mercredi 23 mars 2022

Dernières actualités et quelques inspirations pour ma campagne - Marvel's Hit Monkey et Aleister & Adolf...

Cela fait quelques temps que je n'ai rien posté, mais une bonne crève qui m'a cloué pendant plusieurs jours (pas la Covid je vous rassure), mais une bonne fatigue quand même, plus pas mal de boulot à rattraper par la suite m'ont tenu éloigné de ce Blog et de notre campagne également, une partie était prévue mais j'ai préféré l'annuler. Bon j'en ai profité pour un peu bouquiner, regarder quelques trucs sur YouTube ou sur les plateformes et faire une partie de BioShock, il faudra que je revienne dessus l'un de ces jours car ce jeu a vraiment une ambiance très intéressante, il y a d'ailleurs un scénario très inspiré par ce dernier dans "Dans l'Empire du Lion", recueil d'aventures pour Mantra de Batronoban que j'ai justement relu après ma partie.




Mais là je vais vous parler de deux trucs qui m'ont bien surpris, une série sur Disney + : Marvel's Hit Monkey et une BD, Aleister & Adolf chez Vestron.

Marvel’s Hit Monkey est à l’origine un comic book imaginé par le scénariste Daniel Way et le dessinateur Dalibor Talaji. Il a été publié en ligne sur la plateforme Marvel Digital Comics Unlimited en avril 2010 avant de sortir dans les kiosques une semaine plus tard. Il est ensuite apparu la même année dans le comic book de Deadpool dans un arc en trois numéros avant d’avoir le droit à sa propre série limitée en trois volume.




Marvel’s Hit Monkey raconte comment un macaque japonais va se retrouver lié au fantôme de Bryce, un tueur à gage en bout de course qui va être assassiné devant ses yeux dans les Alpes japonaises. Terrible mentor avec un regard très cynique sur ce monde, il va le guider dans une quête de vengeance pour achever son ultime mission et aider Monkey à devenir celui qu’il devait être.

Le premier épisode démarre lorsque le tueur à gages Bryce Fowler assassine, dans la ville, un politicien progressiste et l’officier de police Ito. Mais il ne se tarde pas à se rendre compte qu’il a été trahi par son commanditaire, qui lui envoie ses sbires pour le zigouiller. Il parvient à les éliminer, mais est grièvement blessé. Parce que son clan est massacré par des assassins traquant Bryce, Hit-Monkey, un macaque en colère, décide de se venger des yakuzas responsables de cet acte et, accompagné par le fantôme sarcastique de Fowler, qui lui fait découvrir le monde des humains, il part pour Tokyo, alors en pleine élection du nouveau Premier Ministre japonais, afin de nettoyer les rues de la ville de la pègre qui l'envahit...




La première saison de Hit Monkey, en 10 épisodes de 25 minutes, est bien sympathique et permet de mettre en évidence ce personnage sortant vraiment de l’ordinaire.

L’œuvre se rapproche, notamment par le biais de certains des méchants que l’on y découvre, de l’univers de Daredevil. On y croise donc de nombreuses personnes qui font des apparitions plus ou moins importantes, dont une tueuse à gages vraiment très efficace et particulièrement mortelle, Lady Bullseye. Les autres protagonistes sont très bien interprétés et proposent une galerie de personnages sortant parfois de l’ordinaire. L’animation est parfois en dessous de celle d’animes récents, notamment japonais. Elle est toutefois très efficace et propose des séquences d’affrontement particulièrement spectaculaires et lisibles. Le design du singe est vraiment très réussi et celui-ci a une grande classe avec son costume et ses lunettes. Le fantôme a une belle apparence éthérée qui permet de voir ce qu’il se passe derrière lui. Et les supers pouvoirs de certains protagonistes rendent bien.Il y a un certain humour (Archer n'est pas loin et la ville de Tokyo (peuplée d'esprits (Yuki, le fantôme protecteur de la ville), de super-méchants (Lady Bullseye, le Silver Samuraï) et de caïds déglingués aux capacités surhumaines (Ogun, par exemple)) a aussi une grande importance dans les événements et sert de multiples lieux de rencontre entre le singe et ceux qui régulièrement veulent l’éradiquer. Il est amusant de voir comment le macaque communique avec les autres animaux, ce qui a parfois de l’influence sur le déroulement du récit, et permet de comprendre un peu mieux ce qui se passe dans sa tête. Une histoire qui n'oublie pas de se montrer plus sensible et émouvante entre deux gerbes de sang, des scènes d'action très violentes et un humour qui fonctionne : Monkey ne se sent pas à sa place chez les humains ou chez les singes, sa relation avec Bryce devient de plus en plus compliquée, il s'éprend vaguement de la nièce du candidat aux élections et lorsqu'il tente de renouer avec son espèce en partant dans les montagnes, il n'amène avec lui que violence et désolation.




J'ai trouvé cette série assez distrayante et elle m'a ramené à d'autres (pas dans l'histoire et les thèmes mais un peu dans l'esprit) comme Seis Manos ou Trese ou encore au film Wolverine : Le Combat de l'immortel. Le genre de truc que j'aime bien où des personnages se retrouvent à vivre des aventures bien tarées à milles lieux de leur quotidien, à savoir que là, en plus c'est un singe. Le type de concept que j'aime à imaginer pour mes PJ.

Autre sujet, la lecture de cette BD qui traînait depuis plusieurs mois sur mes étagères et que je n'avais pas encore ouverte : Aleister & Adolf. Reconnaissons que le titre fait un peu peur au premier abord mais on est intrigués dès la couverture par l’univers étrange que les artistes nous proposent. L’histoire démarre comme une intrigue policière même si, dès les premières pages, on sent bien que quelque chose cloche. Le jeune graphiste Hugh bosse dans la pub sans trop de conviction jusqu’à ce qu’un logo récalcitrant le pousse aux archives où il fait des recherches et tombe sur un vieil archiviste plus qu’étrange. Le logo sur lequel Hugh fait des recherches l’amène dans un univers auquel il ne s’attendait pas : les camps de la mort nazis.




Aleister & Adolf part donc d'un accident informatique sans conséquence au sein d'une société fictive du nom de Viceroy : sur un document, le graphiste ne parvient pas à insérer le logo de la compagnie, comme si ce-dernier refusait de se laisser faire. Des archives, le jeune homme est orienté vers un vieil homme responsable de l'adoption de ce symbole, Roberts, un vieillard aux portes de la mort et ancien vétéran de la Seconde Guerre Mondiale. Ce-dernier va expliquer au graphiste l'origine du logo, en revenant à ses jeunes années aux côtés d'Aleister Crowley en marge d'une bataille des symboles entre les Etats-Unis et le IIIème Reich.

Le comics prend la forme d'une fiction spéculative à la Hellboy, en reprenant quelques idées emblématiques de l'oeuvre de Mike Mignola. En l'occurrence, le principe fondateur de l'histoire veut que les nazis étaient eux-mêmes adeptes des sciences occultes à la recherche de symboles, ou d'artefacts religieux (la Lance de Longin) censés galvaniser la puissance des armées. Roberts est alors un simple photographe de guerre attaché au régiment du général George Patton, envoyé en Angleterre à la rencontre d'Aleister Crowley pour fomenter un réseau de contre-propagande mystique. Le but des deux hommes est, au départ, de manipuler les loges de fanatiques nazis en concoctant de fausses prédictions sur un principe de course au renseignement - Crowley devient alors le Alan Turing du monde des esprits et des astres - puis de bâtir un symbole rival à la Svastika qui permettrait à l'armée alliée de surplomber Adolf Hitler et sa clique. Les lecteurs qui n’auraient aucune notion du sujet seront sans doute un peu perdus dans un premier temps car les auteurs glissent de nombreuses références historiques, mythologiques et magiques dans leur récit et dans leurs pages. Dès les premières planches, à côté des logos de Shell ou Peugeot, on aperçoit une affiche d’un film de Kenneth Anger – Hollywood Babylon – un réalisateur fasciné par l’occultisme. Quant à la lance de Longin, elle est un des fils rouges de l’histoire et rappelle la fascination des nazis pour les artefacts christiques auxquels ils prêtent des vertus magiques. Le lecteur fera vite le parallèle avec deux des films de la série Indiana Jones dans lesquels les nazis tentent de faire main basse sur l’Arche d’alliance ou le Graal.

Toutefois, il est bon de rappeler qu'Aleister & Adolf s'appuie sur un mensonge connu de la fiction révisionniste, déjà largement utilisé dans Hellboy, avec ses Kroenen, Raspoutine et son projet Ragna Rok par exemple. Une théorie qui veut que les nazis auraient entretenu leurs propres temples, leurs propres paraboles, leurs propres rites interdits, aujourd'hui largement réfutée par les historiens. Le discours construit par la propagande du pouvoir en place, avec ses référents scandinaves ou antiques, et quelques croyances individuelles de certains hauts gradés a effectivement pu laisser place au doute. La fascination contemporaine pour ce front supposément occulte de l'armée nazie, authentique corne d'abondance des auteurs de fiction, s'appuie surtout sur les convictions personnelles d'Heinrich Himmler.

Le bras droit d'Adolf Hitler entretenait effectivement une passion sincère pour l'emploi des runes, le rôle des symboles dans la construction de l'identité nazie, et certaines superstitions pas forcément bien vues dans l'entourage du Führer. Espérant faire des Schutzstaffel ("S.S.") un équivalent moderne des Chevaliers de l'Ordre Teutonique, celui-ci habillera les soldats de symboles nordiques ou germaniques. La Svastika, représentation d'une croix solaire provenant de cultures indo-européennes plus anciennes, deviendra surtout l'emblème du nazisme par effet d'appropriation culturelle.

Le récit bascule ensuite très vite dans l’occultisme quand Roberts rencontre Aleister Crowley, une des figures majeures de ces mouvances multiples et que l’on considère parfois comme le père du Satanisme – son surnom est d’ailleurs "la Bête" en référence à l’Apocalypse de Saint Jean. Et là encore, une bonne connaissance du sujet aidera mieux à comprendre les multiples références glissées à la fois dans le récit et dans les planches. On sent une excellente maîtrise du sujet par les auteurs qui placent toutes les facettes de la vie de Crowley, de son pangermanisme datant de la Première Guerre mondiale à ses liens avec les occultistes allemands, sa dépendance à la mescaline, ses rituels sataniques et inspirés de l’Egypte ancienne, sa société de Théleme ou sa rencontre avec Ron Hubbard, le père de la scientologie… Aux côtés de Crowley, on retrouve des figures importantes des services secrets britanniques : Ian Fleming, le créateur de James Bond et Maxwell Knight, du MI5 qui a inspiré la figure de 007. On croise évidemment quelques nazis et notamment Rudolf Hess, qui, tout comme Himmler, était féru d’occultisme.

Le propos de ce récit est de démontrer combien les signes, les symboles peuvent avoir une influence majeure sur les grands faits historiques. On part évidemment dans des propos mystiques auxquels on n’est pas forcés d’adhérer mais la démonstration est intéressante : la svastika étant un symbole fort, alimenté par la souffrance, tandis que le V de la Victoire en est l’opposé. Là encore, chapeau aux auteurs qui se sont documentés sur les origines de ces symboles et en proposent une genèse que les biographes de Crowley ne renieraient pas.




Par delà une histoire de semi-fiction, Douglas Rushkoff demande au lecteur de réfléchir à ce qui l’entoure : les marques utilisent des logos qui influencent notre vie de manière pernicieuse. Il nous propose donc de voir au delà des apparences et de comprendre qu’il existe des forces, occultes ou non, dont le but est la manipulation des esprits. Evidemment, évoquer le nazisme et les millions de morts qu’il a entraîné dans son sillage pour montrer la dangerosité de certains symboles et des techniques de marketing peut paraître quelque peu excessif mais, quand on y songe, les régimes autoritaires sont sont également implantés grâce à des techniques de propagande et de manipulation des masses, l'actualité récente en est une preuve.

Si on doit évoquer l’aspect graphique, je dirais que Michael Avon Oeming domine parfaitement son sujet. Le choix d’un récit en noir et blanc renforce l’aspect noir et un peu effrayant du titre. Oeming varie les techniques pour varier les ambiances : il utilise le tramé lorsqu’il lance son jeune graphiste dans une enquête ou les fonds aquarellés pour les rituels ésotériques. Ses personnages sont tous quelque peu inquiétants et Oeming réutilise avec science les images connues d’Aleister Crowley et glisse avec malice des références occultes dans ses planches. Au lecteur de les dénicher !




Si le titre, Aleister vs Adolf, peut faire effrayer un lecteur frileux, l’ambiance générale et les références historiques, ésotériques et les clins d’œil à la culture pop font de ce récit une lecture passionnante et angoissante. Si décrypter les références peut paraître un peu complexe au néophyte, Douglas Rushkoff fait de son ouvrage un véritable parcours initiatique qui permet à chacun de s’initier au sujet et de pénétrer un peu dans le monde de l’occulte. L’ambiance générale est sombre et s’accorde parfaitement au contenu de cet étrange ovni dans le paysage des comics.

Si je parle de ces deux œuvres, c'est que je trouve qu'elles ont toutes les deux un potentiel intéressant pour des aventures dans mon Multivers, l'une plus axée sur l'action (mais aussi l'enquête pourquoi pas) et l'autre sur un aspect mystique/ésotérique. Elles trouveraient bien leur place dans les ambiances vers lesquelles je veux orienter ma campagne, monde virtuel où nos PJ sont en fait des avatars, ou réminiscences, nos PJ pourraient se retrouver l'espace d'une aventure incarnés dans des animaux ou des anthropomorphes, ou revivre des incarnations passées au temps de la WW2 où ils se retrouveraient dans un combat mystique du type d'Aleister & Adolf, que ce soit dans des rêves, dans la matrice, dans une autre dimension...??? Il y a matière à faire quelques scénarios avec ces œuvres là.

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