Taram et le Chaudron magique (The Black Cauldron), est le 32e long-métrage d'animation et le 25e « Classique d'animation » des studios Disney. Sorti en 1985, il s'inspire du deuxième tome des Chroniques de Prydain de Lloyd Chudley Alexander, parues entre 1964 et 19701.
Ce fut le premier film d'animation Disney à être enregistré en Dolby Stéréo.
Preuve de son contenu sombre et sinistre inhabituel pour un long-métrage d'animation Disney, le film reçoit un accueil mitigé de la part de la critique et connait un échec commercial.
Avec un budget de 44 millions de dollars, c'est le film d'animation le plus cher jamais réalisé à l'époque, mais il ne récolte que 21 millions de dollars de recettes, entraînant une perte pour Disney, mettant en péril l'avenir du département animation du studio. Cette expérience conduit Disney à réaliser ensuite un nouveau film d'animation plus léger, Basil, détective privé (1986).
Synopsis
Dans la petite ferme de l'enchanteur Dalben, Taram, un jeune valet de ferme, souhaite devenir guerrier. Dalben apprend grâce au don divinatoire de la truie Tirelire que le Seigneur des Ténèbres recherche le chaudron magique pour ressusciter une armée de morts-vivants. L'enchanteur craint que le Seigneur des Ténèbres essaye de kidnapper le cochon afin d'utiliser ses pouvoirs pour localiser le chaudron. Il demande à Taram d'emmener Tirelire dans un chalet secret à la limite de la Forêt Interdite. Malheureusement, sur la route, à cause de la négligence et de la rêverie du garçon, le cochon se fait enlever par les vouivres du Seigneur des Ténèbres. Taram les suit jusqu'à la forteresse du Seigneur. Sur le chemin, il rencontre Gurki, une petite créature poilue. Taram se faufile dans le château, laissant Gurki dans la forêt. Il réussit à faire s'évader Tirelire, mais le jeune garçon se fait rattraper et est jeté au cachot.
Une autre captive, la princesse Eilonwy, aide Taram à s'échapper de sa cellule. Tous deux s'engagent dans les catacombes du château à la recherche d'une sortie, et découvrent dans la chambre funéraire d'un roi, une épée magique qui aidera Taram à vaincre les sbires du Seigneur des Ténèbres. Ils rencontrent un troisième prisonnier, le barde Ritournelle, qui possède une lyre magique dont les cordes se rompent à chaque fois qu'il ment. Puis, réussissant à s'enfuir du château, ils rejoignent Gurki dans la forêt. Quand le Seigneur des Ténèbres apprend que Taram s'est évadé, il ordonne à son serviteur monstrueux, le dénommé Crapaud, d'envoyer ses vouivres à sa poursuite.
À la recherche de Tirelire, les quatre héros atterrissent dans le royaume souterrain des Elfes, un groupe de petites créatures féeriques qui leur révèlent que Tirelire est sous leur protection. Le roi des Elfes, le Roi Bedaine, leur apprend qu'il sait où se trouve le chaudron magique. Guidé par le bras droit du roi, Ronchon, Taram se rend, accompagné de ses amis, dans les marais de Morva pour le détruire tandis que les petits êtres raccompagnent Tirelire chez Dalben.
Au marais, ils apprennent que le chaudron est détenu par trois sorcières, Grièche, Griotte et Goulue. Grièche propose de donner le chaudron en échange de l'épée de Taram, ce qu'il accepte. Avant de disparaître, les trois sorcières révèlent que le chaudron est indestructible et que son pouvoir ne peut être brisé que par quelqu'un qui de sa seule volonté doit se glisser à l'intérieur, ce qui le tuera. Il semble donc que Taram ait échangé son épée et ainsi renoncé à son rêve de devenir un grand guerrier pour rien. Dépité, Taram se sent stupide, mais ses compagnons croyant toujours en lui, essayent de lui redonner courage. Ils sont interrompus par les soldats du Seigneur des Ténèbres, qui saisissent le chaudron et enlèvent tout le monde excepté Gurki. Le soldats les retiennent à nouveau prisonnier dans le château. Le Seigneur des Ténèbres utilise le chaudron et ressuscite ainsi son armée.
Gurki parvient à libérer les captifs, Taram décide de se sacrifier et se jeter dans le chaudron mais Gurki l'arrête et saute à sa place. L'armée de morts-vivants s'effondre et quand le Seigneur des Ténèbres voit Taram, il comprend ce qui s'est passé, menaçant de le jeter lui et ses compagnons dans le chaudron. Cependant, la magie du chaudron devient incontrôlable et le Seigneur est aspiré dans un torrent de feu et de sang, provoquant la destruction du château. Les sorcières viennent récupérer le chaudron, maintenant sans pouvoir. Elles proposent de redonner l'épée en échange, mais Taram demande de faire revivre Gurki à la place. Bien que réticentes, elles acceptent et Gurki revient à la vie. Les quatre amis retournent chez Dalben où l'enchanteur les regarde dans une vision créée par Tirelire. Dalben loue Taram pour son héroïsme en dépit du fait qu'il préfère rester valet de ferme.
Une production difficile
Les débuts de production de ce film peuvent être remontés à 1971 lorsque la société Disney a acheté les droits d'adaptation cinématographique des Chroniques de Prydain de Lloyd Chudley Alexander. Cette œuvre compte cinq volumes dans le style fantasy. L'adaptation des livres, comprenant plus de 30 personnages majeurs, a été chronophage jusqu'à la nomination en 1980 de Joe Hale comme producteur. Hale a ainsi augmenté la place du Seigneur des Ténèbres qu'il occupe dans le film par rapport à celle, mineure, qu'il occupe dans l'œuvre originale de Lloyd Chudley Alexander. Le producteur Ron Miller, qui est aussi le gendre de Walt Disney, autorise la production du film par la nouvelle génération d'animateurs du studio Disney à condition qu'elle fasse ses preuves sur des projets plus classiques. Ce sera le cas avec Les Aventures de Bernard et Bianca (1977) puis Le Petit Âne de Bethléem (1978).
Le film est marqué par plusieurs nouveautés :
- Le film est le premier à utiliser le procédé Animation Photo Transfer (APT) ainsi que les prémices du Computer Animation Production System (CAPS) car les objets des décors ont été numérisés et réutilisés grâce à l'informatique.
- C'est le premier film en Super Technirama 70 (format 2,20:1) depuis La Belle au bois dormant
- C'est aussi le premier film d'animation Disney entièrement enregistré en Dolby Stéréo, déjà utilisé simultanément avec le RCA Photophone pour Les Aventures de Bernard et Bianca et Rox et Rouky.
- Il étrenne également le principe du « générique de fin » pour un film d'animation.
En , Aljean Harmetz du New York Times évoque la sortie de Taram et le Chaudron magique initialement prévue pour 1980 dont le coût de production est déjà de 15 millions d'USD. Il annonce un retard de quatre ans minimum avec une sortie en salle pas avant Noël 1984 car le nouveau groupe d'animateurs a besoin de 6 ans pour appréhender les complexes techniques d'animation, non acquises en 1978. En juin 1984, l'entreprise Disney est au milieu d'une guerre financière et la production du film est dans sa phase finale.
Taram et le Chaudron magique a nécessité 12 années de développement dont cinq de production pour un coût total de 25 millions USD, mais il n'en rapporta que 21 millions au box-office américain. Le film compte 115 200 images nécessitant chacun 33 étapes de l'esquisse au transfert sur pellicule en passant par le décor, la peinture, l'ajout du son, de la musique. La production nécessite 200 personnes dont 68 animateurs et leurs assistants à plein temps. Ils ont réalisé plus de 2,519 millions de dessins, 400 gallons (1 500 l de peinture et 34 milles (54,72 km) de films.
Malgré des personnages attachants, ce long-métrage est le plus sombre des studios Disney, avec des personnages beaucoup plus effrayants. Sur le plan commercial, il fut un véritable échec lors de sa sortie en 1985 et ne récolta pas le succès escompté. Disney donna même l'impression de vouloir en faire oublier l'existence.
En parallèle de la production du film, les animateurs Disney travaillent sur le film suivant, Basil, détective privé (1986) pour remettre les Studios Disney à flot. Après l'échec commercial de Taram et le Chaudron magique, ils furent obligés de quitter les studios Disney pour rejoindre Bagdasarian Productions et contribuer à la réalisation du film Les Aventures de Chipmunks (1987).
Sur le plan de la forme, ce dessin animé se démarque également des autres productions Disney. L'atmosphère a été perçue comme pesante et sinistre ; certaines scènes ont été jugées effrayantes pour un jeune public, comme celle de l'enlèvement de Tirelire par deux vouivres, par exemple. De ce fait, lors de sa sortie aux États-Unis, la commission de censure américaine a apposé la certification PG (parental guidance) au film, impliquant que les jeunes enfants soient accompagnés d'un adulte. Mais malgré son échec commercial, le film est aujourd'hui disponible en DVD.
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