affronter les sbires du Roi et des créatures ancestrales qui aimeraient profiter de l’occasion pour se venger du Roi…
Dans ce tome, la trame narrative, celle qui avance, qui entraîne, est meilleure. Il ne s’agit plus de se confronter au vilain despote, mais de le conduire face au juge Torgga. L’auteur délaisse les sentiers balisés à l’excès du premier volume pour un développement plus personnel des personnages. Ils ne se définissent plus par leur fonction, mais en tant qu’individu. Tous les personnages seront chamboulés, comme sait le faire Rick Remender. Les décisions et les actes signifient vraiment des choses et des voies à prendre. La série n’est pas avare en péripéties, rebondissements et sait se garder des cartes dans la manche. Ces silences intentionnels, qu’ils brouillent les personnages ou le Monde ne font que densifier des socles, cette envie de tout savoir et de tout explorer. Zhal et ses mystères sont les forces de la série. Bien que l’apparente excentricité visuelle ne soit parfois qu’une pigmentation de notre faune terrestre, ou un anthropomorphisme des peuplades. Les deux bâtisseurs ont ce sens fécond du détail. Certains lieux (le Marais et ce qu’il engendre), personnages (Mallozam et Jevalia, ou Adam), concepts (Le Puits et les épées nommées) ou même mots (ceux de Garils) attestent d’une valeur qu’il faut considérer.
Seven to Eternity doit énormément au talent du dessinateur Jerome Opeña. C’est bien simple : on lui doit l’ensemble des designs et concepts graphiques de la série. TOUT dans Seven to Eternity semble avoir été créé pour coller aux crayons de l’artiste. Mieux : ses dessins en imposent par leur précision. Seven to Eternity, c’est l’assurance d’une fantasy élégante et fine, relevée par des ambiances impressionnantes. Dans ce tome 2, les scènes dans les marais par exemple force l’admiration. Étouffants, menaçants, ces marécages transpirent le danger à chaque case.
Seulement voilà, à trop reposer sur les prouesses d’un artiste, le moindre changement devient beaucoup plus difficile à négocier. Soyons franc : James Harren n’est pas un mauvais dessinateur. Il a seulement le malheur de passer après Opeña. Et là, la transition est abrupte ! Le style d’Harren est beaucoup plus gras que celui de l’artiste attitré, moins beau, et globalement plus commun. Difficile d’être emballé par ces épisodes, d’autant plus que Rick Remender donne l’impression de temporiser pour attendre le retour de l’artiste vedette. Durant ce fill-in, Seven to Eternity s’avère moins intéressant et pertinent. Et dès qu’ Opeña revient, tout rentre dans l’ordre.
Dans ce tome 2 de Seven to Eternity, Rick Remender poursuit son travail entamé dans le premier tome. C’est-à-dire d’écrire de l’heroic fantasy originale. Alors bien entendu, on retrouve certaines figures du genre comme le groupe de héros avec une quête à accomplir, le tyran déchu, le voyage dangereux. Rick Remender se réapproprie ces clichés pour mieux les retravailler, leur redonner du sens ou de l’éclat. Le Roi Fange, c’est un peu Sauron que la Compagnie de l’Anneau escorterait pour un ultime voyage, par exemple. Dans le tome 1, Remender s’évertuait à rendre son intrigue hermétique, à ne pas donner toutes les informations au lecteur. Ici, continuité aidant et les épisodes s’enchaînant, certains éléments s’éclaircissent. Mais on sent bien que Remender en a gardé pour la suite.
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