mercredi 25 mars 2020

Simple et basique, dans Jeu de Rôle il y a JEU...

Pourquoi je me raccroche à mes bonnes vieilles règles Basic D&D avec quelques ajouts très simples pour alléger certains aspects du système. C’est un fait, je me fais chier à lire des règles de Jdr. Ne parlons même pas de les apprendre. C’est pour cela que je privilégie l’achat d’ouvrages où il y a beaucoup de background, sinon le bouquin restera sur une étagère et ne sera probablement jamais ouvert. Après j’aime l’objet en lui même et il aura toujours un attrait décoratif. Mais rien que l’idée de me farcir des bouquins de 300 pages de règles, non je passe mon tour. 300 pages, pourquoi pas, mais au prix où sont vendus ces dits bouquins, j’ai envie de lecture et de rêves moi, alors il faut au moins que la moitié de l’ouvrage me fasse voyager et désolé ce n’est pas la création d’un personnage où les attributs de classes ou telle règles de combat qui me font me plonger dans un univers (dans les faits nous n'utilisons même plus les fiches de PJ et nous soucions des XP ou des passages de niveaux comme notre dernière chaussette). Pas non plus du background inutile, je me fout de savoir si telle forêt côtoie tel marécage ou si dans tel village on cultive ça où ça... Je veux du background fourni mais pas en détails que je juge inutiles, je veux des grandes lignes, des faits épiques, de sombres secrets, des monstres, des PNJ notables et intéressants, pour les détails de moindres importances mon imagination est suffisamment féconde pour en trouver tout seul. Pour les jeux adaptés d’œuvres connues, pas besoin de background supplémentaires si c’est pour ressasser des faits connus de tous pour peu que l’univers vous attire, et il vaut mieux aller puiser dans les sources non rolistiques souvent mieux écrites et plus intéressantes. Pour les univers originaux, pourquoi éparpiller les choses dans des tonnes de suppléments dispensables au milieu de toujours plus de règles rebutantes. Non pour moi un jeu est fait pour s’amuser, de rôle ou non. Des règles simples, pas simplistes mais simples pour gérer les bases nécessaires. Et du background fourni, pas de pleins de détails dont au final on se moque pour remplir à tout prix, non des grandes lignes qui permettront à chacun de rajouter à sa guise des aspects qui lui plaisent. Après j’aime aussi les détails parfois insipides ou les feuilles de PJ ultra fournies en compétences inutiles, mais pour moi, pour faire travailler mon imagination, pas pour alourdir des parties et perdre du temps sur le jeu en lui-même. Quelques tables aléatoires, des bestiaires fournis et quelques éléments du genre sont parfois suffisant aussi pour permettre d’imaginer un monde. Bref règles simples et basiques, grandes ligne directrices, imagination et faites rouler les dés... Des fois j’ai l’impression que les gens ne sont pas capables de faire preuve eux-mêmes d’imagination et qu’ils ont à tout prix besoin qu’on leur fournisse un univers de jeu, un cadre clé en main ??? Étrange...




Moi, j’ai peaufiné un système à base de D&D basic a l’ancienne coupler à des règles d’escarmouches simples, je peaufine régulièrement mon système pour y rajouter des possibilités supplémentaires mais sans l’alourdir, je teste, D6 par ci, Basic Roleplay par là... Je prends et teste ce qui m’intéresse (en ce moment, suite à des articles de Yann sur son Blog par exemple je teste des idées à base de FATE ou encore des dés d'usage), mais je garde mon squelette de base pour rebondir rapidement si ça coince. Mais ce n’est pas un frein, on joue et on imagine, on se plonge dans mes aventures souvent improvisées d’ailleurs, les décors et figurines qu’on utilisent souvent permettent de visualiser un brin de mon univers, sinon j’explique les grandes lignes et le contexte qui va bercer telle ou telle aventure. Et ça fonctionne on ne perd pas de temps la tête dans des manuels au lieu de jouer, de parler, de faire vivre une aventure aux PJ incarnés. Pour résumer, si malgré des tentatives d'essayer d'assimiler des manuels de règles "modernes", je me tourne au final toujours vers mes bonnes vieilles règles Old-School, avec des petites adaptations ici et là, c'est aussi parce que ces règles, je les connais et elles me permettent de jouer pour le fun et dans la simplicité, certes l’aspect nostalgique du mouvement « Old School » n’est pas à négliger et si l’on ne peut nier qu’il concerne d’abord et avant tout des rôlistes d’un âge déjà mûr, tout comme le mouvement similaire que connaît actuellement le monde des jeux vidéos (le « retro-gaming » dont je suis aussi fan), cette explication n’est pas suffisante, car il nous faut constater que certains rôlistes férus de rétro-clones jouent finalement à des jeux qui sont antérieurs à leur date de naissance. Ces jeux de rôle à l’ancienne peuvent en fait intéresser les jeunes joueurs, j'en ai pour preuve mon fils et ses potes qui veulent du fun et adorent cet aspect rétro qui ne fait pas parti de leur culture des années 2000 / 2010 et ceci, pour plusieurs raisons :

1) Comprendre les origines du jeu de rôle, mon fils par exemple est très demandeur, de même que pour les jeux vidéos, les comics... Qui a accès à l’une des boîtes (blanches) originales des règles de D&D ? Presque personne. Et pourtant, il est toujours intéressant de se replonger aux source d’un domaine, quel qu’il soit, pour en comprendre l’évolution. On peut donc, grâce à ces rétro-clones ou mes vieilles boîtes, redécouvrir des « grands anciens » aujourd’hui épuisés, introuvables du fait de la politique de Wizards of the Coast ou vendus à un prix prohibitif sur les sites aux enchères.

2) Se plonger dans le passé. Il y a toute une atmosphère à se confronter à des produits presque entièrement en noir et blanc, sans mise en page complexe (deux colonnes, une seule police de caractères), des produits qu’il faut s'approprier, parfois réécrire. On peut aussi regretter « le bon vieux temps » des premiers donjons, celui des « Porte-Monstre-Trésor », si binaires mais si simples et finalement si amusants. Se plonger dans le passé des jeux, mais également celui des mondes, inventés ou non pour le jeu : connaître la teneur des premières campagnes pour Greyhawk (ah, Le Temple du mal élémentaire !), ou celle de Dragonlance (Lancedragon en français), qui a correspondu, de manière concomitante, à l’écriture de cet univers par ses auteurs, ou encore des premiers modules basic, avec leurs salles mises à la suite sans trop de logique, mais avec un contenu (monstres, trésors) que les MD (Maîtres de Donjon !) devaient définir...

3) Jouer de manière simple ! Ce que l’on ne pourra jamais enlever à ces jeux originaux est qu’ils étaient (sont) précisément — et avant tout — des jeux, avec des énigmes tordues, des mystères, des défis résolus par des jets de dés ou simplement par la déduction, etc.., là où, pendant une bonne décennie (1990-2000 pour faire simple, les dégâts se font encore sentir quand je regarde nombre de jeux), les jeux de rôle ont progressivement quitté cette dimension ludique pour prendre parfois celle de la « prise de tête » avec son vocabulaire d’initié, qui a fait fuir toute une génération d’un passetemps qui nous est pourtant tellement cher — et, encore pire, par esprit de sectarisme. Faire compliqué n’est pas toujours, si je puis me permettre, un gage d’intelligence, c’est même parfois le contraire. Et l’on a oublié, pendant longtemps, dans une certaine mesure, le « fun » : le but premier d’un jeu de rôle (passe-temps dans lequel on trouve le terme « jeu », tout de même…), c’est de s’amuser. Et d’inventer ensemble. Par leurs règles légères, qui ne « règlent » jamais tout, parce qu’on ne peut jamais tout régler, ces jeux à l’ancienne favorisent énormément l’imagination. Dans l’un des tous premiers numéros de Graal (n°2, 1987), défunte revue des années 1980, Jean-Marc Zaninetti, dans un article manifeste intitulé « Point de vue d’un ancien du jeu de rôle, ou on en revient toujours à AD&D », décrivait l’infinité de possibilités qu’avait ce jeu original par rapport à tous les autres (de l’époque, bien sûr, mais cela a-t-il changé ?) : « Depuis, je n’ai plus joué qu’à AD&D […]. Qu’il soit “Oriental” ou traditionnel, AD&D est le seul JdR qui ait retenu mon attention. Je me suis beaucoup interrogé là-dessus et crois avoir trouvé une réponse. […] La réponse tient à une forte usure des nouveaux jeux, qu’ils soient en Français ou en Anglais. À moins d’être un MJ sans imagination qui se contente de faire jouer les souvent bien médiocres productions du commerce ou des revues spécialisées, on se heurte très vite, en tant que concepteur de scénario, à une crise d’imagination ou de réalisation pour les jeux nouveaux. La cause en est je crois les restrictions apportées par ces jeux au champ d’imagination du MJ. »




C’est d’ailleurs ce côté fourretout qui en fait un des vecteurs majeurs du jeu d’imagination. Les jeux de rôle « Old School » remplissent donc leur office de source de plaisir, d’initiation, de développement donc du jeu de rôle en général. Voilà pourquoi je préfère au final acheter des ressources avec des idées pour agrémenter mon Multivers, et que je trouve ces idées bien plus souvent dans des romans, des BD, des animés... Que dans des bouquins aux prix prohibitifs farcis de règles qui ne m'intéressent pas ou peu et que je n'aurai jamais le courage de lire, et ce n'est pas un manque de volonté ou d'intelligence accrue, c'est juste la raison qui parle, quand je joue à un Jdr, je joue, je ne suis pas là pour décrypter des manuels aussi rebutant à lire qu'une revue de brevets scientifiques.

2 commentaires:

  1. Comme d'habitude, je te rejoins sur de nombreux points, qui sont en fait résumés dès le titre de ton article : le JEU. Moi aussi, je JOUE au JdR, avec des petits bonshommes en plomb (tu as déjà écrit un article à ce sujet d'ailleurs). Je finalise justement un article (parmi beaucoup d'autres...j'aimerais être aussi prodigue que toi) sur ma façon de concevoir le jeu old school dans Warhammer le Jdr.

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    1. Oui c'est clair, moi je joue pour le fun et pour le jeu, et pour le hobby aussi, voir des figurines sur la table et vivre l'aventure au travers d'elles, ça me fait plus délirer que passer ma partie la tête dans des livres de règles ou des tables... Je te rassure, en ce moment je suis très productif sur le Blog mais c'est à cause de la grosse baisse d'activité liée au confinement, je suis travailleur indépendant et toutes mes missions ont été gelées pendant le confinement et là, ça repart mais doucement, les clients sont timides vu qu'eux mêmes ne savent plus trop où ils vont... Donc ça me laisse pas mal de temps libre entre quelques bouts de projets et un peu de prospection pour m'occuper de mes loisirs.

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