mardi 28 juillet 2020

Monster from Lake Tagua (South American School, 18th Century) - une amorce d'idée pour Lamentations of the Flame Princess...

Artist : Anonymous-South American (18)
Title : Monster from Lake Tagua
Medium : oil on canvas




Cette huile représente un monstre qui hanterait le lac Tagua au Chili, j'avais publié un Post dessus juste pour présenter l'image que je trouvais sympa à l'époque, en parcourant tous mes anciens articles pour rafraîchir un peu mon Blog, je suis tombé dessus et j'ai eu envie d'approfondir et développer un peu autour de cette créature. Il y a en effet au Chili, le parc Tagua Tagua, qui est une zone protégée d’environ 3000 ha et où se situe le lac du même nom.


Parc Tagua Tagua, avouez que l'on y imaginerait bien un monstre dans les parages.


Mais en consultant Wikipédia, j'ai aussi trouvé le monstre du lac Fagua qui est une créature lacustre imaginaire, présentée comme réelle sur plusieurs estampes vendues à Paris en octobre 1784.


Harpie mâle, monstre amphibie vivant, pris dans l'Amérique méridionale, province de Chili, en sortant du lac de Fagua, pas de doutes c'est la même créature que sur l'huile. Auteur inconnu — Description historique d'un monstre symbolique, pris vivant sur les bords du lac Fagua..., Paris, 1784


Le 19 octobre 1784, une estampe représentant un monstre est mise en vente, pour 1 livre et 4 sous, chez la dame Boutelou, rue Saint-Hyacinthe, à Paris.

Cette gravure rencontre un grand succès auprès des amateurs, comme en témoigne la diffusion de nombreuses représentations de la même créature par d'autres éditeurs parisiens, tels que Jean-Marie Mixelle, Esnauts et Rapilly, Bevallet et les frères Le Campion. Certaines d'entre elles portent la signature des graveurs Devere et Noipmacel (anagramme de Le Campion). Le graveur suisse Marquard Wocher en réalise une version, tandis qu'une autre, accompagnée d'une légende bilingue en français et en allemand, est même vendue à Augsbourg, chez Johann Martin Will.


Gravure réalisée et vendue par Le Campion.


Le public parisien, alors friand de curiosités nouvelles, telles que le magnétisme animal et les expériences aérostatiques, se passionne pour le monstre. L'engouement pour cette « harpie » est tel qu'il inspire de nouvelles fantaisies aux coiffeurs des élégantes, qui appréciaient alors les coiffures extravagantes. Hoffmann, poète aux Petites Affiches de l'abbé Aubert, a évoqué cette mode dans un épigramme moqueur.


Élégante coiffée « à la harpie ».


Description

La légende de l'estampe de Boutelou explique que la créature, apparentée à l'espèce mythique des harpies, aurait été trouvée « au royaume de Santa Fe, au Pérou, dans la province du Chili, dans le lac de Fagua, qui est dans les terres de Prosper Voston » et en donne la description suivante : « Sa longueur est de onze pieds [soit plus de 3 mètres] ; la face est à peu près celle d'un homme ; la bouche est aussi large que la face ; elle est garnie de dents de deux pouces [environ 65 centimètres] de longueur. Il a deux cornes de 24 pouces de long qui ressemblent à celles d'un taureau ; les cheveux pendant jusqu'à terre ; les oreilles ont quatre pouces et sont semblables à celles d'un âne ; il a deux ailes comme celles de chauve-souris, les cuisses et les jambes ont 25 pouces ; il a deux queues, l'une très flexible, dont il se sert pour saisir la proie ; l'autre, qui se termine en flèche, lui sert à tuer ; tout son corps est couvert d'écailles ».


Capturée, la harpie est conduite vivante à la cour d'Espagne (gravure d'Esnauts et Rapilly).


La même légende raconte que le monstre sortait du lac pour dévorer de nombreux bovins et cochons, avant d'être capturé et conduit vivant au vice-roi, qui l'aurait fait expédier à la cour d'Espagne. Ce spécimen étant un mâle, le vice-roi aurait également ordonné de capturer une femelle afin de perpétuer l'espèce.


Interprétations

Une partie du public semble avoir pris les gravures au sérieux. L'un des chroniqueurs du Journal politique de Bruxelles (supplément du Mercure de France) signale cependant le caractère totalement fantaisiste des indications géographiques accompagnant les estampes et note que l'existence du monstre est douteuse, les papiers espagnols n'en faisant aucune mention. Un autre chroniqueur, dans la Gazette de santé fait remarquer que le nom du lac de Fagua semble dériver du verbe grec φάτνη (« manger ») et faire ainsi allusion à la voracité de la bête. Le même auteur écrit avec malice que ceux qui liraient la description du monstre comme « emblématique » pourraient avoir le fin mot de l'énigme.

Ce caractère allégorique est confirmé par le titre d'un opuscule publié à Paris la même année que les gravures, Description historique d'un monstre symbolique.... L'ouvrage, anonyme, est attribué au comte de Provence Louis Stanislas Xavier de France (futur Louis XVIII), frère du roi Louis XVI. Le vice-roi ayant fait capturer le monstre y est en effet nommé Francisco Xaveiro de Meunrios. Or, ce dernier nom est une anagramme évident de « Monsieur », appellation du comte de Provence en tant que frère puîné du roi. Cependant, le style plutôt lourd et maladroit de ce pamphlet peu subtil a fait douter plusieurs auteurs de l'attribution au comte de Provence, et ce dès février 1785, comme en témoignent les Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la République des Lettres.


Monsieur, comte de Provence (futur Louis XVIII).


Selon ce dernier ouvrage, la harpie serait une caricature du contrôleur général des finances Charles-Alexandre de Calonne, dont le comte de Provence blâmait la politique, qu'il jugeait destructrice pour le budget du royaume et contre laquelle il intriguait. L'allusion est appuyée, dans le pamphlet, par le récit d'un prétendu témoin affirmant que le monstre aurait ravagé la Lorraine puis la Flandre avant de se réfugier en Amérique du Sud. Or, Calonne a été intendant de la généralité de Metz puis de celle de Lille avant d'être nommé contrôleur général des finances.


Charles-Alexandre de Calonne, contrôleur général des finances.


L'historienne Annie Duprat, qui a décrit les estampes du monstre du lac Fagua, y a vu une caricature de la reine Marie-Antoinette. Cette seconde interprétation, non avérée en 1784, est attestée quelques années plus tard, en 1789, avec une caricature révolutionnaire anonyme intitulée Mme *** Laspict. Celle-ci représente la reine affublée du corps de la harpie et déchirant de ses griffes la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ainsi que la Constitution.


Mme *** Laspict (caricature de Marie-Antoinette, 1789).


Moi ce type d'histoire me laisse imaginer à jouer une partie à cette époque, ou un peu plus loin dans le passé, avec une enquête qui amènerai les PJ au sein de la noblesse où une mystérieuse créature meurtrière sévie, avec un soupçon de sorcellerie, de gore, de sexe et de cultes bizarres, je verrai bien là l'amorce d'un scénario pour Lamentations of the Flame Princess par exemple... On pourrai partir du postulat du canular, qui en fait reflèterait une cruelle vérité, le peuple serait au courant mais n'oserai pas évoquer cette horreur et les PJ, arrivant dans la région seraient mandatés par "un parti" pour enquêter et mettre à jour la vérité, après il faut broder... Il faut rajouter une petite dose de choix moraux (le MJ du club qui nous fait jouer à Lotfp nous met devant ce type de choix à quasiment toutes les parties) ce qui donnerait le petit plus de perversité nécessaire à l'intrigue. Bon je vais essayer de creuser un peu plus dans mes prochains Post...


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