Richard Sharpe Shaver est un des personnages les plus insolites de la science-fiction des années quarante. Cet ouvrier de Barto en Pennsylvanie va donner l’occasion à Ray Palmer (voir l’article que nous lui avons consacré) d’affronter durement les fans de science-fiction. Ray Palmer se souvient : « un jour une lettre arriva qui donnait les détails d’un “ancien alphabet” qui “ne devait pas être perdu pour le monde”. Elle fut ouverte par mon rédacteur-en-chef adjoint qui la jeta dans la corbeille à papiers en disant: “Le monde est vraiment plein de dingues!” Malgré le mur j’entendis la remarque, et le mot “dingue” (crackpot) m’attira comme un aimant. Il faut dire que c’était à ce talent particulier que je devais d’être rédacteur en chef d’Amazing Stories et d’avoir les rênes libres; j’avais un instinct pour le non-orthodoxe. Je retirai la lettre de sa corbeille, en examinai l’alphabet, fit quelques vérifications au hasard à l’aide d’un dictionnaire, puis quelques unes plus systématiques. J’allai trouver ceux qui, dans la rédaction, pratiquaient d’autres langues que l’anglais, et revins avec quelques autres résultats intéressants. C’était suffisant. Je publiai la lettre dans Amazing Stories. »
Le courrier de Shaver paraît dans le numéro de janvier 1944 d’Amazing Stories. Shaver prétendait détenir un alphabet antique qui précédait l’apparition de l’homme sur Terre, le Mantong originaire de la Lémurie, un continent englouti. A chaque lettre correspondait une racine. Certains mots de l’anglais (une langue plus ancienne qu’on ne le pensait selon Shaver) étaient composés de différentes racines tirées du Mantong. En retrouvant leur sens originel, on pouvait retrouver dans nos langues des mots lémuriens. Ainsi dans le numéro d’Amazing Storiesde mars 1945, Palmer propose de décomposer le mot acid(acide) selon les règles fournies par l’alphabet Mantong, ce qui donne : A-animal, C-see, I-I, D-desintegrate. On obtient donc la phrase : Animal see I desintegrate. « Ce qui décrit parfaitement le mot acide » conclue Palmer.
La rédaction reçoit dans les semaines qui suivent « plusieurs centaines de lettres » de lecteurs.
La rédaction reçoit dans les semaines qui suivent « plusieurs centaines de lettres » de lecteurs.
I remember Lemuria
Palmer envoie alors « une missive à Richard S. Shaver lui demandant où il avait trouvé son alphabet »(en fait cette lettre n’a très certainement jamais existé, la correspondance entre Palmer et Shaver montre que c’est Shaver qui a réécrit à Palmer après avoir vu son courrier publié). La réponse de Shaver tient en un manuscrit de 10000 mots : un résumé de l’histoire passée de l’humanité intitulé « A Warning to Future Man » (Un avertissement à l’homme futur). Voici la substance de cette histoire. Il y a douze mille ans, le soleil commença à émettre des radiations mortelles. Les Titans, encore appelés Atlantes, durent chercher refuge sous la surface de la Terre, et y installer leur civilisation. Mais les radiations augmentèrent. Les plus nantis des Atlantes quittèrent notre planète pour d’autres mondes, abandonnant leurs frères moins chanceux. Ces derniers, que Shaver appelle les « deros », survivent toujours dans leurs immenses cavernes. Ce sont des êtres dégénérés et maléfiques. Des descendants plus sympathiques de ces Atlantes ont survécu, les “teros”. Quant à nous, nous serions les descendants des survivants de ceux qui ne purent trouver refuge dans les cavernes souterraines, et qui s’adaptèrent bon an mal an aux dures conditions de la surface. Le manuscrit de « A Warning to Future Man » est aujourd’hui perdu. Palmer raconta en 1961 qu’il croyait l’avoir conservé mais sans pouvoir le retrouver. S’il était demeuré dans les archives de Ziff-Davis, il aurait de toute façon été détruit au bout de six ans. (Ray Palmer, « Commentary », The Hidden Worldn° A-2, été 1961, p. 203).
Illustration de couverture du numéro d’Amazing Stories contenant “I Remember Lemuria” de Richard Shaver.
Dans ce courrier qu’il a reçu, Palmer décèle une idée à retraduire : « j’étais éditeur d’un magazine de fiction — un magazine consacré aux histoires du futur, lesquelles, basées sur nos connaissances scientifiques présentes, tentaient d’imaginer leurs effets possibles et les développements futurs pour notre société. J’avais là une “idée” pour une telle histoire. Bien sûr, elle n’était pas basée sur la science acceptée — bien au contraire, elle s’opposait absolument à tous les manuels qui me servaient d’outils de référence dans mon bureau. Egalement, elle prétendait révéler la science du passé plus que celle du futur. J’avais à l’esprit, comme d’habitude, l’idée de gagner de l’argent, et j’imaginais cette histoire en couverture d’Amazing Stories, comme un bon moyen d’augmenter les ventes »
Sur la base du récit de Shaver, Palmer rédige une nouvelle qui paraitra dans le numéro d’Amazingde mars 1945 sous le titre « I Remember Lemuria ». Le récit publié est trois fois plus long que celui de Shaver. « I Remember Lemuria » se présente sous la forme d’une longue nouvelle de 57 pages. Le récit est fait à la première personne par un certain Mutan Mion « qui vécu il y a des milliers d’années dans l’Atlan souterraine, une des grandes citées de l’ancienne Lémurie ! »et dont Shaver est le « réceptacle de la mémoire raciale ». Une introduction de l’auteur donne une certaine factualité au récit en insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une fiction. De nombreuses notes de bas de page accompagnent et clarifient le texte. Cette stratégie rédactionnelle ne suffit pas en elle-même à différencier le texte de Shaver des autres histoires publiées dans les pulps. Il était courant de la part des auteurs de SF de présenter leurs nouvelles comme un document découvert par hasard ou d’affirmer qu’il s’agissait de faits et non de fiction. Cela faisait partie du style même des récits de SF populaire. Si Palmer n’avait pas insisté dans ses éditoriaux sur la réalité des expériences de Shaver, on peut penser qu’une partie des lecteurs n’aurait pas fait la différence entre ce récit et les autres. Par ailleurs depuis les origines d’Amazing,, Gernsback avait eu pour préoccupation de publier des récits crédibles et il avait pour habitude de rattacher l’intrigue à des événements réels. Palmer n’a pas procédé autrement avec Shaver. Mais cette fois-ci le brouillage de la frontière entre la fiction et la réalité ne s’est pas fait sans conséquence.
« I Remember Lemuria » est le premier d’une série de 50 récits qui paraissent dans les pages d’Amazing Storieset deFantastic Adventuresentre 1945 et 1949. Non seulement, Palmer publie d’autres nouvelles de Shaver, mais d’autres rubriques de la revue lui ouvrent largement leurs colonnes (le courriers des lecteurs notamment envahi d’échanges au sujet de Shaver). Enfin des rubriques sont créées spécialement pour suivre l’affaire (« Memories from the Forgotten Past », les Mémoires du passé perdu). Le « Mystère Shaver » se transforme en saga et engendre une controverse sans précédent.
Sur la base du récit de Shaver, Palmer rédige une nouvelle qui paraitra dans le numéro d’Amazingde mars 1945 sous le titre « I Remember Lemuria ». Le récit publié est trois fois plus long que celui de Shaver. « I Remember Lemuria » se présente sous la forme d’une longue nouvelle de 57 pages. Le récit est fait à la première personne par un certain Mutan Mion « qui vécu il y a des milliers d’années dans l’Atlan souterraine, une des grandes citées de l’ancienne Lémurie ! »et dont Shaver est le « réceptacle de la mémoire raciale ». Une introduction de l’auteur donne une certaine factualité au récit en insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une fiction. De nombreuses notes de bas de page accompagnent et clarifient le texte. Cette stratégie rédactionnelle ne suffit pas en elle-même à différencier le texte de Shaver des autres histoires publiées dans les pulps. Il était courant de la part des auteurs de SF de présenter leurs nouvelles comme un document découvert par hasard ou d’affirmer qu’il s’agissait de faits et non de fiction. Cela faisait partie du style même des récits de SF populaire. Si Palmer n’avait pas insisté dans ses éditoriaux sur la réalité des expériences de Shaver, on peut penser qu’une partie des lecteurs n’aurait pas fait la différence entre ce récit et les autres. Par ailleurs depuis les origines d’Amazing,, Gernsback avait eu pour préoccupation de publier des récits crédibles et il avait pour habitude de rattacher l’intrigue à des événements réels. Palmer n’a pas procédé autrement avec Shaver. Mais cette fois-ci le brouillage de la frontière entre la fiction et la réalité ne s’est pas fait sans conséquence.
« I Remember Lemuria » est le premier d’une série de 50 récits qui paraissent dans les pages d’Amazing Storieset deFantastic Adventuresentre 1945 et 1949. Non seulement, Palmer publie d’autres nouvelles de Shaver, mais d’autres rubriques de la revue lui ouvrent largement leurs colonnes (le courriers des lecteurs notamment envahi d’échanges au sujet de Shaver). Enfin des rubriques sont créées spécialement pour suivre l’affaire (« Memories from the Forgotten Past », les Mémoires du passé perdu). Le « Mystère Shaver » se transforme en saga et engendre une controverse sans précédent.
Richard Shaver, photo extraite de l’album de photos de Ray Palmer.
La controverse
La parution du premier récit de Shaver dans Amazing Storiesde mars 1945, et des suivants, va entraîner en gros deux mouvements : l’un approbateur, l’autre critique. D’abord, de nombreux lecteurs vont s’emparer du récit pour confirmer leur propres théories et les expériences qu’ils ont vécues. Le courrier des lecteurs va être le témoin de ce phénomène en même temps que le lieu sa construction. Palmer publie de nombreuses lettres qui décrivent des expériences similaires à celles rapportées par Shaver, qui parlent des continents disparus, qui rapportent des observations de vaisseaux intra ou extraterrestres.
D’autres lecteurs refusent de prendre les récits de Shaver pour argent comptant (pour des détails sur cette controverse, voir notamment Warner, Jr., All Our Yesterdays, op. cit., 1969, p. 180-185). Heinrich Hauser, par exemple, écrit à la rédaction d’Amazingaprès avoir lu « I Remember Lemuria! ». Il considère que les cavesde Shaver sont un thème « quasi-universel »qui renvoie à la « nostalgie de l’homme pour le sein maternel, particulièrement lors des moments malheureux de son existence. La caverne est en fait l’utérus », précise-t-il. Shaver aurait créé son « univers fantastique »comme un garde-fou, « de façon à préserver sa santé mentale ». Malgré celà, Hauser « admire beaucoup la puissance d’imagination de Mr. Shaver ; plus importante que celle de Huxley dans son Meilleur des mondes ». Pour lui, « c’est de l’art, de l’art à l’état pur », et Palmer « peut être fier de l’avoir publié ». Hauser conseille même à Palmer « d’envoyer les histoires de Shaver au professeur Jung à Zurich en lui demandant son sentiment. Je ne doute pas que (1) vous recevrez un commentaire des plus intéressant et compétent d’un des plus célèbres scientifiques au monde ; et que (2) Jung voudra aussitôt écrire un ouvrage sur le phénomène Shaver ».
Mais tous les fans ne voient pas en Shaver un Facteur Cheval digne d’un musée d’art brut ou de l’intérêt de Jung ; nombreux considèrent simplement ses récits comme véhicule de pseudo-science. Shaver est fou, disent-ils, et il représente un risque sérieux pour la science-fiction en général, si ses fables deviennent populaires. Ainsi Thomas S. Gardner sonne la charge dans le numéro de Fantasy Commentatorde l’été 1945. Gardner commence par classer les magazines de SF en trois catégories : les magazines sérieux au contenu scientifique exact, les magazines destinés à un public juvénile et les magazines comme ceux dirigés par Palmer qui créént quelque chose d’entièrement nouveau au sein de la SF. Gardner explique par des causes sociologiques (la nécessité de capturer des publics plus larges) la stratégie de Palmer « un des rédacteur en chef et homme d’affaire parmi les plus avisés ». Palmer a osé faire ce que personne n’avait osé avant lui : s’adresser aux cranks, aux adeptes de théories pseudoscientifiques. Leur nombre est estimé par Gardner à au moins un million pour les seuls États-Unis. Il avoue son admiration pour Palmer mais liste les incohérences scientifiques contenues dans le premier récit de Shaver. Thomas Gardner publie un second article dans le numéro suivant de Fantasy Commentator. Il commence par constater que son explication s’est révélée exacte : Palmer s’appuie effectivement sur le lectorat crank. Il écrit : « simplement du point de vue de la publicité qu’elle reçoit, cette mystification prend les dimensions d’une psychose. […] Il suffirait que l’opinion publique vienne à cristaliser son attention sur ces foutaises de Lémurie-Mu dans Amazing Storiespour risquer d’entrainer dans la foulée la dénonciation des meilleures publication de fantasy. Avec le risque d’un boycott de l’ensemble des pulps »(Thomas S. Gardner, 1945ab « Calling All Crack-Pots! An Analysis of the Lemurian Hoax in Amazing Stories »,Fantasy Commentator, vol 1, n° 6, printemps 1945, p. 115-118 ; id, « Crack-Pot Heaven », Fantasy Commentator, vol 1, n° 7, été 1945, p. 156-157).
Certains fans, comme Jack Speer, réagissent violemment. Ainsi, lors de la convention de SF (worldcon) de Philadelphie à la fin de l’été 1947, « Speer s’attaqua à Shaver, prétendant que ses histoires faisaient passer les lecteurs de science-fiction pour des imbéciles et représentaient une menace pour la santé mentale de nombreuses personnes. Speer demanda à la convention de s’opposer aux publications de prozines qui pourraient empêcher “ les jeunes gens impressionables d’apprendre à penser correctement ” ».Harry Warner, qui rapporte l’évènement, remarque que « la proposition de Speer fut accueillie et par des applaudissements et par des critiques ». Certains font remarquer « que les participants de la worldcon pouvaient difficilement modifier la circulation ou la politique des magazines de Ziff-Davis ». Par ailleurs, disent-ils, Palmer pourrait tirer avantage d’une mesure trop brusque en prétendant « qu’il est persécuté par le fandom ». Une autre mesure, dont la discussion sera finalement remise à une autre convention, est proposée : celle de « rédiger une résolution qui pourrait inquiéter Ziff-Davis de façon quasi-imperceptible en donnant l’approbation de la convention à une longue liste de prozines sans qu’y soient inclus Amazing StoriesetFantastic Adventures »(Harry Warner, Jr., All Our Yesterdays, op. cit., p. 265).
Publicité pour la publication en livre de “I Remember Lemuria” parue dans le fanzine Shaver Mystery Magazine, 1948.
L’affaire Shaver a-t-elle augmenté les ventes d’Amazing Stories ?
Les historiographes et commentateurs de l’affaire expliquent que le mystère Shaver a fait augmenter les ventes d’Amazing Stories. L’historien de la science-fiction Jacques Sadoul explique que la publication de ces récits a fait passer les ventes à 180000 exemplaires (J. Sadoul, Histoire de la science-fiction moderne, op. cit., p. 161). John Keel donne le chiffre de 250000 exemplaires (J. Keel, « The Man Who Invented Flying Saucers », Fortean Timesn° 41, hiver 1983, pp. 52-57). Malcolm J. Edwards et John Clute écrivent que le Mystère Shaver a permis àAmazingd’atteindre « la plus importante diffusion jamais atteinte par un magazine de SF » (John Clute et Peter Nicholls (ed.), The Encyclopedia of Science Fiction, New York, St. Martin’s Griffin, 1995, p. 905). Sans donner de chiffre, Joseph Altairac écrit « Toujours est-il que le succès fut immense si l’on en croit les milliers de lettres reçues et surtout l’augmentation des ventes. » (Encragejanv-fév 1988, p. 70) Plus prudent, Harry Warner note : « Les ventes avaient connu une augmentation mémorable avec l’arrivée de la Lémurie. Palmer prétendit qu’elles étaient passées de 27000 à 185000 exemplaires. » (Harry Warner, Jr., All Our Yesterdays, op. cit., p. 184) Lester Del Rey se méfie des chiffres de Palmer : « Palmer prétendit avoir atteint les meilleurs chiffres de vente dans le domaine. Peut-être est-ce vrai mais il ne faut pas oublier que Palmer avait tendance à tout exagérer. » (Lester Del Rey, The World of Science Fiction: 1926-1976. The History of a Subculture, New York, Ballantine Books, 1979, p. 118)
Qui a raison ? Que valent ces chiffres ? Dans son dernier éditorial d’Amazing Storiesde décembre 1949, Palmer explique comment, onze ans plus tôt, il a sauvé Amazingen faisant passer les chiffres de ventes de 27000 exemplaires à 45000, pour finir par ajouter encore 100000 lecteurs supplémentaires. En 1975, dans un autre ouvrage, The Secret World(op. cit., p. 27), Palmer affirme que le premier numéro d’Amazing Storiesqu’il dirigea se vendit à 75000 exemplaires et le numéro suivant à 93000, pour atteindre finalement 185000 exemplaires. Entre l’éditorial de 1949 et le livre de 1975, les chiffres de ventes d’Amazing Storiesont pas mal évolué. Palmer aurait-il omis de mentionner une telle réussite dans son dernier éditorial, au moment de quitter la scène, si elle avait vraiment eu lieu ?
Le premier qui s’aperçut que les chiffres de Palmer étaient fantaisistes était son ami et collègue Curtis Fuller, co-fondateur de Fate. Palmer lui proposa de lancer un magazine ensemble et de le remplir d’histoires de Shaver, ce qui assurerait des ventes formidables. Fuller savait à quel loustic il avait affaire et sa première démarche fut de demander à New York les chiffres de vente réels. Il s’aperçut que ceux-ci n’avaient pas varié entre le moment ou Amazing Storiespubliait de la SF classique et le moment ou Palmer avait commencé à inscrire Shaver au sommaire (Entretien avec Curtis Fuller, Lake Forest, Illinois, 20 août 1988).
Cette affaire montre que la naïveté était chose bien partagée entre les partisans de Shaver et ses adversaires. Pendant que les premiers adhéraient aux théories de Shaver, les seconds reprirent en cœur cette idée attribuée généreusement par Palmer à Howard Browne selon quoi le monde est vraiment plein de dingues qui s’étaient précipité sur Amazing Storiesau point d’en faire augmenter les ventes de façon spectaculaire. A se demander quel était le plus gros canular inventé par Palmer : l’histoire du continent souterrain ou la fable sur l’existence d’un lectorat fasciné et nombreux. Le monde était tellement peuplein de dingues que Ziff-Davis mit un terme à l’affaire Shaver au bout de quatre ans. Ziff Davis aurait-il renoncé à quelques centaines de milliers de lecteurs s’ils avaient existé, pour écouter les conseils de quelques dizaines de fans couroucés par Shaver et Palmer ?
L’affaire Shaver après Amazing Stories
L’affaire Shaver ne s’arrêta pas avec la fin de la publication des récits dans Amazing Storieset Fantastic Adventures. Un Shaver Mystery Club avait été créé (c’est Chester Geier, écrivain régulier d’Amazing Storiesqui en était le président. Dans un courrier daté du 9 mars 1988, il m’expliquait qu’il avait accepté cette position par amitié pour Palmer mais qu’il ne croyait pas aux histoires de Shaver). Ce club publiait unShaver Mystery Magazinequi connut apparemment 8 numéros. Plus tard dans les revues occultistes qu’il avait créées, Palmer évoqua de nouveau les théories de Shaver et publia des articles de ce dernier. Entre le printemps 1961 et l’hiver 1964, il publia 16 numéros d’une revue à dos carré intitulé The Hidden Worldqui était entièrement consacré à la réédition des histoires, des articles de Shaver et de la correspondance de ce dernier avec Palmer. Au début des années quatre vingt, un Californien nommé Richard Toronto fit paraitre un petit fanzine élégamment présenté intitulé Shavertron. On pouvait y trouver des interviews de Shaver, de Palmer et de nombreux documents datant des années quarante ou plus récents qui entretenaient le mystère (le ton adopté dans Shavertronlaisse penser que Toronto a créé ce fanzine par amusement, sans y croire vraiment).
Richard Shaver en compagnie de Ray Palmer (photo prise dans l’album de photo de la famille Palmer, 1988).
Notes
Ray Palmer et Richard Shaver, The Secret World, Amherst, Wi., Amherst Press, 1975, p. 36.
R. Palmer, « Invitation to Adventure », The Hidden World, Vol. n° A-1, Spring 1961, p. 4.
R. Palmer, « The Shaver Mystery », inTimothy Green Beckley (ed.), The Shaver Mystery and the Inner Earth, Clarksburg, W. Va., Saucerian Publications, 1967, p. 115.
Ray Palmer, « The Man Who Started It All », Flying Saucers From Other Worldsn° 24, June 1957, p. 78.
Tuck, Donald H. (ed.), The Encyclopedia of Science Fiction and Fantasy. Volume 2: Who’s Who, M-Z, Chicago, Advent, 1978, p. 385.
Michael Ashley (ed.), The History of the Science Fiction Magazine, vol. 3, 1946-1955, Chicago, Contemporary Books, Inc., 1977, p. 19-25.
Jim Pobst, Shaver: Resharpened, New York, Arcturus Book Service, 1984.
Jim Pobst, A Checklist of the Fiction of Richard S. Shaver, Scotia, NY, Arcturus Book Service, 1984.
La nouvelle de Shaver "Thought Records of Lemuria", sa deuxième histoire publiée, a pris la couverture des Amazing Stories de juin 1945
La série d' histoires étonnantes de Shaver se poursuit en septembre 1945 avec "Cave City of Hel"
"Quest of Brail" clôtura Amazing Stories en 1945, chaque numéro présentant une couverture peinte par Robert Gibson Jones
Les histoires de Shaver continuent de dominer les couvertures d' Amazing en 1946
Certaines histoires de Shaver ont été écrites en collaboration avec une personnalité de la radio de Philadelphie Bob McKenna
Le numéro de juin 1947 de Amazing Stories présentait le "Shaver Mystery"
Shaver a écrit une fois sous le pseudonyme excentrique "The Red Dwarf"
Shaver a également écrit des histoires plus conventionnelles pour des pulps d'aventure comme Mammoth Adventures
Les histoires de Shaver ont continué à apparaître dans Amazing après que Howard Browne ait remplacé Ray Palmer comme éditeur
Même après que son travail soit tombé en disgrâce auprès des lecteurs, Ray Palmer a continué à publier Shaver dans d'autres magazines de genre
Un numéro spécial de Fantastic consacré au "Shaver Mystery" a été publié en 1958
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