dimanche 12 février 2023

L'héritage d'Astro : les mangas de science-fiction



Astro, le petit robot (鉄腕アトムTetsuwan Atomu) est une série de shōnen mangas d'Osamu Tezuka publiée entre 1952 et 1968. Avec 100 millions de volumes commercialisés, c'est l'une des bandes dessinées les plus vendues au monde.

L'histoire se focalise sur les aventures d'un jeune robot nommé Astro et une sélection de personnages apparaissant tout au long des épisodes. Il est vu par son auteur comme un nouveau Pinocchio, élevé dans une famille normale, qui fait l'interface entre les cultures des hommes et des machines.

Le manga est adapté en une série d'animation, Astro Boy, diffusée pour la première fois au Japon entre 1963 et 1966. Cette production de Mushi Production, le studio de Tezuka, constitue la première série animée japonaise. Une reprise en couleur produite par Tezuka ProductionsAstro, le petit robot (Shin Tetsuwan Atomu), est diffusé entre 1980 et 1981 au Japon. Une troisième adaptation, Astro Boy 2003, est diffusée entre 2003 et 2004. Une adaptation cinématographie sort en 1964, et un film américain en 3-D sort le . Enfin, une nouvelle série également produite par Tezuka Productions est en cours de développement sous le nom de Astro Boy Reboot.

Synopsis

Astro Boy est une série de science-fiction se déroulant dans un monde futuriste dans lequel les robots coexistent avec les humains. Elle est basée sur les aventures d'Astro Boy (souvent et simplement nommé « Astro »), un puissant robot créé en 2003 (dans le manga original) par le chef du Ministère de la Science, Docteur Tenma (alias 'Dr. Astor Boyton II' dans la version anglaise des années 1960) pour remplacer son fils Tobio ('Thomas' dans la version française des années 1960 ; 'Toby' dans la version anglaise des années 1980 et dans le film de 2009), mort dans un accident de voiture (qui a fugué dans l'anime de 2003 ; évaporé dans le film de 2009). Dr Tenma construit Astro à l'image de Tobio et l'élève par amour comme il l'aurait fait avec son véritable fils Tobio. Mais il réalise bientôt que le robot ne peut combler le vide qu'a laissé son fils, car Astro ne pouvait ni exprimer les traits de caractère d'un humain, ni vieillir comme le fait tout humain. Dans l'édition originale de 1960, Tenma rejette Astro et le vend à un cruel directeur de cirque, Hamegg.

Plus tard, on s'aperçoit qu'Astro a été doté de pouvoirs hors du commun et d'une capacité exceptionnelle à se battre. Astro combat le mal, le crime et l'injustice. La plupart de ses ennemis sont des robots qui haïssent les humains, qui sont devenus fous, ou des envahisseurs extraterrestres. Presque tous les épisodes impliquaient Astro dans un combat avec d'autres robots.

Personnages

  • Astro (alias Tetsuwan Atomu alias Astro Boy) : un super-robot qui a été bâti à l'effigie de Tobie, le fils décédé du Docteur Tenma. Rejeté par ce dernier, il fut vendu à un cirque et trouvé par le professeur Ochanomizu, qui le prit sous son aile et le forma en super-héros défenseur de la Terre, de l'humanité et de l'harmonie entre hommes et robots. Astro est capable de voler grâce à des réacteurs dans ses jambes, possède une force colossale provenant d'un moteur de 100 000 chevaux (monté à 1 000 000 chevaux par la suite) et est muni d'une mitrailleuse. Il peut déclencher un rayon laser destructeur par son doigt, transformer son bras en canon laser encore plus destructeur et peut projeter des faisceaux de lumière aveuglante à travers ses yeux.
  • Professeur Ochanomizu (alias professeur Caudrine alias Docteur O'Shay) : un vieux scientifique japonais au gros nez, le professeur Ochanomizu est un idéaliste qui oeuvre pour la paix et l'harmonie entre robots et humains. Agissant comme figure paternelle envers Astro, il est toujours à ses côtés pour l'aider et le réparer. Son nom signifie « eau de thé » en japonais et est aussi le nom d'une station métro au Japon.
  • Docteur Tenma (dit Docteur Umatarô Tenma ou Docteur Nagamiya Tenma, alias Docteur Balthus alias Docteur Boynton alias Docteur Peabody) : le créateur d'Astro. Le docteur Tenma était un grand scientifique japonais, parmi les meilleurs en robotique. Négligeant sa famille, son fils Tobie se tua dans un accident de voiture. Ne pouvant accepter cette perte qui dérangea son équilibre mental, Tenma créa un robot à l'image de son fils pour le remplacer, et lui donna des super-pouvoirs pour qu'il puisse se protéger de malheurs. Tenma finit par remarquer qu'il ne pouvait pas aimer un robot comme un fils, surtout dû au fait que Tobie-robot ne grandissait pas. Le rejetant, Tobio-robot finit dans un cirque mais revient dans le monde comme Astro. Depuis, Tenma agit dans l'ombre pour aider Astro ou bricoler sur quelques sombres desseins au profit des robots. Son nom signifie « cheval des cieux » en japonais.
  • Shunsaku Ban (alias Higeoyaji alias Oncle Moustache alias Wally Kisagiri alias Professeur Morse) : le professeur d'école d'Astro, un homme trapu chauve doté d'une grosse moustache blanche. Se décrivant comme un Tokyoïte de troisième génération, il est aussi détective privé à ses heures libres (voir par exemple son rôle dans Metropolis et nombreuses autres œuvres de Tezuka). Ban est toujours prêt à prêter main-forte à Astro, se servant de ses talents d'investigateur et ses connaissances en arts martiaux.
  • Uran (alias Zoran alias Uranie) : la petite sœur d'Astro. Elle a été construite par le professeur Ochanomizu afin d'agrandir la famille d'Astro. Uran est une petite fille immature tantôt chipie tantôt garçon manqué, mais toujours aux bonnes intentions. Elle possède un moteur de 100 000 chevaux, mais sans les autres pouvoirs d'Astro. Son nom est une abréviation d'uranium.
  • Cobalt : le jeune frère d'Astro. Il a été construit par le professeur Ochanomizu alors qu'Astro avait disparu, et les autorités avaient besoin d'un robot dans son genre pour aller désamorcer une bombe. Cobalt, ressemblant à Astro bien que plus grand et mince, n'est cependant pas aussi intelligent et adroit que son frère. De par ces caractéristiques il ressemble à Luigi, de la série Mario.
  • Tamao (alias Halejo) : le camarade de classe d'Astro. Petit, portant lunettes et casquette, Tamao est l'intello de la classe et se fait parfois brutaliser par ses camarades. Il est un bon ami humain d'Astro. Le personnage est une caricature de Tezuka lui-même à l'époque où, enfant, il gardait une casquette sur la tête pour ne pas qu'on touche son crâne rasé.
  • Shibugaki (alias Abercrombie) : le camarade de classe d'Astro. La brute épaisse de la classe, il cherche souvent la bagarre et Tamao est souvent sa victime. Finalement, il finira par s'adoucir et sera du côté d'Astro avec Tamao.
  • Kennichi (alias Kennedy alias Ken) : le neveu de Shunsaku Ban. C'est un garçon aimant les animaux et qui a l'intention de devenir détective comme son oncle.
  • Inspecteur Tawashi : l'inspecteur de la police japonaise. Homme droit et intègre, Tawashi se retrouve fréquemment pour ou contre Astro. Son nom signifie « aigle de la rizière » en japonais.
  • Commissaire Nakamura : le commissaire de la police japonaise. Petit homme grassouillet, il a du mal à affirmer son autorité et se fait souvent prendre la vedette par Tawashi.
  • Skunk Kusai : un cruel gangster local, Skunk Kusai se spécialise dans toutes les casses en ville, et Astro arrive toujours pour l'arrêter. Skunk signifie « mouffette » en anglais et Kusai signifie « puant » en japonais.
  • Kinsankaku : un gangster international se spécialisant du trafic de machines jusqu'à l'exploitation illégale de ressources naturelles. Il se fait toujours confronter par Astro. Son nom signifie « triangle d'or » en japonais.
  • Atlas : un clone d'Astro pourvu d'un « facteur omega » qui le rend maléfique.
  • Blue Knight (alias le Chevalier Bleu) : un robot en armure bleue de chevalier qui combat pour la liberté des robots opprimés par les humains. Il veut créer Robotania, un pays peuplé seulement de robots. Ses moyens peu orthodoxes obligent Astro à intervenir.
  • Scara : une femme extraterrestre issue d'une race de sauterelles humanoïdes géantes. Elle est tombée sur la Terre avec Astro lors d'un voyage dans l'espace qui a mal tourné. Naïve et superficielle (son personnage est fondé sur Scarlett O'Hara d’'Autant en emporte le vent), elle cause bien des embarras à Astro.
  • Ham Egg : le cruel directeur du cirque qui y a exploité Astro. Il devint par la suite un membre de la pègre.

Médias

Manga

Le manga est originellement publié entre 1952 et 1968, suivie par une publication journalistique (1967–1969) et deux autres séries en 1972-73 et 1980-81. Les histoires du manga original de Tetsuwan Atomu sont publiées plus tard en version anglaise par Dark Horse Comics, traduit par Frederik L. Schodt.

En France, à partir de 1996, des histoires d'Astro Boy ont été publiés chez Glénat avec un total de 12 tomes. Une nouvelle édition a été publiée chez Kana à partir de 2009 avec au départ 5 tomes. Il ne s'agit pas de toutes les histoires d'Astro Boy mais d'une anthologie. En 2012, pour les 60 ans d'Astro Boy, Kana a décidé de publier un sixième tome. Puis 10 ans près, en janvier 2022, Kana sort un septième tome.

Séries d'animation

Astro Boy est une série télévisée d'animation de science-fiction japonaise en 193 épisodes de 25 minutes, produite par les studios Mushi Production situés à Fujimidai, dans le district de Nerima (Nord-Ouest de Tokyo), d'après le manga Astro boy (Tetsuwan Atom) et diffusée du  au  sur Fuji TV. En France, la série est inédite.

Astro, le petit robot (Shin Tetsuwan Atom) est une série télévisée d'animation de science-fiction japonaise en 51 épisodes de 20 minutes, produite par les studios Tezuka Productions et diffusée du  au  sur NTV. En France, la série est diffusée à partir du  sur TF1 et rediffusée sur la même chaîne dans le Club Dorothée.

Astro Boy 2003 est une série télévisée d'animation de science-fiction japonaise en 51 épisodes de 24 minutes, produite par les studios Dentsu Inc. Sony Pictures Entertainment et Tezuka Productions et diffusée à partir du  sur Animax et Fuji TV. En France, la série est diffusée à partir du  sur France 3 dans l'émission France Truc.

Une nouvelle série du nom de Astro Boy Reboot a été annoncée en 2014 et serait pilotée par Tezuka Productions au Japon, Shibuya Productions en France et Caribara Animation à Monaco. Il s'agit d'une série qui sera constituée de 26 épisodes de 26 minutes ciblant les 8 à 12 ans.

Une autre série du nom de Little Astro Boy produite par Tezuka Productions et Planet Nemo Animation a été annoncé pour le marché occidentale (il existe une série du même nom coproduite avec une chaîne nigérienne pour le marché africain). Contrairement à Atro Boy Reboot, ce projet est plus orienté pour les jeunes enfants. Le projet a ensuite été renommé Go Astro Boy Go! (Go! Go! Atom) et a commencé à être diffusé au Japon en octobre 2019. La série sera constituée de 52 épisodes de 11 minutes.

Pendant le Festival international du film d'animation d'Annecy de  une nouvelle série de 52 épisodes de 26 minutes réalisée par le français Thomas Astruc et coproduite par Mediawan et Shibuya Productions est annoncée.

Films

Les films adaptés du manga incluent :

  • Astro Boy: Hero of Space (1964)
  • Astro Boy: Shinsen-gumi (1985)
  • Astro Boy (2009)

Jeux vidéo

SEGA publie, en 2005, un jeu vidéo basé sur les aventures d'Astro Boy, intitulé Astro Boy, sur console de jeux vidéo PlayStation 2, un jeu d'aventure orienté action par la Sonic Team. La même année, Astro Boy: Omega Factor sur Game Boy Advance, un jeu de plates-formes orienté Beat'em all est publié par Treasure Co. Ltd.

Manga par d'autres auteurs

Le manga Pluto de Naoki Urasawa, sorti en 2004, reprend dans un style policier l'arc, Le robot le plus fort du monde.

Dans un manga de 2004 de Tetsuwan Atom écrit par Akira Himekawa, l'histoire, comme pour le design des personnages, suit les aventures de la série animé de 2003. La couverture est différente de celle créée par Tezuka. Cette version du manga est publiée en anglais par Chuang Yi et distribuée en Australie par Madman Entertainment. En France, il a été publié en 3 volumes par les éditions Panini.

En 2009, Akira Himekawa sort une nouvelle adaptation de Astro avec Astroboy – La légende du chevalier Azur composée d'un volume édité au Japon par Kadokawa Shoten et en France par Soleil. Tout comme Pluto, ce manga reprend un chapitre de Astro Boy qui est ensuite remanié et réécrit. Dans cette histoire, Astro Boy passe au second plan pour mettre en avant le Chevalier Azur.

Une préquelle est également publiée sous le nom d'Atom: The Beginning, publiée depuis décembre 2014 et est toujours en production. Elle est écrite et dessinée par Tetsuro Kasahara, sous la supervision de Makoto Tezuka et Masami Yuki.

Autres

Six romans de Gilles Legardinier sont parus chez Pocket Jeunesse entre septembre 2005 et novembre 2005 :

  • Astroboyvol. I : Première mission, Paris, Éditions Pocket, 
  • Astroboyvol. II : Le piège diabolique, Paris, Éditions Pocket, 
  • Astroboyvol. III : Le secret d'Astro Boy, Paris, Éditions Pocket, 
  • Astroboyvol. IV : Astro Boy contre Astro Boy, Paris, Éditions Pocket, 
  • Astroboyvol. V : Le train de la peur, Paris, Éditions Pocket, 
  • Astroboyvol. VI : Un drôle d'espion, Paris, Éditions Pocket, 

Les autres médias incluent la bande originale Astro, le petit robot, générique de la version québécoise par les Petits Chanteurs d'Asnières.

Un jeu de société, nommé Astro Boy Saves the Universe Game (2004), édité par Briarpatch, de 2 à 4 joueurs pour une durée de jeu de vingt minutes, est commercialisé.





Créé en 1952 par Osamu Tezuka, Astro Boy est un symbole du Japon qui se reconstruit après la guerre avec la paix et la technologie.


1949 – 1951 : Les premiers pas sur la robotique d’Osamu Tezuka.

La robotique et la technologie sont au cœur de l’œuvre de Tezuka dès ses débuts. En 1949, Tezuka publia Metropolis : le robot Mitchii est poursuivi par des scientifiques dans les rues de Metropolis. Tezuka posait déjà les questions sur le progrès technique.





En 1951, Tezuka publia Atomu taishi (Ambassadeur Atom) qui présente deux planètes en guerre. Un scientifique en deuil après la mort de son fils fabrique un robot, Astro, pour le remplacer. Astro sauve les deux mondes en guerre. Même s’il n’est qu’un personnage secondaire dans cette histoire, Astro va plaire aux lecteurs.


 
Astro Boy (Ambassadeur Atom, 1951)


1952 -1981 : Développement et valeurs d’Astro Boy.

En 1952, Tezuka commença Astro Boy (Tetsuwan Atomu en vo, qui signigie Atome au bras de fer) en reprenant des éléments de Ambassadeur Atom.


 
Astro Boy


L’histoire se déroule dans un 2003 futuriste où les robots servent les humains dans des activités quotidiennes. Tobio, un jeune garçon, meurt dans un accident de voitures. Son père, le scientifique Tenma, fabrique un robot, Astro, pour remplacer son fils. Si Astro a des sentiments, une capacité de jugement, il n’est pas Tobio, alors Tenma le vend. Le professeur Ochanomizu récupère Astro et le confie à un couple. A partir de là Astro met ses compétences au service de la justice et de la paix.
Durant la publication, 1952 à 1968, de 1969 à 1976, de 1980 à 1981, Tezuka développa des thèmes dans son manga.

L’éthique de la robotique.

Si les robots sont soumis à des lois (servir et ne pas agresser les humains), des humains utilisent des robots à des fins criminelles comme le professeur Haido à Robotland, le sultan avec Pluto, le docteur Ram et Atlas, Walpur Guiss avec le second Atlas, et égoïstes Tenma avec Astro au début, le professeur Amanogawa avec Goron, le comte Burg. Ces robots n’attaquent pas d’autres robots pour le plaisir, ils le font parce qu’ils sont programmés pour le faire, par des humains.
Des robots ont un libre arbitre qu’ils mettent au service d’une cause comme le Chevalier Bleu qui veut libérer les robots des humains et créer un État pour les robots avec la capitale Robotania car ses amis robots furent maltraités par le comte Burg.


 
Le Chevalier Bleu (Astro Boy, 1965)


Le développement d’Astro se fit en parallèle du Japon qui développa sa technologie avec Sony, Toyota. Inspirés par Astro, beaucoup de jeunes Japonais s’orientèrent vers des études de sciences.

Le pacifisme.

Tezuka fut marqué par la propagande de guerre japonaise, et par la guerre elle-même en étant témoin d’un bombardement sur Osaka. Il décida de vouer sa vie à la paix, et ce thème est très présent dans ses œuvres. Astro, qui veut la paix, démarre en 1952, année où les troupes américaines quittèrent le Japon après 7 ans d’occupation.

Dans une histoire débutée en 1967, Astro voyage dans le temps et se retrouve en pleine guerre du Vietnam, il essaya alors de sauver un village de Vietnamiens sous les bombes.







Durant une mission le Chevalier Bleu veut libérer des robots ouvriers d’une mine en Afrique du Sud dans une histoire publiée en 1965. Le choix de ce pays n’est pas un hasard, à l’époque l’Afrique du Sud pratiquait l’Apartheid et les Blancs ont plus de droits que les autres citoyens.


 
Le Chevalier Bleu (Astro Boy, 1965) (2)


1959 – 1966 : Les premières adaptations.

De mars 1959 à mai 1960, une série live de 65 épisodes fut produite.


 
Astro Boy (1959)


De 1963 à 1966, une série animée fut produite.


 
Astro Boy (1963)


S’il existait déjà quelques séries animées au Japon, Tezuka et Astro Boy révolutionnèrent le secteur. Astro Boy est basée sur l’animation limitée : peu ou pas de décors, des personnages peu mobiles.

Durant les dialogues, seules les bouches sont animées. C’est une animation qui se limite à l’essentiel. Les artistes travaillent avec une banque d’images : des dessins du visage d’Astro sous différentes émotions, des bras, des jambes, des décors…


 
Dessins pour la série Astro Boy de 1963


Cette animation limitée permit de sortir un épisode par semaine de 1962 à janvier 1966, pour un total de 193 épisodes de 20-25 minutes. Cette technique est utilisée pour faire beaucoup, avec peu de moyens. Les histoires, adaptées du manga, sont alors écrites pour entrer dans le cadre de l’animation limitée. En 1958, le taux d’équipement des ménages japonais pour un téléviseur était de 5,1% (908 710 appareils), en 1962 le taux passe à 49,5% (10 222 116). Ainsi le développement du matériel technique favorisa le succès de la série Astro avec des chiffres allant jusqu’à 40% d’audience.

La série apporte aussi sa différence avec le dernier épisode où Astro se sacrifie pour sauver la Terre.

En 1964, un film animé fut produit : Tetsuwan Atom : Uchuu no Yuusha.


 
Astro Boy – Uchuu no Yuusha (1964)


Le nucléaire.

Le nom Tetsuwan Atomu fait référence à l’atome. Astro fonctionne avec une pile nucléaire. Il a une sœur, Uran (uranium), et un frère, Cobalt (cobalt). Tezuka expliqua qu’Astro ne faisait pas la promotion du nucléaire. Il faut remettre les choses dans le contexte de l’époque : En 1952, quand fut lancé Astro, le Japon n’utilise pas de nucléaire civil. Cette énergie en est à ses balbutiements et ne s’installa qu’à la fin des années 1950 et courant 1960 dans les grandes puissances (États-Unis, France, URSS, Angleterre). C’est en 1954-1955 que le Japon lança ses programmes de recherche nucléaire civile. Au cours des années 1950, il y eut des accidents nucléaires *, mais le nucléaire resta une énergie mise en avant, et les premières contestations ne commencèrent que dans les années 1970.

En 1961, la construction de la centrale nucléaire de Tokai commença et entra en fonctionnement en 1966. Elle fut suivie par la centrale de Fukushima Daiichi et ses 6 réacteurs dans les années 1970. Des dizaines de réacteurs virent le jour dans les décennies suivantes au Japon.

Le manga Astro Boy présenta une vision optimiste du nucléaire civil correspondant à la vision de l’époque, et d’un peuple encore marqué par son usage militaire.

Mais en 1977 et 1978, ce manga fut récupéré par une maison d’édition favorable au nucléaire sans que Tezuka ne donne son accord. Astro devint un ambassadeur du nucléaire dans deux histoires : Atomu janguru he yuku (1977) et Yomigaeru janguru no utagoe (1978).


Atomu janguru he yuku

Yomigaeru janguru no Utagoe


Les années 1980 : Les derniers travaux de Tezuka.

En 1980, Tezuka réalisa une deuxième série animée Astro, en couleurs. Au début du manga, Astro a un moteur atomique fonctionnant avec la fission nucléaire. Mais durant les années 1970, le nucléaire devint un sujet controversé au Japon et dans le monde. Ainsi dans cette nouvelle série Astro, Tezuka fit de la fusion nucléaire la source d’énergie du robot car elle était vue comme plus propre et plus sûre.

Diffusée de 1980 à 1981, cette série eut un taux d’audience de 25% à 40% en moyenne.


 
Astro Boy (1980)


1986 – 1987 : Atom Cat.

En 1986, Tezuka lança un de ses derniers mangas, Atom Cat. Tsugio, fan d’Astro Boy, et son chat Astro sont heurtés par des extra-terrestres. Pour sauver Astro, ils le robotisent à partir des données trouvées dans la mémoire de Tsugio sur le Astro du manga. Dès lors le chat Astro met ses capacités au service de la justice.






Tsugio est le souffre-douleur d’un garçon surnommé Qaddafi, le nom fait référence à Mouammar Kadhafi, ancien dirigeant libyen connu en partie pour son régime autoritaire.


 
Qaddafi (Atom Cat, 1986)


En 1988, Astro Boy est adapté en jeu vidéo sur la console Nintendo. Là encore le héros est adapté sur un nouveau support de son époque, comme il le fut 35 ans plus tôt avec l’animation à la télévision.


 
Astro Boy (1988)


En 1989, Tezuka meurt, laissant au public des dizaines d’œuvres dans le manga et l’animation.

1989 : L’après Tezuka.

Après la mort de Tezuka les projets liés à Astro Boy se font rares dans les années 1990.

En 1994, un jeu vidéo sort sur Super Nintendo. En 1999, un film animé sort : Astro Boy – Volume of the Blue Knight. On retrouve ici le conflit entre Astro et le Chevalier Bleu qui veut libérer les robots.





2003 – 2009 : Le temps des hommages.

Dans le manga, Astro est né en 2003. Cette naissance fut célébrée en 2003 par différents projets.
A Tokyo, la gare de Takadanobaba joue la musique d’Astro, car Tezuka avait son studio de travail dans ce quartier quand il créa Astro.

Le magazine japonais Big Comic Original proposa à Naoki Urasawa de réaliser une œuvre en hommage. Urasawa, passionné par Tezuka depuis l’enfance, réalisa en 2003, Pluto en reprenant l’histoire d’Astro : Le robot le plus fort du monde de 1964. Comme Tezuka, Urasawa aborde les questions de technologie et de paix/guerre : Ici le contexte est très proche de la guerre en Irak de 2003.


 
Alexander – Bush (Pluto, 2003)


Astro n’est plus lié à l’énergie nucléaire, mais à la puissance d’une intelligence artificielle. L’histoire est beaucoup plus complexe que celle de 1964.


Astro (Pluto, 2003)


Dans l’histoire de Tezuka, les robots secondaires avaient tous une apparence non humaine, ici certains ont une apparence humaine.





C’est ici le reflet de l’avancée technologique, car la même année des scientifiques Japonais présentèrent Actroid, un robot avec une apparence humaine.


 
Actroid (2003)


En 2003, une nouvelle série animée vit le jour, Astro Boy 2003, réalisée par Kazuya Konaka.
La série est tournée vers les questions de la cohabitation entre humains et robots avec des robots comme Atlas et le Chevalier Bleu qui contestent les humains.


 
Astro Boy 2003 (2003)


La série fut adaptée en jeux vidéo sur Game Boy Advance et PS2.





En 2003-2004, la mangaka Akira Himekawa réalisa un manga lié à la série animée.






En 2005, un film sorti : Astro Boy : Visitor of 100,000 Light Years, IGZA.


 
Astro Boy – Mighty Atom – Visitor of 100000 Light Years, IGZA (2005)


Akira Himekawa publia le manga Astro Boy – Le chevalier d’azur en 2009. On retrouve l’opposition entre Astro et le Chevalier Bleu.


 
Astro Boy – La légende du chevalier Azur (2009)


2009 – 2019 : Retour à l’enfance et jeux vidéo.

Depuis 2009, les projets autour d’Astro sont souvent tournés vers un public très jeune.

Si le film de David Boyers en 2009 garde des thèmes que l’on peut retrouver chez Tezuka (l’éthique, les conflits), l’esthétique et l’ambiance ciblent un public très jeune. Le film fut adapté en jeu vidéo.





En 2014, Masami Yuki et Tetsuro Kasahara lancèrent Atom the beginning. L’histoire se penche sur la jeunesse de Tenma et Ochanomizu qui fabriquent le robot A-106. Ce manga aborde les questions d’éthique et est tourné vers un plus large public. En 2016, le manga fut adapté en série animée.






En 2014, la série animée Little Astro Boy fut produit pour la marché du Nigeria. En 2015, Astro Boy Reboot a été annoncé, mais c’est toujours en projet.





La série Go Astro Boy Go de 2019 aborde des questions d’écologie.


 
Go Astro Boy Go (2019) (1)
 
 
Go Astro Boy Go (2019) (2)


Côté jeux vidéo, plusieurs projets ont été mis en place :

Sur téléphone portable, il y a plusieurs jeux : Astro Boy, Astro Boy Dash, Astro Boy siège attaque alien, Astro Boy Crunch, Astro Boy Edge of time.








En 2019, une bande dessinée, Astro boy année zéro, est annoncée pour l’automne 2019. Elle est scénarisée par Jean-David Morvan, et dessinée par Guillaume Martinez et Gérald Parel. Sur une image promotionnelle, on voit une silhouette qui ressemble à celle de Pluto.


Astro Boy année zéro (2019)


L’image d’Astro Boy est encore forte chez beaucoup de personnes, qui souvent ont grandi avec lui, et s’en inspirent sur différents secteurs.

En 2012, des manifestants Japonais pro-nucléaire utilisèrent l’image d’Astro sur une pancarte.


 
Manifestation pro-nucléaire (2012)


Le 4 août 2013, l’androïde japonais Kirobo décolla du Japon à bord d’une fusée nippone pour rejoindre la Station Spatiale Internationale. Il fut rejoint par Koichi Wakata. Mirata resta au sol. Le but de ce robot est de voir si sa présence peut être un soutien moral à un humain en mission spatiale. L’esthétique de ces robots est emprunté à Astro.


Kirobo et Mirata (2013)


Personnage secondaire, Astro Boy s’est vite révélé être le personnage principal de son propre manga. Après la Seconde Guerre mondiale, Astro Boy est devenu un symbole du renouveau par la science, la jeunesse et le pacifisme du Japon. Le personnage a été adapté à différents formats suivant son époque : série live, série animée, jeux vidéo, mais il a aussi été réactualisé avec Urasawa et un contexte des années 2000. Si les années 2010 ont vu Astro être un personnage pour un public très jeune, les années 2020 seront peut-être différentes, car Astro, l’enfant de la science, peut être un symbole qui s’adapte.

* laboratoires nucléaire de Chalk River en 1952 au Canada, Kychtym en 1957 en URSS, Windscale en 1957 en Angleterre

(Sources quelques part ici et ailleurs)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire