vendredi 17 juin 2022

Hélène Smith : la médium qui a parlé aux martiens

Je me suis replongé dans le Dictionnaire visuel des mondes extra-terrestres que je trouvais être une bonne source d'idées pour Troika! ou Hypertelluriens et je suis tombé sur une page consacrée à Hélène Smith dont j'ai trouvé l'histoire plutôt intéressante à introduire comme matériel de jeu.




Hélène Smith est le nom d'emprunt sous lequel la médium suisse Catherine Élise Müller (née le 9 décembre 1861 à Martigny et morte le 10 juin 1929 à Genève) a été rendue célèbre, sous la plume du psychologue Théodore Flournoy.



Biographie :

Fille d'un marchand hongrois, elle travaille comme employée dans une maison de commerce. Elle découvre le spiritisme fin 1891 et joint un cercle spirite, au sein duquel elle commence à montrer des capacités de médium en 1892, disant communiquer avec Victor Hugo puis Cagliostro. Elle devient rapidement connue à Genève où le psychologue Flournoy fait sa connaissance.

La médiumnité visuelle, auditive et typtologique (par coups frappés) de Müller change alors, et elle plonge dans des transes somnambuliques avec glossolalie dont elle ne se rappelle rien. Elle écrit de grands cycles où elle revêt des personnalités différentes (cycles martien, ultramartien, hindou ou oriental, royal). Elle recueille notamment des textes en martien qu'elle transcrit en français, développant ainsi une forme d'écriture automatique, ou psychographie.

La médium et le psychologue sont très liés jusqu'en 1899, lorsque Des Indes à la planète Mars, le livre de Flournoy qui étudie, avec l'apport de linguistes tels que Ferdinand de Saussure, le cas d' "Hélène Smith", paraît pour la première fois. Élise Müller se sent incomprise et s'éloigne de Flournoy. En 1900, Mrs Jackson, une riche spirite américaine impressionnée par la médium, lui offre une rente à vie qui lui permet de quitter son travail et de se consacrer à ses visions. Elle développe d'autres cycles, et peint de plus en plus, notamment des images religieuses autour du Christ.

Elle a inspiré les surréalistes, qui en ont fait une des figures du jeu de cartes appelé Jeu de Marseille et réalisé en 1940. Hélène y apparaît dessinée en Sirène de Connaissance par Victor Brauner.

Il y a quelque chose d'intéressant avec les facultés psychiques d'Hélène Smith, par exemple, dans son cycle martien, elle visite la planète Mars, décrit ses paysages, sa flore et sa faune, ses habitants, elle parle et écrit en martien, langue dont elle maîtrise l'alphabet et développe la syntaxe, elle réalise également de magnifiques aquarelles médiumniques martiennes.




Elle décrirait son "vol dans l'espace", arrivant dans un paysage d'habitants désincarnés, morts depuis longtemps, "des voitures glissant, sans chevaux ni roues mais émettant des étincelles", "des maisons avec des fontaines sur le toit", et les hommes et les femmes s'habillaient presque de la même façon. Pour accompagner ces habitants martiens, il y avait "des créatures ressemblant à des chiens avec des têtes qui ressemblaient à des choux qui non seulement allaient chercher des objets pour leurs maîtres, mais prenaient aussi la dictée".




Cependant, c'est l'écriture martienne d'Hélène qui est la plus intéressante.

Ce langage viendrait à Hélène dans une variété d'hallucinations, à la fois auditives et visuelles, et à travers des visions, lui montrant comment écrire les symboles extraterrestres.

Sa langue martienne a longtemps été étudiée dans le domaine de la linguistique comme une forme de "tendance héréditaire à la glossolalie". Alors que la langue maternelle d'Hélène était le français, elle connaissait bien le hongrois, l'espagnol, l'italien et l'allemand, avec une connaissance rudimentaire du latin, de l'anglais et du grec. Sa langue martienne, tout en ayant l'air vraiment extra-terrestre, a été disséquée par Flournoy et le linguiste suisse Ferdinand de Saussure et décrite comme étant une langue dérivée de l'idiome français. En bref, le Martien d'Hélène était comme un code français, chaque symbole se rapportant à une lettre française, avec des règles grammaticales françaises similaires.





Après la découverte de ces racines françaises, Hélène a ensuite créé une deuxième langue martienne plus complexe, que Flournoy a qualifiée de partie du "cycle ultra-martien", relative à une langue d'une planète plus éloignée que mars. L'encyclopédie PSI de la Society for Psychical Research explique que "le langage ultra-martien" était plus complexe, les habitants ultra-martiens étaient plus grotesques que ceux de Mars, ce que Flournoy interpréta comme une réponse inconsciente d'Hélène à son scepticisme envers ses descriptions naïves de la beauté de la vie sur Mars.

Des Indes à la planète Mars détaille donc le contact du médium avec Mars et certaines de ses autres "visites" avec d'autres entités du monde. Je trouve que c'est le matériel parfait pour imaginer différentes pistes de jeu, un culte des étoiles par exemple dont le médium serait le gourou. Ou alors il serait exploité par un esprit malveillant ou illuminé qui utiliserait les voyages psychiques du médium pour créer un culte autour de lui, dans quel but ? L'enrichissement personnel ? Secte apocalyptique ? Préparation le terrain à une invasion des étoiles ??? On pourrait aussi envisager cela comme un projet parallèle pour un sorcier recherchant des secrets anciens dans les étoiles... Une grande partie du matériel ici est envisageable pour n'importe quel paysage OSR extraterrestre étrange. Plus proche de mes préoccupations du moment, il y a là une formidable accroche pour introduire une expédition martienne avec Hypertelluriens. En fait un cas comme Hélène Smith peut tout simplement être introduit dans un nombre incalculable de jeu de SF et d'occulte avec une touche rétro.


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