L’histoire se passe à une époque lointaine où il y avait encore des ours en Sicile ! Mais, un jour, dans les montagnes, qui étaient bien plus hautes qu’aujourd’hui, Tonio, le fils du roi des ours, est enlevé par des chasseurs. Le roi se lamente sur cette disparition jusqu’à ce que la neige et la famine poussent les ours à descendre dans la plaine où habitent les hommes. Le roi y retrouvera-t-il son fils ? C’est à une étonnante rencontre qu’on va alors assister entre la civilisation des humains et des ours au mode de vie bien plus sauvage…
La Fameuse Invasion des ours en Sicile est adapté du classique de la littérature enfantine signé Dino Buzzati, et paru en Italie en 1945. Le plus célèbre roman de l’auteur, Le Désert des Tartares, avait été transposé sur grand écran par Valerio Zurlini il y a plus de quarante ans. Cette fois, l’écrivain est célébré via le champ du cinéma d’animation, et par un concitoyen transalpin auteur de bandes dessinées. Lorenzo Mattotti livre ainsi, à soixante-cinq ans, son premier long-métrage. Aidé au scénario de Jean-Luc Fromental et Thomas Bidegain, il redonne vie et couleurs à ce récit réjouissant, en créant au passage des personnages qui apportent du liant narratif, grâce à la voix-off de Gedeone, Almerina et du vieil ours.
Le théâtre est présent dans toute l’œuvre dessinée de Lorenzo Mattotti, comme les références au cirque. Rien d’étonnant à ce que ce récit débute avec un ménestrel, Gedeone (auquel le scénariste Thomas Bidegain prête sa voix) et son apprentie Almerina (Leila Behkti). En route pour un spectacle villageois, errant dans les montagnes, ils se réfugient pour la nuit dans une grotte. Celle de Platon ? Plutôt celle d’un ours, monumental et très vieux. Normal, puisqu’on raconte que les ours ont disparu de Sicile depuis des lustres. Afin d’amadouer le plantigrade - et de tromper sa faim -, Gedeone lui raconte La fameuse invasion des ours en Sicile.
La Fameuse Invasion des ours en Sicile est adapté du classique de la littérature enfantine signé Dino Buzzati, et paru en Italie en 1945. Le plus célèbre roman de l’auteur, Le Désert des Tartares, avait été transposé sur grand écran par Valerio Zurlini il y a plus de quarante ans. Cette fois, l’écrivain est célébré via le champ du cinéma d’animation, et par un concitoyen transalpin auteur de bandes dessinées. Lorenzo Mattotti livre ainsi, à soixante-cinq ans, son premier long-métrage. Aidé au scénario de Jean-Luc Fromental et Thomas Bidegain, il redonne vie et couleurs à ce récit réjouissant, en créant au passage des personnages qui apportent du liant narratif, grâce à la voix-off de Gedeone, Almerina et du vieil ours.
Le théâtre est présent dans toute l’œuvre dessinée de Lorenzo Mattotti, comme les références au cirque. Rien d’étonnant à ce que ce récit débute avec un ménestrel, Gedeone (auquel le scénariste Thomas Bidegain prête sa voix) et son apprentie Almerina (Leila Behkti). En route pour un spectacle villageois, errant dans les montagnes, ils se réfugient pour la nuit dans une grotte. Celle de Platon ? Plutôt celle d’un ours, monumental et très vieux. Normal, puisqu’on raconte que les ours ont disparu de Sicile depuis des lustres. Afin d’amadouer le plantigrade - et de tromper sa faim -, Gedeone lui raconte La fameuse invasion des ours en Sicile.
L’histoire étonnante et pleine de rebondissements, la fantaisie imaginaire et graphique du film, la richesse visuelle et colorée de l’animation plairont à un large public d’enfants comme d'adultes, d'ailleurs le jour où nous sommes allés voir le film au cinéma, hormis mon fils, adolescent, il n'y avait que des adultes dans la salle.
Première impression, celle d’une splendeur visuelle. Mattotti vient de la BD, et c’est peut-être de là que vient cette compréhension totale d’un mouvement – non pas décomposé – mais au sein d’un même plan fixe. Chaque vignette est un tableau phénoménal, drôle ou virtuose quand il n’est pas d’une incroyable puissance symbolique. L’intelligence du cadre, des couleurs, des formes, ne fait aucun doute, et on finit par être autant émerveillé par les images que par le récit. Mattotti et ses collaborateurs déploient un univers unique. Le résultat est éblouissant. Fruit d’un travail de cinq ans, le film est maîtrisé de bout en bout, sans concession à la qualité ou à la rigueur esthétique. Les ours stylisés, aux traits anguleux, qui suggèrent des figurines en origami, se meuvent avec grâce au milieu des humains, plus en courbes caricaturales. Fantômes, croque-mitaine ou serpent de mer peuplent ce conte. Lumières méditerranéennes et couleurs apportent la vie et exaltent la nature. Outre Buzzati, Mattotti convoque, entre autres référents, la commedia dell’arte, les perspectives de Giorgio De Chirico ou la philosophie des Lumières.
Première impression, celle d’une splendeur visuelle. Mattotti vient de la BD, et c’est peut-être de là que vient cette compréhension totale d’un mouvement – non pas décomposé – mais au sein d’un même plan fixe. Chaque vignette est un tableau phénoménal, drôle ou virtuose quand il n’est pas d’une incroyable puissance symbolique. L’intelligence du cadre, des couleurs, des formes, ne fait aucun doute, et on finit par être autant émerveillé par les images que par le récit. Mattotti et ses collaborateurs déploient un univers unique. Le résultat est éblouissant. Fruit d’un travail de cinq ans, le film est maîtrisé de bout en bout, sans concession à la qualité ou à la rigueur esthétique. Les ours stylisés, aux traits anguleux, qui suggèrent des figurines en origami, se meuvent avec grâce au milieu des humains, plus en courbes caricaturales. Fantômes, croque-mitaine ou serpent de mer peuplent ce conte. Lumières méditerranéennes et couleurs apportent la vie et exaltent la nature. Outre Buzzati, Mattotti convoque, entre autres référents, la commedia dell’arte, les perspectives de Giorgio De Chirico ou la philosophie des Lumières.
Production made in Angoulême grâce à la société Prima Linea, ce mariage franco-transalpin s’avère heureux. Très heureux même. Un plaisir des yeux, tant le graphisme subjugue. La palette chromatique, mariant les bruns, rouges, orangés, jaunes, verts et bleus est somptueuse. Le travail sur les ombres à même les personnages, et sur les espaces extérieurs comme intérieurs, débouche sur un savant relief et un souffle dingue, alors que l’image reste en 2D.
Sur fond de mimétisme fatal entre espèce animale et gent humaine, la célébration des éléments illumine, de montagnes en plaines, de mer en azur céleste. Une nature qui devient le terrain épique de scènes de combat savoureuses et d’apparitions fantomatiques, construites par des lignes franches et des mouvements fluides et vifs.
« Tu voudrais être un homme, tu n’es même pas un ours », dit le père souverain à son fils. Le miroir aux alouettes de l’idéal fantasmé mène la truffe des bêtes comme la cupidité des hommes. L’appât du bling-bling et du pouvoir fait tourner la tête et balaie l’honnêteté.
Le conte, est intemporel, infaillible, infatigable. Les deux parties très distinctes qui composent le récit d’origine se retrouvent ici parfaitement équilibrées – et leurs différences stylistiques, notamment liées à leurs environnements, tons et finalités très différentes, se retrouvent parfaitement matérialisées par le pinceau de Mattotti, friand de ces nombreuses subtilités de genre et de fabrication.
Le film s’achève sur une question, la place de l'ours, est elle de rester dans sa grotte ou peut il participer à la vie de la cité. Mattotti se sert avec subtilité des infinies possibilités du conte, comme métaphore du monde et terrain du mystère. Dépasser le réalisme pour atteindre le poétique et le symbolisme crée un espace de liberté immense, même si le réalisateur se défend de tout militantisme. Il a voulu avant tout prolonger le merveilleux de l’ouvrage de son aîné. Pari gagnant, tant le spectateur s’en prend plein les mirettes et ressort de l’expérience l’âme ravie. C’est peut-être la meilleure façon de résumer sa compréhension rare, et même précieuse, de ce qui fait le sens de l’imaginaire, de ce qui le fait tourner, le fait continuer, et le rend inépuisable. Et même si, au milieu de ce bric-à-brac de bonnes idées, se glissent quelques défauts de rythme, on ne pourra arrêter d’admirer une telle inventivité. Chaque dialogue est un poème, chaque dessin un rêve animé. L’adage est vieux, mais qui de mieux que Mattotti pour le réclamer : coup d’essai, coup de maître. A voir absolument.
Le conte, est intemporel, infaillible, infatigable. Les deux parties très distinctes qui composent le récit d’origine se retrouvent ici parfaitement équilibrées – et leurs différences stylistiques, notamment liées à leurs environnements, tons et finalités très différentes, se retrouvent parfaitement matérialisées par le pinceau de Mattotti, friand de ces nombreuses subtilités de genre et de fabrication.
Le film s’achève sur une question, la place de l'ours, est elle de rester dans sa grotte ou peut il participer à la vie de la cité. Mattotti se sert avec subtilité des infinies possibilités du conte, comme métaphore du monde et terrain du mystère. Dépasser le réalisme pour atteindre le poétique et le symbolisme crée un espace de liberté immense, même si le réalisateur se défend de tout militantisme. Il a voulu avant tout prolonger le merveilleux de l’ouvrage de son aîné. Pari gagnant, tant le spectateur s’en prend plein les mirettes et ressort de l’expérience l’âme ravie. C’est peut-être la meilleure façon de résumer sa compréhension rare, et même précieuse, de ce qui fait le sens de l’imaginaire, de ce qui le fait tourner, le fait continuer, et le rend inépuisable. Et même si, au milieu de ce bric-à-brac de bonnes idées, se glissent quelques défauts de rythme, on ne pourra arrêter d’admirer une telle inventivité. Chaque dialogue est un poème, chaque dessin un rêve animé. L’adage est vieux, mais qui de mieux que Mattotti pour le réclamer : coup d’essai, coup de maître. A voir absolument.
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