samedi 11 juin 2016

Inspiration - Film : Princesse Mononoke

On s'est regardé avec mon fils le film "Princesse Mononoke" d' Hayao Mizayaki, je l'avais vu il y a très longtemps mais je ne me souvenais pas d'un tel chef d'œuvre. Peut être que la recherche d'inspiration pour notre univers de jeu et les campagnes que je souhaite y mener me rendent plus réceptif encore aux univers fantastiques ou oniriques.

La fiche du film présentée ci-dessous vient en partie de l'excellent site Buta Connection qui est consacré au Studio Ghibli, studio d'Hayao Mizayaki.




Princesse Mononoke est un récit épique et bouleversant se déroulant au Japon de l'ère Muromashi (XVème siècle). Il nous conte l'histoire du jeune Prince Ashitaka qui, frappé d'une malédiction mortelle, doit quitter son village dans l'espoir de trouver une réponse à son mal. Dans sa quête, Ashitaka sera témoin de la guerre cruelle que se livrent les humains et les dieux de la forêt. Ce conflit entre nature et civilisation est symbolisé par la lutte sans merci opposant San, jeune fille élevée par les loups, à Dame Eboshi, chef du clan des forgerons et responsable de la destruction de la forêt. Ashitaka s'efforcera de concilier les intérêts de chacun. En vain... La guerre sera menée à son terme et le monde s'en trouvera à jamais changé.

Mononoke Hime aura été l'événement cinématographique de la décennie au Japon et le premier film de Miyazaki à être distribué à l'échelle mondiale. Ce n'est que justice : ce long métrage est un prodigieux chef-d'oeuvre, d'une richesse inépuisable et d'une gravité sans précédent.


Princesse Mononoke : Résumé détaillé

Alors que le Japon entre peu à peu dans l'ère moderne, une communauté traditionnelle Emishi vit cachée dans les reliefs du nord-est du Japon depuis un demi-millénaire.Si cet isolement lui a permis de s'affranchir de l'oppression du pouvoir en place, il est aussi la cause de son déclin progressif. La population a une moyenne d'âge très élevée. Elle place désormais tous ses espoirs en une personne: le jeune et valeureux Ashitaka, futur chef du village.

Totalement étrangers au développement du pays, les Emishis vont pourtant injustement payer le prix du progrès. Le film débute par le récit du drame qui va les toucher. Un beau jour, le village est attaqué par un Tatari Gami, un dieu que la souffrance et la haine ont rendu maléfique. Ce maléfice se matérialise par une multitude de vers noirs grouillant sur lui, détruisant toute végétation à leur contact. Ne parvenant pas à apaiser la colère destructrice du dieu, Ashitaka se résout à le neutraliser. Aussitôt, on se précipite vers Ashitaka, blessé au bras droit, et la dépouille du sanglier. La vieille Hii-Sama, médium du village adresse des prières au dieu. Mais celui-ci, avant de mourir, fait part de son dégoût pour la race humaine et maudit les habitants.

Le soir, au conseil du village, Ashitaka apprend par Hii-Sama que, par sa blessure, il a hérité de la malédiction. Celle-ci se nourrit de la haine et conduit à une mort lente et certaine. Pour tenter de conjurer son funeste destin et conformément aux règles du clan, le jeune guerrier doit quitter les siens la nuit même. Il va partir découvrir le monde à la recherche d'une explication et d'un remède à son mal. Il se dirigera vers l'ouest, guidé par les traces du sanglier et par un étrange projectile métallique retiré de l'animal, et qui a causé sa mort. Au moment où Ashitaka s'apprête à partir sur sa fidèle monture Yakkuru, Kaya, une jeune fille lui offre son pendentif, symbole d'un amour éternel.

Après une nuit de route, il découvre un pays en guerre. Pour sauver des villageois, il est obligé de tuer deux samouraïs et cet acte ravive son mal. Il réalise pour la première fois que la malédiction décuple ses capacités guerrières. Cette malheureuse péripétie l'amène à un village où il rencontre un mystérieux personnage, Jiko Bou, qui a remarqué ses prouesses sur le champ de bataille. Ashitaka passe la soirée avec lui et apprend l'existence à l'Ouest de la forêt du Shishi Gami, où vivent les Dieux animaux. Par contre, il ne reçoit aucune explication quant au morceau de métal . Le lendemain matin Ashitaka repart seul avant même le réveil de Jiko Bou.

Quelques jours plus tard, sur le flan de la montagne, un groupe transporte sous la pluie des marchandises pour l'approvisionnement de leur forge. Ils subissent soudain l'attaque de la déesse louve Moro et de ses deux fils, dont l'un est chevauché par une petite personne masquée. La bataille est aussi brève que violente. Plusieurs forgerons, ainsi que des vaches et une partie du chargement, sont emportés dans le précipice. La louve géante est touchée par une balle tirée à bout portant et chute à son tour. Mais il en faut plus pour terrasser une déesse et sous l'ordre de Dame Eboshi, leader du groupe, la caravane s'empresse de quitter les lieux de peur que les loups ne reviennent à la charge.

Un peu plus tard, Ashitaka retrouve au bord de la rivière, en contrebas deux survivants de l'attaque dont l'un est sérieusement blessé. Alerté par Yakkuru, il surprend le clan des loups arrivé de l'autre côté de la rivière. Il y a la jeune humaine qui a dirigé l'attaque. Cette dernière aspire et recrache le sang de la blessure de Moro pour retirer le poison du corps. Très vite Ashitaka est découvert. Il tente alors de les interpeller mais la jeune fille se retire avec les loups.

A cet instant, Ashitaka est rappelé par les cris de frayeur d'un des blessés, Kouroku. Des petits fantômes de la forêt appelés Kodama apparaissent en effet autour de lui. Ashitaka essaie de rassurer Kouroku sur la nature inoffensive de ces petits êtres attachants. Ce sont eux qui d'ailleurs les guideront à travers la forêt.

Après une longue escalade, le groupe arrive dans le domaine du Shishi Gami, Dieu-Cerf régnant sur la faune et la flore. Pendant la pause, Ashitaka ressent fortement sa blessure. Cette crise coïncide avec le passage, au loin, du Shishi Gami parmi un troupeau de cerfs. La scène est d'une foudroyante beauté.

Le Dieu-Cerf parti, le groupe reprend son chemin et atteint enfin le lac les séparant des forges du Tatara. Après une traversée en barque, les habitants de la forge les accueillent avec joie et étonnement. Ashitaka suscite néanmoins une certaine suspicion chez Gonza, fidèle bras droit d'Eboshi, qui se demande comment il a pu traverser la forêt des Dieux.

Ashitaka découvre dans la forge une société très organisée et un mode de vie plus dur. Les hommes, anciens esclaves, paysans ou marginaux , acheminent les provisions nécessaires à la survie des habitants et font la guerre. Les femmes, qui travaillent à la fonderie, étaient des prostituées rachetées par Eboshi, ce qui explique leur franc-parler.

C'est donc une communauté marginale de laissés pour compte qu'Eboshi cherche à rendre indépendante par la production de fer et de fusils. Cette indépendance est coûteuse. Le Tatara Ba se fait des beaucoup d'ennemis, entre les seigneurs des contrées voisines envieux de ces nouvelles richesses, et surtout les Dieux de la forêt menacés par le déboisement. En particulier, les attaques des sangliers puis celles du clan Moro dirigées par San (appelée Princesse Mononoke par les villageois) ont déjà fait beaucoup de victimes.

Le soir, Ashitaka raconte son histoire à Eboshi et la questionne sur l'étrange morceau de métal trouvé dans le corps du sanglier démon qui a attaqué son village. Eboshi décide alors de lui révéler son secret : dans son jardin privé, elle lui fait découvrir un atelier où des lépreux, qu'elle a recueillis et qu'elle soigne, fabriquent des armes à feu. Le mystérieux projectile provient de l'une de ces arquebuses capables de blesser et condamner un Dieu. En réalisant les desseins de conquête d'Eboshi, Ashitaka s'insurge et sa colère est telle qu'il doit retenir son bras qui, sous l'emprise de la malédiction, tente d'assassiner Eboshi. Mais les paroles d'un malade victime du même sort l'apaise.

Sur le balcon, Eboshi fait part de son rêve à Ashitaka: une société heureuse dans un pays rendu prospère par l'exploitation des richesses naturelles. Le Shishi Gami et autres dieux, principaux obstacles à ce projet, doivent disparaître.

Peu après, la forge est attaquée par Princesse Mononoke, qui parvient avec l'aide de ses frères loups à franchir le rempart. Plus déterminée que jamais à tuer Eboshi , la jeune fille est néanmoins victime sur les toits des effets dévastateurs des arquebuses. Bien qu'elle s'en soit prise à lui lors de cette bataille, Ashitaka lui sauve la vie. San en profite pour attaquer Dame Eboshi et les deux femmes se livrent un duel féroce. C'est alors que, devant tant de haine, la malédiction d'Ashitaka se manifeste dans des proportions alors jamais vues. De longs tentacules noirs translucides jaillissent de la plaie. Le jeune homme s'interpose entre les deux combattantes et les neutralise rapidement sous les yeux des habitants hébétés.

Ashitaka laisse Eboshi aux bons soins des villageois et emporte avec lui le corps inerte de Princesse Mononoke. Mais une des femmes du village, voulant venger son mari tué par les loups, le blesse mortellement par un tir d'arquebuse. Le pouvoir de la malédiction agissant toujours, il traverse impassible le village. Les forgerons ne savent pas comment réagir et laisse partir Ashitaka avec les loups, San demeurant toujours inconsciente.

Très vite, Ashitaka très affaibli tombe de sa monture. San, qui a repris conscience, veut connaître, avant de le tuer, les raisons de son intervention. Le couteau sur la gorge et agonisant, le jeune homme lui avoue ses sentiments. Cela a pour effet de paralyser de surprise la princesse et l'incite à avoir une réaction moins hostile.Ils sont alors interrompus par des jets de pierres. Ce sont les singes des montagnes de la forêt, venus replanter les arbres et qui ne peuvent supporter de voir le clan Moro faire preuve de compassion envers un humain. Ils vont même jusqu'à insinuer que San n'est pas de leur coté puisqu'elle est elle-même humaine. Excédé, un des loups charge les orang-outans qui prennent la fuite.

Intriguée par celui qui semble si différent des autres humains, San décide de l'emmener avec Yakkuru dans l'antre du Shishi Gami. Elle dépose Ashitaka au bord de l'îlot central du lac sacré. Puis elle coupe une tige et la plante devant sa tête. Enfin elle libère de ses rênes Yakkuru, avant de repartir dans la forêt avec les siens.

Non loin de là, des Kodamas perchés sur la cime des arbres guettent l'arrivée de Didarabocchi, forme nocturne du Shishi Gami. Des membres de l'organisation de l'énigmatique Jiko Bou espionnent également les lieux. A l'horizon, se profile un géant au corps bleu et translucide. C'est le Didarabocchi qui se dirige vers son antre. Arrivé au dessus d'Ashitaka, il reprend sa forme diurne, celle d'un cerf au visage étrangement humain. A chacun de ses pas, la végétation émerge puis se fâne instantanément. S'approchant du héros, à travers cette manifestation de l'équilibre entre la vie et la mort, il procède à un échange : d'un simple souffle, il ôte la vie à la tige placée par San, puis annihile la blessure du jeune homme et lui rend la vie.

Pendant ce temps-là, Jiko, à la tête des meilleurs chasseurs de l'Empire, assiste à l'agitation qui s'empare des sangliers venus en grand nombre de plusieurs contrées. Menés par leur légendaire Dieu, Okkotonushi, ils préparent un assaut d'envergure contre les forges du Tatara.

Le lendemain, Ashitaka est réveillé par une goutte de rosée qui lui tombe sur le visage. Il se rend compte que sa blessure a disparu mais pas le maléfice sur son bras, qui a maintenant gagné jusqu'à la paume de la main. Accablé par cette réalité, Ashitaka retombe, inconscient. Plus tard, San vient le nourrir, décidée à aider celui que le Dieu-Cerf a ressuscité. Elle lui amène de la viande séchée, mais elle est trop dure pour Ashitaka qui arrive à peine à ouvrir les yeux. San va devoir la lui mâcher. Ashitaka, désespéré par son sort, et également bouleversé par tant d'attention de la part de celle qu'il aime, ne peut alors contenir ses larmes.

Les deux héros vont bientôt être surpris par les sangliers venus demander de l'aide au Shishi Gami. Moro intervient et une vive discussion s'engage opposant les sangliers et le clan Moro sur la manière d'agir face à la menace humaine. Les sangliers prônent la manière forte, aussi désespérée que suicidaire. San a peur que ces derniers ne s'en prennent à Ashitaka encore trop faible pour bouger.

Mais celui-ci raconte alors son histoire : c'est lui qui a achevé Nago, devenu un Tatari Gami, menaçant son village. Il leur explique qu'il en paie désormais le prix et leur montre son bras. Okkotonushi regrette que l'un des leurs soit devenu un dieu maléfique. Par contre, il est bien décidé à attaquer les humains de Tatara malgré les mises en garde de Moro.

Parallèlement, la guerre bat son plein entre les habitants des forges et les armées de samouraï manipulées par le seigneur Asano. Mais grâce à leurs armes à feu, les troupes d'Eboshi l'emportent. L'organisation Shishou Ren représentée par Jiko Bou pactise avec Eboshi et les deux troupes vont se battre côte à côte. Les forgerons ne sont pas très rassurés d'accueillir ces nouveaux soldats dans leurs enceintes; ils ne comprennent pas trop ce qui les motive à combattre à leurs côtés. En fait, Jiko Bou a convaincu Eboshi de l'aider à tuer le Dieu-Cerf pour ramener sa tête à l'empereur, qui espère qu'elle lui donnera une jeunesse éternelle. En contrepartie, ce dernier aidera le Tatara Ba à accéder à son indépendance.

Dans la nuit, Ashitaka se réveille dans une caverne au côté de San endormie. Son bras le fait terriblement souffrir. Il sort et trouve Moro qui surveille l'entrée. Une discussion s'engage dans laquelle Moro, qui attend sereinement la mort depuis sa blessure dans l'attaque du convoi, argumente sa haine envers les humains. Elle raconte comment San, après s'être faite abandonner, est devenue sa fille spirituelle. Si Ashitaka veut vivre avec elle, il devra combattre les humains à ses côtés; ce qu'il se refuse à faire. Voyant qu'il est impossible de détourner le clan des loups de la logique de guerre, le jeune homme retourne se coucher.

Le lendemain matin, San et Moro sont déjà partis quand Ashitaka se réveille. Yakkuru attendait son maître à la sortie de la caverne et un des loups leur montre la route pour rejoindre la rivière asséchée d'où ils pourront retrouver leur chemin. Ashitaka charge le guide de remettre à San le pendentif-couteau que lui avait donné Kaya à son départ d'Emishi.

Pendant ce temps, San a rejoint Moro en bordure de forêt. Ils guettent les mouvements humains et redoutent le pire. Moro propose alors à San d'aller rejoindre Ashitaka. Mais celle-ci a choisi son camp et décide même d'aider les sangliers à mener l'attaque. C'est alors qu'elle reçoit le pendentif. Elle l'accroche à son coup et part au combat.

De son côté, Ashitaka cherche à rejoindre le Tatara Ba. Au bout d'un long trajet, il se rend compte que le village fortifié, où il ne reste plus que les femmes (puisque les hommes sont partis en guerre contre les Dieux), est attaqué à nouveau. Malgré leur courage, les forgeronnes semblent en bien mauvaise posture puisqu'elle sont assaillies de toutes parts. Au milieu du combat, Ashitaka parvient à atteindre les remparts de la forge. Les femmes et lui conviennent à la hâte qu'il retourne alerter les hommes et Eboshi le plus vite possible... Il va surtout faire son possible pour empêcher la tragédie qui se prépare. Dans sa fuite, il est poursuivi par des soldats. Croyant les avoir semer, il baisse sa vigilance. C'est à ce moment que Yakkuru est touché par une flèche. Ashitaka doit se battre pied-à-terre. Il arrive à se défaire de ses agresseurs, mais sa monture blessée retarde maintenant sa course.

Quand il arrive enfin sur les lieux du combat, celui-ci a déjà cessé et il ne reste plus que les traces d'un épouvantable carnage où se mêlent corps humains et dépouilles des Dieux de la Forêt. Des habitants de la cité sont en train d'enterrer les corps de leurs amis. Ils racontent à Ashitaka comment ils ont servi d'appâts pour attirer les sangliers sur un terrain que les mercenaires du moine avaient préalablement miné. Face aux explosifs, les fantastiques animaux n'ont rien pu faire. Le jeune homme alerte à son tour les hommes du Tatara sur les dangers que courent leurs épouses.

Peu après, Ashitaka retrouve un loup coincé sous les monceaux de cadavres. Voulant l'aider à sortir, il se heurte à quelques hommes de Jiko restés sur les lieux, mais les villageois se rebellent et neutralisent les mercenaires. Ashitaka confie alors Yakkuru aux forgerons et part rattrapper Eboshi en compagnie du loup. Quand ils parviennent à la rejoindre, Ashitaka s'arrête pour la persuader de revenir au Tatara Ba mais il n'y a rien à faire.

Parallèlement, San se replie avec Okkotonushi gravement blessé et seul survivant parmi les sangliers. Ils sont bientôt accompagnés par les soldats de Jiko Bou déguisés avec des peaux qu'ils ont récupérées sur les dépouilles des sangliers. Ils savent que Okkotonushi les mènera au Shishi Gami. San essaie de raisonner le Dieu mais celui-ci croit ses soldats revenus du pays des morts pour combattre à nouveau. Mais lorsque ceux-ci tentent de l'achever alors qu'il agonise, sa souffrance est telle qu'il commence alors sa transformation en dieu maléfique. San affolée essaie de dégager les sortes de vers qui se forment autour de lui mais elle est assommée par l'un des chasseurs. Inerte, elle tombe dans la gueule du Dieu Sanglier qui accélère sa dernière marche vers le repère du Shishi Gami.

En arrivant au lac, Ashitaka voit Okkotonushi accompagné des chasseurs déguisés. Avec l'aide des louveteaux, il repousse les soldats et tente ensuite d'extraire San de la gueule du monstre. Mais malgré ses efforts, il se retrouve projetté dans le lac.Utilisant ses dernières forces, Moro, elle-même agonisante, arrache sa fille des tentacules maléfiques et la confie à Ashitaka.

Apparait à cet instant le Shishi Gami, marchant lentement sur l'eau. Eboshi et Jiko Bou également arrivés sur les lieux, le guettent. Une première balle atteint le Dieu mais il semble invulnérable. D'un baiser il absorbe la vie de Okkotonushi puis de Moro. C'est alors que la nuit tombe et le Shishi Gami débute sa transformation en Didarabocchi. C'est le moment choisi par Eboshi pour tirer à nouveau. Le dieu fait jaillir des plantes sur l'arquebuse mais le coup part quand même et le décapite.

Du reste de son corps commence à s'échapper une forme noire translucide qui prend de plus en plus de volume. Les hommes de Jiko Bou parviennent à récupérer la tête et l'enferme dans un récipient métallique qu'ils scellent. Tout ce que touche la substance noire meurt. Les Kodamas tombent par centaines. La tête de Moro, animée par ce même maléfice, va arracher un bras à Eboshi. Ashitaka va immédiatement porter secours à la patronne des forges. Cette réaction du jeune héros révolte San qui veut immédiatement lui rendre le pendentif, mais en voyant le malheur d'Ashitaka qui ne peut pas choisir son camp, elle admet sa position.

Tout le monde fuit à présent devant la croissance destructrice de la masse protoplasmisque qui a anéanti la forêt puis détruit les forges. Les habitants du Tatara Ba se réfugient au milieu du lac. De leur côté, Ashitaka et San poursuivent Jiko Bou et ses hommes pour tenter de récupérer la tête et arrêter le désastre en cours. Quand tous se retrouvent finalement isolés sur un rocher et entièrement cernés par la substance, Jiko Bou accepte enfin d'ouvrir le récipient puisqu'il n'y a plus d'autres issues possibles. San et Ashitaka rendent la tête au Didarabocchi qui reprend son apparence normale. Mais les premiers rayons du soleil font leur apparition et terrassent le Dieu. Sa chute provoque une grande tempête. Quand le calme revient, à la place des forêts détruites, repoussent à vue d'oeil des prairies.

Ashitaka, guéri du maléfice, et San se réveillent après être restés un moment inconscients. Malgré son amour pour Ashitaka, la jeune fille ne peut pardonner aux humains. Ainsi, les deux héros repartiront chacun de leur côté mais prévoient de se revoir. Eboshi raconte comment elle a été sauvée et décide que le village prendra un nouveau départ. La dernière scène du film montre un petit Kodama au milieu de la jeune végétation.


Princesse Mononoke : Culture

Shintoïsme et représentation de la nature

Pour appréhender toute la portée de la représentation de la nature dans Princesse Mononoke, il est intéressant de connaître quelques grands fondements du shintoïsme. En effet, il faut savoir que Miyazaki est shintoïste et que son film regorge de références à cette religion.


Le Shintoïsme

Le shintô peut être considéré comme la religion nationale du Japon. Elle est un vaste complexe de croyances, de coutumes et pratiques qui reçurent assez tardivement le nom de shintô, pour être distinguées du bouddhisme (Butondo) et du confucianisme, venus de Chine. . Ce n'est pas une religion révélée à l'homme. Elle n'a ni fondateur ni prophète.Un des textes fondateurs du Shintô est le Kojiki, ensemble de textes compilés au début du 8ème siècle. C'est un ouvrage relatant les faits anciens, une sorte de chronique mythologique des origines du Japon jusqu'à l'année 628. Le mot shintô signifie "Voie des Kamis", qui sont des divinités tutélaires de toutes les choses. Ils sont les manifestations permanentes du sacré.

A l'origine, on organisait des rites et des fêtes saisonnières pour les célébrer et il existait également un culte individuel shintô. A partir du VIIème siècle, l'Empereur décide de recenser tous les Kamis afin que le gouvernement central leur construise des sanctuaires afin de de leur accorder la révérence qui leur est due.

Le sanctuaire shintô est l'habitation du Kami et il est lié à un coin de la Nature : une montagne, un bois, une cascade. Le temple est une structure simple en bois. Traditionnellement, le bâtiment doit être reconstruit tous les 20 ans. Les rites de purification sont essentiels au shintô, ainsi que les offrandes. Le Kami est représenté symboliquement dans le sanctuaire par un emblème ou une statue. Dans le religion shintô, le kami peut donc prendre n'importe quelle forme. Leur caractère est ambigu à l'image de la nature elle-même. Même les meilleurs Kami possèdent un arami-tama (esprit de violence) qu'il faut apaiser par des rituels appropriés.

C'est là qu'intervient une autre notion associée à celle de kami, également largement représenté dans le film : c'est la notion de tatari, notion à valeur essentiellement morale de nos jours, mais toute aussi archaïque que celle de kami. N'importe quel kami peut être frappé d'un tatari (tatari est souvent traduit par malédiction ou châtiment) à l'occasion d'une faute ou tsumi. Le tsumi traduit dans sa conception moderne, l'idée de "mauvaise action" qui obscurcit l'entendement et fait obstacle à l'illumination, au salut. Il peut donc être interprété comme une souillure de l'âme. Dans une conception plus ancienne le tsumi a un caractère plus physique : c'est le contact du sang, de cadavre qui constitue la souillure. En fait on peut être victime d'un Tatari par simple contact (même involontaire) avec un Kami lui-même frappé par une malédiction. Pour échapper aux conséquences d'un tatari imprudemment encouru, il faut se purifier soi-même et son entourage.


Kami et Tatari dans Princesse Mononoke

Dans Princesse Mononoke, Miyazaki a élevé au rang de kami les animaux. Si Miyazaki a choisi les animaux comme kamis, c'est probablement parce qu'il envisage ses films aussi comme des grands divertissements populaires. Les animaux sont beaux, majestueux. Ils montrent également la dureté et la cruauté de la nature. Les autres formes de kamis seraient apparues plus austères et auraient donc été moins attrayantes pour le public. Miyazaki est un fervent shintoïste et sa représentation des kamis (immenses animaux usant de la parole) est audacieuse car très éloignée des théories shintoïstes modernes. La plus osée est de loin celle du Shishi Gami lui-même (Dieu-cerf), avec son visage étrangement humain. En réalité cette représentation sert le film et montre que le maître privilégie dans une certaine mesure le message écologiste qu'il veut faire passer au détriment de la rigueur religieuse, même s'il ne l'avoue pas ouvertement.

Une autre notion fondamentale que Miyazaki exploite dans l'histoire est celle du tatari. Là encore le maître prend l'initiative de la représentation. En fait le degré de liberté est grand car le Tatari aujourd'hui est une notion principalement morale et les connaissances sont très vagues sur ses représentations primitives. Miyazaki a choisi de concrétiser cette malédiction par une multitude de vers noirs grouillant autour du porteur du tatari parce qu'il a l'impression que, quand il est très énervé, de telles formes poisseuses vont jaillir de tout son corps !

Dans Princesse Mononoke, le tsumi qui provoque le tatari est l'excès de haine et de colère qui atteint son apogée dans la souffrance physique : Nago, le Tatari Gami du début du film, a été rendu fou de douleur par une balle d'arquebuse tirée par Eboshi et, accumulant la haine, il est devenu maléfique. De façon assez similaire, Okkotonushi est frappé d'un tatari quand les hommes de Jiko Bou camouflés dans des peaux de sangliers viennent essayer de l'achever alors qu'il agonise.

Par ailleurs, la possibilité de pouvoir échapper aux effets du tatari par la purification est un élément qui nous aide à mieux interpréter la fin du film quand le Shishi Gami vient donner un baiser mortel à Okkotonushi. San, qui a largement été souillée par le tatari (par imprudence et non à la suite d'un tsumi) va être amenée par Ashitaka dans les eaux sacrées du lac du Shishi Gami. Ce sont ces eaux qui vont la purifier et la sauver du sort réservé aux victimes du tatari quand le dieu-cerf vient mettre fin à la malédiction. Dans cette scène il faut bien voir le tatari comme un tout. C'est le même tatari que portent Okkotonushi et Moro qui s'est souillée en venant sauver San. C'est pour cela que Moro meurt avec Okkotonushi.

On retrouve tous ces mêmes éléments au début du film lorsque Ashitaka est victime de la malédiction pour avoir été en contact avec Nago. On tente en vain de le purifier en versant de l'eau pure sur son bras, mais ce n'est pas un maléfice suite à une imprudence. Le héros a commis un tsumi en décochant la flèche qui a achevé le sanglier.

Enfin, lorsque San découpe et plante une branche sur l'île du Shishi Gami, il s'agit là encore d'une référence au culte Shintô. En effet, la branchette est probablement du Sakaki, offrande aux Kami pour s'attirer leurs faveurs. On appelle ce rite un Tamagushi. Dans la scène du film, San tente donc d'attirer le dieu-cerf sur le sort d'Ashitaka.


La nature au Japon

Le Japon se caractérise par une grande diversité dans sa végétation: plus de 2500 espèces dont 150 essences d'arbres environ, soit une variété deux fois plus importante qu'en Europe. Dans Princesse Mononoke, les différents types et niveaux de végétation sont magnifiquement rendus. Les décors de la forêt profonde mêlent une dense végétation faite de mousse et de fougères, à des petites fleurs que l'on ne soupçonne pas pouvoir fleurir sous les grands camphriers.

Il faut savoir que 70% de l'archipel nippon est montagneux. La prépondérance des crêtes, cols et vallées a établi de nombreuses frontières naturelles. Frontières entre villages et provinces mais aussi entre l'homme et les dieux. Les montagnes japonaises sont en effet très escarpées. Dans ses parties difficiles d'accès, la forêt y est préservée dans sa forme primaire et son coeur abrite de nombreuses divinités selon les croyances shintô.

Dans le film, conservant la beauté rare des lieux encore vierges de toute présence humaine, la forêt est encore habitée par des créatures, des esprits supérieurs de la nature. Ceux-ci sont chargés de la défendre face à l'homme qui, dans son expansion, défriche sans cesse.

La forêt était encore souveraine sur une bonne partie du territoire national il y a quelques décénnies seulement. Elle était respectée, de nombreux espaces étaient craints et donc jamais fréquentés. Dans Princesse Mononoke, on voit bien que la forêt suscite une immense peur : Kouroku le vacher est littéralement terrorisé par les Kodamas, ces petits esprits des arbres qui n'ont pourtant vraiment rien d'effrayant.

Mais depuis la défaite de la seconde guerre mondiale, les Japonais n'ont cessé de déboiser pour construire des habitations puis pour se fournir en pâte à papier. Pourtant, jusqu'à très récemment, les gens craignaient sincèrement de tomber sur un kami néfaste… Mais c'est de moins en moins vrai avec la raréfaction de ces lieux (70% du manteau forestier japonais est dû au reboisement ou est formé de forêts secondaires) et avec l'occidentalisation de la culture qui tend à rationaliser les esprits.


Retour à un sentiment religieux originel

Dans Princesse Mononoke, Miyazaki redonne à la nature cette image qu'elle a tendance à perdre aujourd'hui au Japon. La forêt y est davantage qu'un arrière-plan, c'est une présence vivante dont l'âge, le mystère, la beauté sereine et profonde peut émerveiller et guérir. Selon les mots de l'auteur lui même, il suffit, pour prendre conscience de l'importance de l'environnement, « de revenir à ce sentiment religieux originel, cette idée forte qu'il y a quelque-part, au fin fond des montagnes, une fontaine de pureté que l'on doit préserver… Il est inutile de philosopher, il faut simplement respecter la vie, essayer de laisser un monde où il soit encore possible de vivre harmonieusement ».

C'est bien ce "retour à ce sentiment religieux originel" -commun au shintô et au bouddhisme- que Miyazaki propose dans son oeuvre. Il ne prône pas un retour à la tradition religieuse en soi. L'auteur veut simplement faire partager sa conviction que la nature est quelque chose d'essentiel, de magnifique et de terrifiant à la fois. L'idée que la forêt abrite des forces, des démons ou des dieux bienveillants est intéressante. Elle nous rappelle la grande influence que peut avoir la nature sur nous. Il suffit de marcher seul la nuit dans la forêt pour s'en rendre compte.


Chamanisme

San, la "princesse des spectres" et l'oeuvre toute entière présentent de nombreux aspects que l'on peut mettre en parallèle avec le chamanisme. La foi de San en la nature, sa croyance aux esprits, ou la présence dans le film d'une forge ne sont que quelques exemples. Ce dernier choix n'est d'ailleurs pas anodin puisque chamanes et forgerons sont, d'une certaine façon, intimement liés.

Le chamanisme, originaire de Sibérie, se retrouve à la périphérie de certaines religions amérindiennes comme africaines. D'où des ressemblances entre l'attitude de San et certains rites africains. En effet, le chamane s'animalise: San porte une peau de loup et a les joues peintes. Revêtue de son masque (qui dissimule son esprit), elle entre en état de transe. Et c'est une furie qui s'attaque à la forge. Elle court alors très vite, recourbée tel un animal. Elle ne parle plus, ne fait que gémir et se bat tout en donnant des coups de tête.

Son art réside dans cette rapidité, cette surnature animale, mais elle doit assumer jusqu'au bout cette assimilation. En général, la bête finit comme gibier.... Le chamanisme repose en effet sur cette réciprocité: les animaux sont le gibier des hommes, mais les esprits des bêtes sauvages se nourrissent de la chair et du sang des hommes. C'est une relation d'échange qui s'opère entre les deux mondes. Quand Eboshi s'attaque à la forêt, on peut penser qu'elle rompt cette alliance, d'où la violente réaction de San contre la maîtresse des forges.

Lorsque San veut littéralement égorger Ashitaka, elle cherche une compensation à la destruction de la forêt. Or, elle ne surmonte ce trouble qu'auprès du jeune-homme qui, contrairement aux deux camps, est un modèle de quête personnelle. Ainsi, le chamane, calmé, peut-il avoir des effets inverses, en l'occurrence des dons régénérateurs. Lui-même en relation avec les esprits, il établit un lien entre l'homme et les divinités.

Le shintô se situe à la frontière du chamanisme, car la place de la femme est différente dans ces deux courants religieux. Le choix de Miyazaki, montre une fois de plus la place privilégiée qu'il lui accorde.


Ere Muromachi

L'histoire de Princesse Mononoke se déroule au moyen-âge japonais et plus précisément à l'ère Muromachi. C'est une période trouble marquée par de nombreux conflits, mais qui a surtout été le théâtre de profonds bouleversements politiques, sociaux et technologiques.

S'étalant sur une longue période allant de la fin du 14ème à la fin du 16ème, elle commence avec le règne du shogun Ashikaga Yoshimitsu (1378-1392) et se poursuit avec les descendants de sa dynastie. Bien que respecté, le pouvoir impérial est alors déjà très affaibli et l'empereur n'a qu'un rôle figuratif. Mais cette noblesse traditionnelle est bousculée par les classes populaires de plus en plus influentes. Cette émergence se manifeste par la création de Do Ikki, unions solidaires de personnes luttant chacune pour un objectif propre, mais allant contre le despotisme shogunal. Ces alliances très bien organisées seront très actives dans les années 1420-1430 et le pouvoir en place ne résistera pas. Ainsi, le Shogun Yoshinori, considéré par beaucoup comme un despote, finit par être assassiné en 1441. Il s'ensuit alors une période d'anarchie politique qui va durer jusqu'à la fin du siècle avec le coup d'Etat de Kyoto par Hosokawa Masamoto (1493).

Princesse Mononoke semble se dérouler dans la deuxième moitié du 15ème siècle, au temps de la guerre d'Onin (1467-1477), à en croire les paroles d'un ancien d'Emishi au début du film : « J'ai entendu dire que le pouvoir de l'Empereur n'est plus, et est remplacé par celui des Shogun qui, à leur tour, se sont cassés les dents.» Néanmoins l'introduction au Japon des armes à feu (qui apparaissent dans le film) date plutôt de la deuxième moitié du XVIème siècle.

L'anarchie qui règne à cette époque a permis à l'ambitieuse Dame Eboshi de créer sa communauté de laissés-pour-compte, qui s'apparente fortement à une de ces Do Ikki. Eboshi incarne aussi les progrès en matière sociale, économique et technique qui caractérisent cette époque. Ses forges sont le symbole de l'ère moderne naissante avec des avancées technologiques comme les armes à feu.

Ces bouleversements s'accompagnent aussi de changements dans les mentalités. C'est une époque charnière dans les relations entre les japonais et leur environnement. La production a fait un énorme bond, ce qui a entrainé un énorme déboisement. Les forgerons du film commencent à perdre leur croyances et à chasser leurs superstitions. Plus libres, plus humanistes et plus matérialistes, ils ont le sentiment qu'ils peuvent conquérir et exploiter la nature.

L'époque de Muromachi était une ère confuse, mais finalement vivante et riche en changements. La rigide structure de classes samourai/paysans/artisans n'était pas encore établie. Les femmes avaient plus de liberté et de nouvelles formes d'art ont fait leur apparition. Miyazaki a choisi cette époque car il y voit des similitudes avec l'époque actuelle, où les nombreux progrès se font dans une certaine confusion.

Je vous ai présenté ici les 2 principaux axes que je jugeais intéressants en rapport avec ce Blog (l'Histoire et la Culture qui l'a influencée) mais vous trouverez des informations bien plus complète sur le site dont je vous parlais en début de Post.


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