lundi 5 décembre 2016

Lecture - Le Juge Ti

Ce weekend j'ai retrouvé dans des cartons ces trois bouquins du Juge Ti.




Le Juge Ti est un personnage de fiction créé par le romancier Robert H. Van Gulik. Sa notoriété est du à ses nombreuses affaires qu’il a du résoudre. Il est en réalité inspiré de Di Rénjié, officiellement nommé Duc Wenhui de Liang. Il s’agit d’un homme politique de la dynastie chinoise de Tang et de la dynastie Zhou. Né en 630 et mort en 700 de notre ère, il devient une personnalité marquante pour avoir tempéré son régime de terreur par son efficacité et son honnêteté. Réputé aussi pour ses qualités d’enquêteurs, Robert H. Van Gulik, s’est donc inspiré de cet homme pour en faire un personnage de fiction. Par la suite, Eleanor Cooney, Daniel Altieri et enfin Frédéric Lenormand ont prit la relève, et ont écrit de nouvelles enquêtes menées par le Juge Ti.


Robert Van Gulik


Créateur du Juge Ti, Robert Van Gulik (1910-1967) est un écrivain néerlandais. Son père étant médecin militaire, il grandit dans les Indes néerlandaises, une ensemble d’îles en Asie du Sud-Est que contrôlaient les Pays-Bas jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Cela lui permet dès son enfance de parler plusieurs langues : le malais, le javanais, et ainsi des notions de chinois, langue qu’il étudie quelques années plus tard.

Diplomate dans plusieurs pays, il est rarement présent aux mondanités qu’exige sa fonction. Au lieu de cela, il préfère se balader dans les quartiers populaires des villes où il travaille. Les cultures, les coutumes et les dialectes de chaque pays où il se rend, le passionnent. Mais il s’intéresse particulièrement à la culture chinoise. Il en devient d’ailleurs un sinologue fort réputé.

Parmi les ouvrages qu’il écrit sur la Chine, il y a un essai sur le luth chinois (un instrument traditionnel dans le pays) mais aussi un essai sur la vie sexuelle dans l’ancienne Chine.

Sa première expérience avec le Juge Ti se fait en 1948 lors d’une traduction d’un roman policier chinois Le Dee Gong An , Trois affaires criminelles résolues par le juge Ti. Traduction qui s’est faite un peu par hasard. Lors de sa fonction de diplomate, il a rassemblé quelques lectures pour un voyage, dont un roman policier du 8ème siècle racontant les enquêtes du juge Ti-Jen-tsie, un détective brillant, et un grand homme d’Etat sous les Tang. Ce n’est que six ans plus tard qu’il lit cet ouvrage et en décide d’en faire la traduction anglaise. Le schéma narratif, où dès le début nous connaissons le criminel, et l’insertion du fantastique, en font de ce roman, un style que les occidentaux ne sont pas habitués à lire. Gulik est déçu que cette culture soit totalement inconnue par ses contemporains.

Par la suite, Robert Van Gulik continue ses écrits avec le Juge Ti, créant de nouvelles enquêtes. Sa passion pour la culture chinoise est retranscrite dans ses œuvres. La particularité de ses romans est la fidélité concernant le contexte historique. En effet, il n’hésite pas de communiquer ses sources dans sa postface (documents anciens, etc.), ou d’apporter des explications sur les circonstances historiques ou des faits de civilisations. Le lecteur a la possibilité au fil des pages de comprendre certaines particularités de la pensée chinoise. Mêlant recherche historique et fiction policière, Robert Van Gulik a trouvé une recette pour le succès.

Il décède en 1967 suite à un cancer du poumon.

Quatre auteurs ont continué à écrire des romans policiers où le Juge Ti en est le héros. Eleanor Cooney et Daniel Altieri ont écrit ensemble deux livres: L’impératrice des mensonges et La révolte des lettrés.

Fréderic Lenormand est un auteur français qui a pris la relève des histoires du Juge Ti. Se décrivant lui-même comme un écrivain du 18ème siècle, il n’a écrit que des romans historiques.

Récemment, un autre auteur, Sven Roussel, moins connu, a, après avoir pris contact avec Frederic Lenormand, écrit un nouvel épisode du Juge Ti en autoédition: La dernière enquête du Juge Ti.




Comme tous les juges de district de son époque, le Juge Ti s'est entouré d'une équipe qui le suit de poste en poste ; différents mais complémentaires, ils lui permettent d'atteindre un redoutable niveau d'efficacité.

Le sergent Hong : enquêteur discret mais efficace c'est un ancien serviteur de la famille du juge, qu'il connaît depuis l'enfance. Méticuleux, tenace et perspicace, son allure de vieillard effacé et insignifiant lui permet de collecter d'utiles renseignements.

Tao Gan : c'est un ancien escroc, génie des dés pipés et des cartes truquées. Le Juge Ti l'a sauvé de paysans qu'il avait dupés et qui voulaient lui faire un mauvais sort. Passé, comme Vidocq du bon côté de la loi, c'est un homme caméléon qui se déguise à vue d'œil grâce à un habit à transformations et un sac à malices contenant un assemblage de bambous permettant de simuler des livres, des outils, des instruments de peintre, etc. Connaissant les us et coutumes de la pègre, il est également habile à détecter les passages secrets, les meubles à double-fond et autres chausse-trappes, si présents dans les romans de Van Gulik.

Ma Jong et Tsiao-Taï : deux inséparables colosses, infatigables, experts au sabre, à la boxe chinoise et aux arts martiaux qui sont le bras armé du Juge Ti, lui même redoutable bretteur quand il dégaine son épée fétiche, nommée Dragon-de-pluie. Tous deux sont d'anciens bandits de grand chemin (réduits à cette condition à la suite d'une injustice) poétiquement dénommés "Chevaliers des Vertes Forêts". Ils ont tenté de rançonner le Juge Ti qui leur a opposé une telle défense, sabre en main, qu'ils ont choisi, admiratifs, de se mettre à son service et à celui de la loi. Loin d'être de simples exécutants musclés, ils sont d'habiles enquêteurs, connaisseurs des bas fonds et des façons des mauvais garçons. Chacun a sa personnalité : Ma Jong, impulsif et chevaleresque est très porté sur le beau sexe, il lui arrive même de tomber amoureux, tandis que Tsiao-Taï, plus réfléchi est un fin gourmet, et apprécie la dive bouteille, ce qui vaut au lecteur de savoureuses scènes de taverne, dignes du Falstaff de Shakespeare.

Au fil des romans, le lecteur peut suivre le personnage en tant que jeune magistrat débutant, jusqu'à son ultime enquête. Grâce à une logique implacable, il fait face à toutes les énigmes.

Dans chaque épisode, le juge Ti mène trois enquêtes se déroulant en même temps, et s’entremêlant étroitement. Au fil des livres, notre héros est amené à enquêter dans diverses régions chinoises. Seules les villes citées par Robert Van Rudik sont fictives. Gulik créé ces enquêtes en s’inspirant de romans policier qu’il a lu, ou de faits divers qu’il a pu voir dans l’actualité. Mais, même si Gulik, au fil des années prend de plus en plus de plaisir à créer de nouvelles histoires policières, certains lecteurs diront que l’intérêt de ses ouvrages se trouvent dans l’authenticité de ses descriptions de la société chinoise. «...Je constate une étonnante méconnaissance des Chinois et de leur mode de vie, même chez ceux qui pourraient les comprendre. Il me semble que mes romans peuvent contribuer à les faire mieux comprendre. C’est pourquoi j’ai tout fait pour qu’ils soient authentiques jusque dans les plus petits détails».

Le « Sherlock Holmes chinois » fait une apparition en 1967 dans une bande dessinée. En effet, le journal Spirou a présenté une nouvelle enquête dessinée par Frits Kloezeman accompagnant une histoire écrite par Robert Van Gulik. Toutes les semaines, les lecteurs pouvaient suivrent les aventures du juge sur 2 pages. Malheureusement la fin n’a pas été publiée, l’aventure s’est terminée en juillet 1967. Même si la dernière vignette portait la mention à suivre, le décès de son auteur deux mois plus tard l’en a privé.

En ce qui concerne le septième art et la télévision, il n’existe aujourd’hui qu’un film et une série télé.

Pour la petite lucarne, il s’agit d’une série totalement oubliée de nos jours. Six épisodes ont été diffusés en Angleterre en 1969.

Meurtres au Monastère est un film américain réalisé en 1979 par Jérémy Paul Kagan (réalisateur de nombreux épisodes de séries télévisées comme par exemple Ally McBeal, Dr Quinn femme médecin ou encore Roswell). L’adaptation cinématographique reste assez fidèle au roman. Malgré quelques petites différences (dans le caractère du personnage, les costumes), on peut noter tout de même le souci du détail dans les décors, et l’atmosphère générale qui reste fidèle à l’écrit de Gulik.




Le Juge Ti a récemment été adapté pour la télévision chinoise entre 2004 et 2007. Amazing Detective Dee Renjie. Il joue également un rôle dans la série The Greatness of a Hero sur une chaîne hongkongaise TVB.

Le Juge Ti a également inspiré les films du Détective Dee ce qui est cocasse vue que le Juge Ti est lui même inspiré de Di Renjié qui est le "Détective Dee".




Di Renjie est né vers 630 pendant le règne de l'empereur Tang Taizong. Sa famille, originaire de la préfecture de Bing actuelle région de Taiyuan dans le Shanxi, avait déjà fournit nombre d'officiels à l'empire. Son grand-père Di Xiaoxu, avait servi en tant que secrétaire général du bureau exécutif du gouvernement, et son père Di Zhixun fut préfet de la préfecture de Kui, actuelle partie orientale de Chongqing, dans le Sichuan.




On le connaît principalement pour son activité de juge, mais on en sait peu de choses, si ce n'est qu'il était extrêmement productif dans ses jugements, et que les gens se plaignaient tout aussi rarement. Par contre, la fin de sa carrière à la Capitale a été rapportée. On sait qu'il fut nommé à un poste équivalent à notre Premier Ministre, qu'il assuma sa fonction avec courage et loyauté, n'hésitant pas à s'opposer à l'impératrice Wu Zetian lorsqu'il pensait que cela était juste. Vieillard, l'Impératrice régnante le respectait beaucoup et prenait soin de lui autant que sa position le lui pouvait permettre, insistant par exemple pour qu'il ne s'incline pas devant elle. Bien qu'il offrit souvent de prendre sa retraite, elle insistait pour bénéficier de ses loyaux services.

Il eut deux fils, Di Guangze et Di Jinghui, qui firent une carrière officielle sans distinction particulière. Par contre, son petit-fils, Di Renmo hérita des grandes capacités de son grand-père, et mourut gouverneur de la capitale impériale.

Di Renjie meurt de maladie le 15 août 700, vraisemblablement à Chang'an. Wu Zetian pleura amèrement sa perte et déclara : "Le Palais du Sud (l'administration) est maintenant vide."

Ayant recommandé de nombreux officiels talentueux et honorables, ceux-ci furent par la suite instrumentaux dans le rétablissement de la dynastie Tang, aussi en attribua-t-on le mérite à Di à titre posthume. Ce fut le couronnement de sa carrière, qui lui valut l'anoblissement, sous le titre de Duc Wenhui de Liang. Il est à noter que "Duc" est l'un des plus hauts titres de noblesse chinois, qui n'est habituellement accessible qu'à des parents de la Famille Impériale, ce que Di Renjie n'était pas ; ceci s'explique non seulement au mérite personnel de Di, mais également à la politique méritocratique de Wu Zetian au sein de son administration.

Le Juge Ti a récemment inspiré un Jdr : "Magistrats & Manigances" disponible en plusieurs parties dans le Magazine Casus Belli.




"En Chine, Magistrats et Assistants sont de longue date des héros populaires. Le théâtre et l’opéra rendent hommage à « Bao l’Intègre », redresseur de torts et terreur des fonctionnaires corrompus, tandis que le Dee Gong An met en scène le Juge Ti, magistrat de district d’une intelligence prodigieuse, capable de démêler l’écheveau de mille intrigues et de faire avouer les criminels les plus endurcis par la puissance de son raisonnement.

C’est un personnage de cette trempe et ses fidèles Assistants que vous allez incarner dans Magistrats & Manigances.

En tant que Magistrat, jusqu’où irez-vous pour faire appliquer la même loi pour tous ? Jusqu’à mettre en péril votre carrière ou la stabilité de la communauté qu’on vous a confiée ?

En tant qu’Assistant, vous aurez forcément à vous faire des amis dans le district pour accomplir votre tâche. Serez-vous prêts à les favoriser à outrance ou à les sacrifier pour le bien d’une enquête ?"




Traduites d’un ouvrage chinois du XVIIIe siècle, les Trois affaires criminelles résolues par le juge Ti ont introduit en Occident le célèbre magistrat à la robe verte. Crimes crapuleux chez les marchands de soie, noces ensanglantées et clous mystérieux révèlent ici toute l’étendue de la perspicacité du vénérable juge, ainsi que la profondeur de sa morale confucéenne.




Pour l’honorable juge Ti, tout commence ici : entre 663 et 672 de notre ère, dans la Chine des T'ang, où les crimes sulfureux ne manquent pas. Du meurtre de la femme d’un notable à celui d’un prêteur sur gages, il s’attaque à des affaires en apparence inextricables armé de sa perspicacité légendaire. Mais même le magistrat confucéen n’est pas à l’abri d’une erreur…

À travers huit nouvelles délectables, Van Gulik revient sur les débuts d’une carrière trépidante, qui ont assuré la célébrité du juge Ti aux quatre coins de l’Empire chinois.




Nous sommes en 663, dans la Chine des empereurs T'ang. Las du train-train quotidien des fonctionnaires impériaux de Chang'an, le secrétaire Ti Jen-Tsie a demandé - et obtenu - le poste de magistrat de la ville fictive de Peng-lai, un port de la côte orientale. Un choix qui ne manque pas de surprendre ses amis : non seulement Peng-lai a la réputation d'être un endroit hanté, mais de plus, le juge Ti va succéder à une personne décédée de mort violente, le précédent magistrat Wang Té-houa ayant été empoisonné dans sa bibliothèque dans des circonstances pour le moins mystérieuses : personne n'est capable de dire comment l'assassin s'y est pris pour introduire le poison dans sa théière...

Pour son premier poste, la tâche principale du Juge Ti sera d'élucider le meurtre de son prédécesseur. Mais il devra également s'occuper d'autres affaires, non moins urgentes, comme les disparitions soudaines du premier commis du tribunal et de l'épouse d'un riche armateur de la ville. Et pour couronner le tout, le surnaturel s'en mêle : le fantôme du magistrat défunt hante le Yamen, et une rumeur signale la présence d'un légendaire homme-tigre dans la région... Le besoin d'action du magistrat va être plus que satisfait...

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