Le labyrinthe de Pan (Film - Guillermo del Toro)
Espagne, 1944. Fin de la guerre. Carmen, récemment remariée, s'installe avec sa fille Ofélia chez son nouvel époux, le très autoritaire Vidal, capitaine de l'armée franquiste. Alors que la jeune fille se fait difficilement à sa nouvelle vie, elle découvre près de la grande maison familiale un mystérieux labyrinthe. Pan, le gardien des lieux, une étrange créature magique et démoniaque, va lui révéler qu'elle n'est autre que la princesse disparue d'un royaume enchanté. Afin de découvrir la vérité, Ofélia devra accomplir trois dangereuses épreuves, que rien ne l'a préparé à affronter...
Quelques explications :
Amoureux des oeuvres de H-P Lovecraft, Tolkien et Ray Bradbury, Guillermo del Toro s'est familiarisé avec l'anglais dès son plus jeune âge en regardant des films d'horreur sous-titrés et en lisant, avec l'aide d'un dictionnaire bilingue, le magazine Famous Monsters of Filmland. Mais l'univers de Del Toro, mêlant mythologie, spiritualité et épouvante, s'enracine également dans son enfance à Guadalajara, au Mexique. Dans ce qui n'est pas exactement une petite ville tranquille, le petit Guillermo est le témoin trop régulier de scènes violentes qui le marqueront profondément. En proie à des cauchemars lucides qu'il évoquera à la sortie du Labyrinthe de Pan, il développe très tôt une fascination pour le macabre et en vient par exemple à demander des racines de mandragore à Noël pour pouvoir s'essayer à des rituels de magie noire ! Pareil retour sur les jeunes années de Del Toro permet de saisir non seulement l'importance des monstres dans son univers mais également celle du thème de l'enfance qui y est souvent couplé. Le Labyrinthe de Pan convoquent la puissance des contes dans ce que ceux-ci ont de plus cruel - exposant des choix douloureux et des conséquences irréversibles -, de plus profondément ancré dans les méandres de l'inconscient collectif. Particulièrement dans Pan, le schéma traditionnel du film d'horreur s'en trouve inversé : le réel est destructeur et l'imaginaire - avec tout ce qu'il peut charrier d'effroi - devient le refuge. La créativité de Del Toro permet dans le défilement des créatures une escalade parfois étourdissante. La traduction française du titre (Le Labyrinthe du faune en espagnol) reprend d'ailleurs "le grand dieu Pan" d' Arthur Machen. Pan dont le petit peuple enlevait les enfants des humains... Un clin d’œil à Machen et son ”successeur” Lovecraft”, dont le fantastique de Guillermo del Toro est imprégné par son fantôme... Le panthéon de Lovecraft comporte de nombreuses créatures cosmiques, mais attache une importance particulière au mythe grec de Pan. La mythologie grecque a intéressé Lovecraft quand il était enfant, et particulièrement le mythe de Pan, qu'il a rencontré par ailleurs avec le livre de Machen. Le récit de Machen n'appartient pas au genre merveilleux, à cause de l'impression d'horreur dominante : il se trouve au carrefour entre le récit mythologique du dévoilement du dieu (révélation de l'Etre) et du texte fantastique (représentation de l'étrange). Mais il est propre à susciter chez Lovecraft (et donc chez Del Toro) le désir d'inspirer à ceux qui sont en contact avec ses entités les mêmes sentiments de "vénération et de peur" et cette "attitude d'écoute impressionnée" qu'il évoque dans l'analyse qu'il fait de l'oeuvre de Machen dans "Épouvante et Surnaturel en Littérature".
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