vendredi 29 septembre 2017

Les Voyages extraordinaires de Jules Verne ou le roman géographique au XIXe siècle

J'avais brièvement parlé brièvement de Jules Verne ici, je viens de tomber sur ce lien qui recense plusieurs sites où l'on peut télécharger gratuitement les différents romans qui composent la collection des Voyages Extraordinaires. Parce que sur ce Blog on se cultive aussi.




Célèbre dans le monde entier, la série des Voyages extraordinaires de Jules Verne reste pourtant méconnue. D'abord parce qu'elle n'a plus été rééditée dans son ensemble depuis longtemps. Ensuite parce que l'image assez fausse que l'on avait de Jules Verne commence seulement, depuis deux décennies, à se modifier : au vulgarisateur de la science succède enfin un grand auteur, qui a tissé une œuvre unique dans laquelle se mêlent tous les genres littéraires connus, tous les enjeux sociaux et esthétiques de son temps et, même, de toute l'époque moderne. Les Voyages extraordinaires mettent en exergue les problèmes dus à l'écologique, au climat, à la rencontre de l'autre, à la lutte des classes, aux stratégies de l'écriture, etc. Enfin, les derniers progrès de la recherche vernienne ont permis d'une part de repérer la date de rédaction de l'ensemble des romans, qui souvent présente de grands écarts avec celle de l'édition et, d'autre part, de découvrir les interventions du fils de Verne, Michel, qui modifia les posthumes de son père et inventa de toutes pièces deux Voyages extraordinaires.

L’œuvre de Jules Verne (1828-1905) est actuellement l’une des plus lues et des plus traduites au monde. Parmi les 80 romans et autres nouvelles que l’auteur a publiés, 62 composent le corpus des Voyages extraordinaires. En son temps déjà, l’écrivain revendique l’appellation de romans géographiques pour qualifier ses écrits où l’imaginaire occupe une place essentielle. Acteur majeur dans la transmission d’un savoir géographique grandissant à une époque marquée par les découvertes, les voyages, les explorations, le récit vernien repose sur différentes composantes récurrentes qui permettent de mieux cerner les contours d’un genre qui se dessine dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

Le roman géographique repose sur une inversion chronotopique qui assure le passage des fictions romanesques basées sur l’ici-autrefois (roman historique) vers l’ailleurs-maintenant et l’ailleurs-autrefois. C’est par l’intermédiaire d’un opérateur que nous qualifions de « merveilleux géographique » que le romancier articule notamment ce passage du réel vers l’imaginaire, et son retour. Figure de rhétorique récurrente, la métaphore — déclinée dans de nombreux registres — assure au romancier la possibilité d’écrire autrement cet ailleurs géographique qui cristallise de nombreux mythes, symboles et éléments exotiques. Le roman géographique au XIXe siècle procède enfin d’un discours essentiellement possibiliste – dans une période fortement marquée par le colonialisme – où l’homme, grâce à ses efforts, à ses initiatives, apparaît en mesure de transformer et de s’adapter à une nature parfois très hostile. L’œuvre de Jules Verne illustre justement comment imaginaire et géographie peuvent cohabiter au sein du récit dans le cadre d’un genre qui se constitue à un moment clef de l’histoire de notre discipline.


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