samedi 14 avril 2018

Après-midi en mode Zombie et partie de Metal Slug

Comme plusieurs soirées cette semaine, j'ai passé mon samedi après-midi en mode Otaku à regarder les dernières heures de Nolife Zombie, entre un reportage sur la scène Démo et le Breakpoint 2008 (visible quelques part sur ce Blog si vous fouillez un peu, très intéressant), l'animation et les cours métrages (notamment sur Jérémie Périn le réalisateur de Lastman), le Hip-Hop et la Breakdance au Japon et plein d'autres surprises, j'ai aussi fais une petite partie de Metal Slug, ça s'accordait bien à l'ambiance avec Nolife Zombie en fond.




Metal Slug (1996)




Ceux d’entre vous qui ont commencé dans les salles d’arcade, et attendu patiemment que les consoles et micros vendus au public puissent faire tourner des jeux s’approchant de ceux nourris en petite monnaie, se souviennent forcément de l’émotion ressentie lors de l’annonce de la sortie de la Neo Geo AES . Avec cette machine, SNK brisait d’un seul coup un tabou aussi vieux que les jeux vidéo eux-mêmes. Une console et une ligne de jeux d’arcade contenant le même hardware, voilà un évènement qui était à l’époque sans précédent. Mais si les jeux d’arcade à base de Neo Geo MVS ont connu un succès probant et incroyablement durable, la console Neo Geo n’a en revanche jamais vraiment pu s’imposer, en raison de son prix et de celui de ses jeux. Même si celui-ci a baissé durant la dernière partie de la carrière de la console, les première cartouches sorties, vendues 4 ou 5 fois plus cher que celles des consoles concurrentes, ne sont jamais vraiment sorties des mémoires. Tous ces problèmes bassement matériels ont longtemps détourné l’attention du public des jeux eux-mêmes, dont la qualité était le plus souvent excellente. Metal Slug se situe au sommet, parmi les meilleurs titres jamais sortis sur la machine.





Il s’agit d’un jeu d’arcade dans le grande tradition de ce qui se faisait à la fin des années 80. Un Contra-like, comme on aurait pu les appeler à l’époque en référence au jeu Contra de Konami, figurant un héros à pied capable de tirer dans toutes les directions et affrontant des tonnes d’ennemis dans un décor à scrolling multidirectionnel. Metal Slug est l’apogée de ce style de jeu, non par les innovations qu’il apporte, mais par la qualité très élevée de sa réalisation, son humour et sa jouabilité hors du commun.

Le héros du jeu rappelle un peu Duke Nukem par son look, mais semble se prendre un peu moins au sérieux puisqu’il a le sourire vissé aux lèvres en permanence. Ce n’est pourtant pas faute d’évoluer dans un environnement hostile : des centaines de soldats dont l’origine n’est pas précise (ils semblent un peu mats de peau et moustachus : des Cubains peut-être ?) veulent l’empêcher de libérer de pauvres otages ligotés et paraissant promis à une mort atroce. Notre héros peut utiliser différentes armes allant du simple pistolet au fusil lance-flammes en passant par le fusil-mitrailleur et le lance-roquettes, et se montre capable de tirer en l’air ou vers le bas lors d’un saut, le tout à une cadence effrénée. Il peut même lancer des grenades qui causent d’énormes dégâts chez l’ennemi. Lorsqu’il est acculé, il sort son couteau et tranche les gorges avec dextérité dans le plus pur style Shinobi, ce qui rend assez efficace la tactique couramment désignée chez les soldats à pied par l’expression "au paquet !". Lors de certains passages difficiles, un petit tank lui est alloué, qui donne son nom au jeu. Là, les choses deviennent plus sérieuses (enfin, façon de parler), le tank en question ayant la même maniabilité que son pilote : il peut se baisser, et même sauter ! … heu... hem… excusez-moi… je reprends : le tank a la particularité de ne tirer que dans la direction où il avance, c’est à dire que lorsque l’on fait demi-tour, la tourelle pivote en passant par une position verticale. Voilà qui n’est pas sans ajouter au jeu un aspect stratégique hautement porteur lors des situations délicates.





Bon, ne nous étendons pas sur les différentes phases de jeu, que vous découvrirez si vous avez l'occasion d'essayer le jeu. De toute façon, les gens de Nazca n’ont pas cherché l’inédit à tout prix, mais plutôt la surenchère. Il serait erroné de mettre Metal Slug dans le lot des jeux de plate-forme qui ont fait les beaux jours des consoles 16-bits. Il n’y a pas ici de passages secrets dissimulés à tous les recoins d’écrans, pas de 1ups à collectionner en début de partie, pas d’ambiance bucolique à la Mr Nutz, et surtout pas de personnages mignons à l’apparence inoffensive. On est dans l’action pure et dure, la baston de tous les instants, le ratatinage primaire du bouton de tir. En revanche, là où ce jeu fait la différence avec quasiment tous ses prédécesseurs, c’est par la façon dont il bouge. On pourrait presque parler de chorégraphie tant les sensations visuelles procurées sont instantanément identifiables et renvoient aux meilleurs jeux d’arcades. À l’écran, c’est un bouillonnement permanent, une véritable fourmilière, et le fait que le joueur ne soit jamais perdu, parvenant sans problème à gérer son héros aux mouvements pourtant assez variés, montre à quel point tout cela est maîtrisé. Pendant longtemps, seuls les jeux d’arcade ont offert un tel spectacle et lorsque deux ou trois personnes se tassaient derrière le joueur pour admirer, ce n’était pas sans lui procurer une sensation de triomphe qui valait bien l’argent dilapidé.




On l’a dit, le principal atout de Metal Slug réside dans ses graphismes et son animation. L’ensemble s’inscrit dans un style visuel BD d’une totale cohérence. Les personnages ont tous un look caricatural plutôt rigolo et les véhicules sont tous dans le même style. Tout a visiblement été crée à la main par des illustrateurs, puis digitalisé. Pas le moindre polygone en vue, donc. Les décors sont absolument somptueux, les plus beaux jamais vus dans un jeu de ce style. Il n’y a pas autant de plans de scrolling que dans certains jeux, mais l’impression de profondeur est très bien rendue par le travail graphique. L’animation atteint le même degré de perfection, avec une profusion de sprites différents pour chaque personnage, chaque explosion, chaque projectile. Même la fumée s’échappant des explosions est animée avec un grand souci du détail. Les ennemis changent d’attitude en fonction des circonstances. Ils se mettent à paniquer lorsque le héros prend le dessus au moyen d’une grosse arme mais, si celui-ci est touché et meurt, se tordent de rire. Leur mort est représentée d’une façon différente pour chaque arme, mais toujours à la frontière entre le gore et l’humour. Pour vous donner un point de repère, l’animation des sprites atteint le niveau de celle de Diablo, sans problème. Les ennemis sont grosso-modo les mêmes tout au long du jeu, mais en revanche les véhicules qu’ils emploient changent et les boss occupent au minimum la moitié de l’écran.

La bande sonore est sans surprise. La musique n’est pas géniale, lourdement inspirée du thème de Back to the future et très répétitive d’un niveau à l’autre. De toute façon, elle est couverte par les explosions. Une voix ponctue l’action en annonçant l’acquisition des armes, le début et la fin des 6 niveaux ou la libération des prisonniers, ce qui est encore une constante des bons vieux jeux d’arcade. Bien sûr la voix bégaie lorsqu’on libère plusieurs prisonniers d’un coup, ce qui ajoute encore au plaisir de la chose.

Quant à la jouabilité et la difficulté du jeu, il faut encore une fois cadrer le débat. Il s’agit d’un jeu destiné aux salles d’arcades, c’est à dire que le but est de provoquer l’insertion de pièces dans le monnayeur tout en évitant le découragement du joueur. En plus, comme pour tous les jeux d’arcade, un menu technique en principe non accessible au joueur permet de régler la difficulté et le nombre de vies (et d’autres paramètres, comme la fonction gore). Dans l’ensemble, avec les paramètres mis au plus bas, un joueur expérimenté peut finir le jeu avec un seul crédit sans trop de difficulté. Pour ce qui est de la version console, 4 crédits, pas un de plus, sont alloués au joueur, et les réglages précédents sont inaccessibles.


Metal Slug 2 (1998)





Devant le tonnerre d’applaudissements provoqué par l’apparition de Metal Slug, une suite a été aussitôt mise à l’étude, et la Neo Geo, après des années de spécialisation dans le jeu de baston en 2d, s’est vue nantie d’une franchise à succès d’un autre style, ce qui est tout à son honneur. Metal Slug était déjà, avec 26Mo de données, le plus gros jeu développé sur Neo Geo et, on pouvait le supposer, le jeu le plus spectaculaire pouvant tourner sur cette console. Pour faire mieux, Metal Slug 2 pèse 44 Mo et parvient, d’une courte tête, à surpasser son aîné, non pas en améliorant une réalisation déjà mirifique mais en apportant son lot de nouveautés. Cette fois, quatre héros sont disponibles, au choix, celui du premier épisode, plus un compère et deux jeunes filles, et le jeu introduit la possibilité de voir le héros dirigé se transformer, ce qui deviendra une constante dans les épisodes suivants. Ici, les transformations se limitent à la momie (dans le niveau 2 seulement, au contact des ennemis) et l'obésité (dans tout le jeu, en cas d'ingestion massive des portions de nourriture disséminées dans les niveaux). Dans les deux cas le gameplay change radicalement, pour plus de difficulté bien sûr, avec à la clé une mobilité réduite, l'impossibilité de combattre au couteau et des armes à la cadence altérée. Des antidotes aux transformations existent, mais en général on meurt bien avant de les atteindre...

Dans l’ensemble le jeu se caractérise par sa variété : rien n’est pareil du début à la fin et un semblant de scénario se profile en fin de parcours. Chacun des 6 niveaux se passe dans un pays différent, et l’ambiance change souvent. On passe d’une cité orientale à une ambiance vietnamienne, des pyramides égyptiennes infestées de momies purulentes à une station de métro typiquement américaine. Par ailleurs, aux habituels soldats ennemis, dont le nombre de types différents est plus élevé, viennent s’ajouter des créatures extra-terrestres absolument effrayantes, dont les hypothétiques origines humanoïdes trouvent une explication lors du combat contre le boss final. On note également dans cet épisode l'accentuation d'une tendance qu'on associera dès lors à la série : la résistance monstrueuse des boss. Chaque combat de fin de niveau est un marathon et représente de ce fait un pic de difficulté.




Les graphismes sont de la même veine que ceux du premier épisode, mais la bande sonore est beaucoup plus réussie. Cette fois les musiques, excellentes, changent à chaque niveau et soulignent l’ambiance graphique, avec une mention spéciale pour celle de la station de métro qui régale par son ambiance rock très seventies.


Metal Slug 3 (2000)





Ce troisième épisode est sorti sur la fin de la carrière de la Neo Geo, et c’est un jeu plutôt rare que je n’ai pas pu essayer. Selon les articles trouvés, le jeu est pratiquement deux fois plus gros que le deuxième épisode, et les photos d’écrans nous montrent que le style graphique est toujours le même (pourquoi changerait-il ?).




Le staff des persos est le même, mais les décors changent du tout au tout : on commence sur une plage envahie de crabes et d'insectes, pour arriver dans les entrailles d'un vaisseau Alien géant (en étant passé par une zone envahie de zombies, une base ennemie, et même un passage dans l'espace !). La diversité est au rendez-vous. Il est à noter que si les 5 premiers niveaux se parcourent assez facilement (les boss sont toujours aussi beaux), le 6eme est totalement monstrueux. J'ai estimé qu'il devait être aussi long que les 5 autres mis bout-à-bout ! La grande nouveauté de ce 3eme opus est la possibilité de choisir son chemin à travers les niveaux. En effet, chaque niveau propose des embranchements qui mènent tous au boss, mais diffèrent totalement. Exemple : on débute dans un désert, puis 3 choix s'offrent à nous : on peut passer par dessus une sorte de pyramide (on affrontera des plantes carnivores), passer à l'intérieur (plantes carnivores puis soldats du Moyen Orient) ou alors en dessous (où l'on aura à exploser des montagnes de vers de terre !).

Voilà qui donne un petit avant-goût de la diversité graphique de MS3. Évidemment, de nouvelles armes et de nouveaux véhicules sont présents (parmi lesquels le Slug Mariner et même l'Eléphant Slug !) et aussi de nouveaux ennemis plus retors. En conclusion c'est, pour moi, le meilleur de la série avec Metal Slug X. Dernier petit détail amusant : MS3 est truffé de références aux épisodes précédents, ce qui est assez sympa pour tous ceux ayant joué aux autres.

Signalons aussi Metal Slug X, qui se présente comme une sorte de remix de Metal Slug 2 avec des petits changements graphiques dans les décors (l'action se passe au coucher du soleil, et non de jour), une animation plus fluide et un niveau supplémentaire.

Metal Slug dans mon Multivers, ce serait quoi, un mélange de films d'action 80, de groupes militaires bien Pulp, de zombies, d'extraterrestres, de savants fous dans leurs laboratoires et certains décors entre Alien ou Indiana Jones... Rien à rajouter, tout est dit pour m'imaginer mener une aventure en mode Metal Slug.

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