Burton et Cyb sont deux gangsters galactiques, minables par leur intelligence lacunaire, ridicules par leurs plans scabreux. L’un, playboy aux poings d’acier, l’autre cyborg, aux armes ultra-perfectionnées, ils évoluent dans un univers déluré, entre la planète Wall-Street, l’astéroïde du plaisir et la planète Raciste, aussi perverti qu’eux et dont ils cherchent par tous les moyens à tirer profit, mettant en œuvre toute leur perfidie. La recette est simple (enfin presque) : établir des plans d’une grande complexité et éventuellement élaborer une seconde arnaque derrière la première. Les seuls obstacles possibles à la réussite sont les imprévus, la poisse et la concurrence d’escrocs plus futés. Les extraterrestres tout comme les colons humains présentent certains traits communs de caractère. On retrouve ainsi chez toute peuplade la cupidité, la libido, la ferveur religieuse et le racisme, sans oublier la tendance à la destruction chez les militaires de toute espèce.
Scénarisées par l’Espagnol Antonio Segura et dessinées par José Ortiz (tous deux décédés) ces histoires se déroulent dans un univers de science-fiction décalé. L’engin spatial des deux loubards galactiques ressemblent à un vieux remorqueur maritime de XX° siècle (avec une cheminée). Il est même capable de voyager dans le temps. Bien entendu il ne s’agit pas d’un but historique, mais d’effectuer un voyage dans le futur pour connaître les résultats du loto avant le tirage. Un petit réglage et...oups. Les dinosaures ne sont pas censés exister dans le futur. Il faut donc en conclure que suite à une "petite" erreur le voyage temporel s’est effectué dans le passé (assez loin). Quant au voyage de retour il n’était pas prévu de ramener un passager clandestin (du genre tyrannosaure). Personne n’a jamais dit que les plans de Burton & Cyb étaient parfaits.
Il n’est d’univers plus foisonnant que celui de Burton et Cyb, qui côtoient tout le long de leurs aventures délirantes les créatures les plus dingues de la galaxie. Il faudra s’armer de science sans conscience pour parvenir à comprendre l’incompréhensible, à saisir l’illogisme du Garou-Loup qui s’il mord un homme devrait donc faire de lui un Garou-Loup-Garou ou peut-être un Garou-Garou ou peut-être un Homme, ou peut-être… ou la logique implacable d’un Cyb cynique qui résout le racisme pour vendre des chemises. Le trait qui porte cette folie scénaristique est à la hauteur de cette ambitieuse série qui malgré son foisonnement a le mérite de captiver le lecteur qui s’empresse de dévorer chaque mini-aventure. En effet, Ortiz manie avec beaucoup de dextérité l’Art du mouvement, compétence utile dans cette BD où castagne, baston et courses-poursuites sont mots d’ordre et sait donner toute la vie nécessaire à des personnages tarés, sans âmes et qui débordent pourtant d’une énergie presque communicative, un peu affolante aussi. En refermant l’ouvrage, on reste dubitatif, presque honteux d’avoir consommé sans s’en apercevoir une bande dessinée si peu conventionnelle. L'esprit de la BD est vraiment adapté à MEGA et de mon côté j'ai commencé à me re-procurer les albums.
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